Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes.
Jean-Christophe Lagarde |
Monsieur Lagarde est un mauvais perdant et nous le savions
depuis longtemps.
Mais, en plus, il ne dédaigne pas de dire n’importe quoi
pour se dédouaner d’une cuisante défaite et d’une responsabilité, à la fois,
d’avoir envoyé son parti dans le mur et d’avoir fait perdre le Centre.
Alors que la liste qu’il dirigeait aux élections européennes
en tant que président de l’UDI sera aux alentours de 2,5% (c'est-à-dire aux
étiages de ce que représente son parti dans le paysage politique national) et
n’aura donc aucun député au Parlement européen et ne sera pas remboursé de ses
frais de campagne, il attribue cette évidente contre-performance à… Emmanuel
Macron!
Lui qui n’a eu de cesse d’attaquer le Président de la
République jusqu’à en faire son principal adversaire avant Marine Le Pen, donc
de s’en prendre avant tout à un centriste plutôt qu’à une représentante de l'extrême-droite populiste,
ose maintenant expliquer, dans un communiqué de presse pathétique où transpire
à chaque ligne ce côté mauvais perdant dont nous parlions plus haut, que sa
liste a été victime d’un soi-disant référendum sur Emmanuel Macron que ce
dernier aurait initié…
Ce «piège» dont le pauvre monsieur Lagarde et ses amis
auraient été victimes, serait également la cause de défaite du Président de la
République qui serait «affaibli» par les résultats de cette élection au
Parlement européen.
Avec ses 2,5%, on aurait plutôt pensé que c’était monsieur
Lagarde qui sortait lessivé de cette élection.
Question de perspective, dans doute…
Nous voudrions ici rappeler trois faits à monsieur Lagarde:
1) Lorsqu’il a décidé de présenter une liste aux élections
européennes, celle-ci, dans les premiers sondages ne dépassait pas les 2% voire
les 1% d’intentions de vote, bien avant qu’Emmanuel Macron ne parle de ces
élections, bien avant même la constitution de la liste Renaissance (LREM,
MoDem, Agir, Mouvement radical).
L’effet Macron est donc nul sur son résultat.
Et si, dans un seul sondage, elle a atteint les 4%
d’intentions de vote, sondage qui avait fait parler de lui avec ses résultats
que certains avaient qualifiés d’étranges, jamais elle n’a été créditée de 5%,
c'est-à-dire de pouvoir avoir le moindre député au Parlement européen.
Dès lors, parler d’un «piège» qui aurait plombé son résultat
est tout simplement une contre-vérité qui n’honore pas le président de l’UDI.
2) Monsieur Lagarde, pour enfoncer un peu plus Emmanuel
Macron, affirme, dans son communiqué, que la France est le seul pays qui n’a
pas su «endiguer» la «vague» d’extrême droite.
Voilà une nouvelle contre-vérité puisqu’en Italie, Matteo
Salvini réalise son plus haut score, qu’en Hongrie, Viktor Orban remporte
aisément les élections, qu’en Pologne, c’est la même chose pour Jaroslaw
Kazcynski et que Nigel Farage fait un score très important au Royaume Uni.
C’est alarmant, c’est dramatique mais c’est la réalité.
Perdre n’excuse pas de mentir, monsieur Lagarde.
3) Monsieur Lagarde affirme que son parti est le seul
représentant du «centre indépendant».
Nouvelle contre-vérité puisque le Centre dans cette élection
était représenté, et par la liste Renaissance, et par la liste Les Européens.
Et qu’à tout prendre, nous préférons, en tant que
centristes, le score de la liste Renaissance plutôt que celui de la liste Les
Européens…
Parce que si le «centre indépendant» ne réprésente que 2,5%
en France, il y a de quoi sonner le tocsin immédiatement!
Monsieur Lagarde se gargarise du fait que c’est la première
fois que l’UDI va seule à une élection nationale (ce qui devrait plutôt être un
fait qu’il devrait cacher puisqu’il n’a pas eu le courage de se présenter à la
présidentielle tout en soutenant un certain François Fillon!).
Au vu du résultat, on ne comprend pas cette autosatisfaction
qu’il devra expliquer à ses militants.
Mais, le plus grave dans l’entreprise de monsieur Lagarde,
c’est qu’en ayant présenté une liste contre celle de la majorité présidentielle
centriste alors qu’il aurait pu s’allier avec les différents partis qui la
composent (dont il partage avec l’un d’entre eux, Agir, un groupe commun à
l’Assemblée nationale…) et en faisant de celle-ci sa principale cible, il a
sans doute empêché le Centre de gagner cette élection et d’être devant le parti
de la famille Le Pen, ce qui aurait été une belle victoire pour le Centre et
ses valeurs.
Car, oui, en additionnant le score des listes Renaissance et
Les Européens, on obtient un total qui dépasse le score de la liste du
Rassemblement national.
Comment dirais je, monsieur Lagarde: je crois que vous
n’avez pas rendu service ni au Centre, ni à la France, ni à la démocratie, ni
même à votre parti.
C’est cela la réalité.
Et elle est bien triste.
Jean Français Borrou
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