lundi 24 juin 2019

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les humanistes préfèreront toujours les droits de l’enfant au droit à l’enfant

Il n’existe pas (encore) de permis pour devenir parent.
La plupart s’en réjouira, certains estimeront néanmoins qu’un tel examen pourrait éliminer les bourreaux d’enfants et les irresponsables.

Mais depuis que les humains sont les humains, la rencontre d’un spermatozoïde mâle et d’un ovule femelle suffit à créer un nouvel être.

Et les couples hétérosexuels n’ont donc pas besoin de se voir délivrer un «droit à l’enfant» en règle général.

En revanche, tous ceux qui ne peuvent procréer de cette manière (couples stériles, homosexuels, personnes seules) ont besoin de voir reconnu ce droit à l’enfant afin de mettre au monde un être grâce à l’intervention de la science médicale ou d’en adopter un.

Un droit qui peut se discuter en regard de ce qui ne se discute pas: les droits de l’enfant.

Ainsi, il est une évidence qui n’est malheureusement pas évidente pour tout le monde: l’être humain n’est pas un objet.

Donc, dès qu’il devient un être à part entière dans le ventre de sa mère (au bout de quelques semaines, ce qui permet l’avortement avant ce passage d’un amas de cellules à l’existence d’un humain), il a des droits, les mêmes que ceux des autres humains, les mêmes que ceux des autres enfants.

Bien entendu, il est encore un enfant à naître mais il ne peut être considéré comme n’existant pas, ce qui serait une absurdité sans nom.

Or donc, son existence lui donne des droits.

Et, parmi ceux-ci, il y a celui de ne pas être instrumentalisé par le désir d’un autre si cela peut lui porter préjudice.

C’est bien de cela que l’on doit parler quand on discute de procréation assistée, de gestation pour autrui et d’adoption (voire dans un avenir plus ou moins proche de la conception artificielle d’un être humain), du droit de l’enfant à ne pas être le seul objet du désir d’un autre mais à être considéré comme un humain dont on ne peut, par la loi, mettre éventuellement son équilibre de vie, notamment psychologique, en danger.

Dès lors, il y a une règle qui doit s’appliquer impérativement: le principe de précaution.

Inutile dans la plupart de ses applications prévues par la loi actuelle (et son inscription dans la Constitution), ce principe est indispensable là où il ne s’applique pas: le futur du nouveau-né.

Quand la ministre de la Solidarité et de la Santé, Agnès Buzyn, ose affirmer que «le droit à la PMA ne nuit à personne», c’est, à la fois une possible négation des droits de l’enfant à naître – qui ne serait donc pas une personne, selon elle – et une affirmation péremptoire alors même que les spécialistes de l’enfance ne peuvent répondre à la question parce qu’ils ne le savent pas avec exactitude (je laisse de côté ceux qui s’appuient sur leur opinion et non sur les preuves scientifiques, qu’ils soient pour ou contre la PMA, la GPA et l’adoption par des couples homosexuels).

Or, si l’on ne peut répondre à la question et avant de pouvoir le faire avec le minimum d’erreur, c’est bien le principe de précaution qui doit s’appliquer, c'est-à-dire de ne pas permettre ce droit à l’enfant grâce à la PMA, la GPA et l’adoption par des couples homosexuels.

Je sais bien que l’adoption est déjà légale (du fait de la légalisation, justifiée, du mariage homosexuel) et qu’il n’est pas à l’ordre du jour de la supprimer mais cela ne saurait la légitimer pour autant éthiquement, moralement et philosophiquement.

En outre, la GPA, elle, doit être interdite pour tous car elle fait de l’enfant, non plus l’objet d’un désir d’un autre mais un objet tout court ainsi que, dans bien des cas également, de la mère porteuse une simple matrice.

Que l’on comprenne bien que dès lors que l’on démontrera sans équivoque que ce droit à l’enfant n’a aucune conséquence négative sur les droits de l’enfant, plus rien ne s’opposera à ce qu’il soit accordé à ceux auxquels il est destiné.

Ici, il n’est pas question d’une bataille entre archaïques et modernes, conservateurs et progressistes, homophobes et défenseurs des minorités sexuelles et que sais-je encore, comme veulent le faire croire certains, mais bien une cause humaniste qui n’a qu’un but: le bien-être de l’enfant.

C’est en tout cas la seule position que l’on doit avoir si l’on se considère humaniste et non membre de lobbies qui, d’un côté, n’ont qu’à la bouche le droit à l’enfant et, de l’autre, celui de la «famille traditionnelle» et qui n’ont que peu d’intérêt pour un enfant dont ils ont fait un objet de revendication.

Quand l’actualisation de la loi bioéthique arrivera au Parlement, espérons, sans trop y croire, que les représentants de la nation lorsqu’ils parleront de PMA (qui va être autorisée selon le projet de loi dévoilé par le Gouvernement) pour tous et de GPA (qui demeurera interdite en France) auront cette simple équation en tête: d’abord les droits de l’enfant, ensuite le droit à l’enfant et jamais la satisfaction de revendications de groupes de pressions dans une démarche clientéliste, honteuse en l’espèce.




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