Emmanuel Macron |
Ce
qui aboutira, après la victoire de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, à une
coalition et, surtout, à la création de l’UDF pour les législatives de 1978 remportées
par la majorité présidentielle d’alors.
On
est sans doute en train d’assister au même phénomène à droite.
Avec
la montée en puissance de l’extrême-droite représentée dorénavant par le RN et
auparavant par le FN, nombre de centristes et de personnalités de centre-droit,
ne veulent pas être les complices de la dérive radicale de LR que portait
jusqu’à sa démission Laurent Wauquiez et qui faisait du parti de droite de plus
en plus un clone du RN sur nombre de positionnements mais aussi de plus en
plus, dans un avenir plus ou moins proche, un allié potentiel de ce dernier.
«Trop
c’est trop» disent nombre de représentants de centre-droit et de la droite
libérale qui préfèrent une alliance avec le Centre représenté par l’alliance
LREM-MoDem qui forme la majorité présidentielle qui soutient Emmanuel Macron.
Si
beaucoup d’entre eux ainsi que leurs électeurs se tournent vers le Président de
la République, ce n’est pas parce qu’il est devenu un homme de droite comme se
plaisent à le présenter ses adversaires de gauche mais bien parce qu’il tient
le lieu central de la politique avec sa coalition qui représente ce que nous
avons défini ici depuis quelques années comme le fameux «axe central»
réunissant les libéraux de droite, les libéraux sociaux du centre et les
sociaux libéraux de gauche (tous les défenseurs intransigeants de la démocratie
républicaine libérale).
Cet
axe central est directement issu de la montée des extrêmes et des populistes
tant à gauche qu’à droite et aux potentielles alliances qu’ils pourraient faire
avec les partis classique de droite et de gauche.
C’est
pour cela que beaucoup d’élus et de personnalités de centre-gauche avaient
rejoint Emmanuel Macron en 2017 face à la montée en puissance des «frondeurs»
au Parti socialiste et du Front de gauche (devenu la France insoumise).
Ce
même mouvement se réalise maintenant à droite depuis la défaite à la primaire
LR lors de la présidentielle de 2017 d’Alain Juppé face à François Fillon qui
représentait déjà un virage vers la droite radicale de la formation de droite,
virage qui s’est accentué de manière dramatique avec l’élection de Laurent
Wauquiez à tête.
Quant
à savoir s’il s’agit d’une recomposition politique (progressistes contre
populistes, axe central contre extrémismes…), il est trop tôt pour le dire.
En
1972, il semblait bien que le nouveau paysage politique avec, d’un côté, le PS
et le PC, de l’autre les gaullistes (ce qui deviendrait le RPR) et les
centristes avec les droitistes libéraux (ce qui deviendrait l’UDF), serait une
permanence.
Or,
si ce duo a fonctionné, bon gré mal gré, pendant plus de quinze ans, il connu
ses premières failles avec la lente mais constante montée en puissance d’un
troisième larron, le Front national, mais aussi dans le délitement d’alliances
qui n’avaient plus grand-chose à voir avec la réalité politique du moment.
Ce
qui a permis, par exemple, à François Mitterrand de se faire réélire en 1988
avec un positionnement au centre-gauche, la promesse durant sa campagne
présidentielle de nommer Michel Rocard, le réformiste assumé, comme Premier
ministre et d’ouvrir sa majorité au centre.
Le
mouvement qui est en train de s’enclencher après la déculottée de LR couleur
Wauquiez aux européennes n’est donc qu’un nouvel épisode d’une recomposition
commencée après la défaire d’Alain Juppé et la montée en puissance d’Emmanuel
Macron en 2017.
On
se gardera de dire, pour l’instant, s’il réussira à coup sûr ou s’il est un
phénomène profond et de long terme mais c’est vrai qu’il possède
intrinsèquement ces deux caractéristiques.
L’appel
de maires de droite et de centre-droit
(venus de LR, de l’UDI ou non-encartés)
qui doit être bientôt lancé en faveur d’un soutien à Emmanuel Macron en est une
nouvelle preuve.
Alexandre
Vatimbella
Directeur
du CREC
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