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vendredi 7 juin 2019

Une semaine en Centrisme. L’«effet programme commun» joue à l’envers en faveur d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron
Lorsque le Parti socialiste dirigé par François Mitterrand a décidé d’une alliance avec le Parti communiste en signant un Programme commun de gouvernement en 1972 (stratégie qui s’est révélée payante pour le PS et lui-même), les centristes mais aussi beaucoup de personnalités de centre-gauche n’ont pas accepté cette décision et ont décidé de s’allier avec la Droite face à la menace qu’un parti extrémiste d’essence totalitaire n’arrive au pouvoir.
Ce qui aboutira, après la victoire de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, à une coalition et, surtout, à la création de l’UDF pour les législatives de 1978 remportées par la majorité présidentielle d’alors.

On est sans doute en train d’assister au même phénomène à droite.

Avec la montée en puissance de l’extrême-droite représentée dorénavant par le RN et auparavant par le FN, nombre de centristes et de personnalités de centre-droit, ne veulent pas être les complices de la dérive radicale de LR que portait jusqu’à sa démission Laurent Wauquiez et qui faisait du parti de droite de plus en plus un clone du RN sur nombre de positionnements mais aussi de plus en plus, dans un avenir plus ou moins proche, un allié potentiel de ce dernier.

«Trop c’est trop» disent nombre de représentants de centre-droit et de la droite libérale qui préfèrent une alliance avec le Centre représenté par l’alliance LREM-MoDem qui forme la majorité présidentielle qui soutient Emmanuel Macron.

Si beaucoup d’entre eux ainsi que leurs électeurs se tournent vers le Président de la République, ce n’est pas parce qu’il est devenu un homme de droite comme se plaisent à le présenter ses adversaires de gauche mais bien parce qu’il tient le lieu central de la politique avec sa coalition qui représente ce que nous avons défini ici depuis quelques années comme le fameux «axe central» réunissant les libéraux de droite, les libéraux sociaux du centre et les sociaux libéraux de gauche (tous les défenseurs intransigeants de la démocratie républicaine libérale).

Cet axe central est directement issu de la montée des extrêmes et des populistes tant à gauche qu’à droite et aux potentielles alliances qu’ils pourraient faire avec les partis classique de droite et de gauche.

C’est pour cela que beaucoup d’élus et de personnalités de centre-gauche avaient rejoint Emmanuel Macron en 2017 face à la montée en puissance des «frondeurs» au Parti socialiste et du Front de gauche (devenu la France insoumise).

Ce même mouvement se réalise maintenant à droite depuis la défaite à la primaire LR lors de la présidentielle de 2017 d’Alain Juppé face à François Fillon qui représentait déjà un virage vers la droite radicale de la formation de droite, virage qui s’est accentué de manière dramatique avec l’élection de Laurent Wauquiez à tête.

Quant à savoir s’il s’agit d’une recomposition politique (progressistes contre populistes, axe central contre extrémismes…), il est trop tôt pour le dire.

En 1972, il semblait bien que le nouveau paysage politique avec, d’un côté, le PS et le PC, de l’autre les gaullistes (ce qui deviendrait le RPR) et les centristes avec les droitistes libéraux (ce qui deviendrait l’UDF), serait une permanence.

Or, si ce duo a fonctionné, bon gré mal gré, pendant plus de quinze ans, il connu ses premières failles avec la lente mais constante montée en puissance d’un troisième larron, le Front national, mais aussi dans le délitement d’alliances qui n’avaient plus grand-chose à voir avec la réalité politique du moment.

Ce qui a permis, par exemple, à François Mitterrand de se faire réélire en 1988 avec un positionnement au centre-gauche, la promesse durant sa campagne présidentielle de nommer Michel Rocard, le réformiste assumé, comme Premier ministre et d’ouvrir sa majorité au centre.

Le mouvement qui est en train de s’enclencher après la déculottée de LR couleur Wauquiez aux européennes n’est donc qu’un nouvel épisode d’une recomposition commencée après la défaire d’Alain Juppé et la montée en puissance d’Emmanuel Macron en 2017.

On se gardera de dire, pour l’instant, s’il réussira à coup sûr ou s’il est un phénomène profond et de long terme mais c’est vrai qu’il possède intrinsèquement ces deux caractéristiques.

L’appel de maires de droite et de centre-droit (venus de LR, de l’UDI ou non-encartés) qui doit être bientôt lancé en faveur d’un soutien à Emmanuel Macron en est une nouvelle preuve.



Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC


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