lundi 27 mai 2019

Vues du Centre. Grâce à vous, monsieur Lagarde, l’extrême-droite a battu le Centre


Par Jean-François Borrou


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.

Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.



Jean-Christophe Lagarde
Monsieur Lagarde est un mauvais perdant et nous le savions depuis longtemps.

Mais, en plus, il ne dédaigne pas de dire n’importe quoi pour se dédouaner d’une cuisante défaite et d’une responsabilité, à la fois, d’avoir envoyé son parti dans le mur et d’avoir fait perdre le Centre.

Alors que la liste qu’il dirigeait aux élections européennes en tant que président de l’UDI sera aux alentours de 2,5% (c'est-à-dire aux étiages de ce que représente son parti dans le paysage politique national) et n’aura donc aucun député au Parlement européen et ne sera pas remboursé de ses frais de campagne, il attribue cette évidente contre-performance à… Emmanuel Macron!

Lui qui n’a eu de cesse d’attaquer le Président de la République jusqu’à en faire son principal adversaire avant Marine Le Pen, donc de s’en prendre avant tout à un centriste plutôt qu’à une représentante de l'extrême-droite populiste, ose maintenant expliquer, dans un communiqué de presse pathétique où transpire à chaque ligne ce côté mauvais perdant dont nous parlions plus haut, que sa liste a été victime d’un soi-disant référendum sur Emmanuel Macron que ce dernier aurait initié…

Ce «piège» dont le pauvre monsieur Lagarde et ses amis auraient été victimes, serait également la cause de défaite du Président de la République qui serait «affaibli» par les résultats de cette élection au Parlement européen.

Avec ses 2,5%, on aurait plutôt pensé que c’était monsieur Lagarde qui sortait lessivé de cette élection.

Question de perspective, dans doute…

Nous voudrions ici rappeler trois faits à monsieur Lagarde:

1) Lorsqu’il a décidé de présenter une liste aux élections européennes, celle-ci, dans les premiers sondages ne dépassait pas les 2% voire les 1% d’intentions de vote, bien avant qu’Emmanuel Macron ne parle de ces élections, bien avant même la constitution de la liste Renaissance (LREM, MoDem, Agir, Mouvement radical).

L’effet Macron est donc nul sur son résultat.

Et si, dans un seul sondage, elle a atteint les 4% d’intentions de vote, sondage qui avait fait parler de lui avec ses résultats que certains avaient qualifiés d’étranges, jamais elle n’a été créditée de 5%, c'est-à-dire de pouvoir avoir le moindre député au Parlement européen.

Dès lors, parler d’un «piège» qui aurait plombé son résultat est tout simplement une contre-vérité qui n’honore pas le président de l’UDI.

2) Monsieur Lagarde, pour enfoncer un peu plus Emmanuel Macron, affirme, dans son communiqué, que la France est le seul pays qui n’a pas su «endiguer» la «vague» d’extrême droite.

Voilà une nouvelle contre-vérité puisqu’en Italie, Matteo Salvini réalise son plus haut score, qu’en Hongrie, Viktor Orban remporte aisément les élections, qu’en Pologne, c’est la même chose pour Jaroslaw Kazcynski et que Nigel Farage fait un score très important au Royaume Uni.

C’est alarmant, c’est dramatique mais c’est la réalité.

Perdre n’excuse pas de mentir, monsieur Lagarde.

3) Monsieur Lagarde affirme que son parti est le seul représentant du «centre indépendant».

Nouvelle contre-vérité puisque le Centre dans cette élection était représenté, et par la liste Renaissance, et par la liste Les Européens.

Et qu’à tout prendre, nous préférons, en tant que centristes, le score de la liste Renaissance plutôt que celui de la liste Les Européens…

Parce que si le «centre indépendant» ne réprésente que 2,5% en France, il y a de quoi sonner le tocsin immédiatement!

Monsieur Lagarde se gargarise du fait que c’est la première fois que l’UDI va seule à une élection nationale (ce qui devrait plutôt être un fait qu’il devrait cacher puisqu’il n’a pas eu le courage de se présenter à la présidentielle tout en soutenant un certain François Fillon!).

Au vu du résultat, on ne comprend pas cette autosatisfaction qu’il devra expliquer à ses militants.

Mais, le plus grave dans l’entreprise de monsieur Lagarde, c’est qu’en ayant présenté une liste contre celle de la majorité présidentielle centriste alors qu’il aurait pu s’allier avec les différents partis qui la composent (dont il partage avec l’un d’entre eux, Agir, un groupe commun à l’Assemblée nationale…) et en faisant de celle-ci sa principale cible, il a sans doute empêché le Centre de gagner cette élection et d’être devant le parti de la famille Le Pen, ce qui aurait été une belle victoire pour le Centre et ses valeurs.

Car, oui, en additionnant le score des listes Renaissance et Les Européens, on obtient un total qui dépasse le score de la liste du Rassemblement national.

Comment dirais je, monsieur Lagarde: je crois que vous n’avez pas rendu service ni au Centre, ni à la France, ni à la démocratie, ni même à votre parti.

C’est cela la réalité.

Et elle est bien triste.



Jean Français Borrou




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