Jean-Christophe Lagarde |
Si l’on lit ou écoute le flot de déclarations de Jean-Christophe
Lagarde à l’occasion de cette élection européenne, une constatation saute aux
yeux: son ennemi principal n’est pas Marine Le Pen mais bien Emmanuel Macron.
Non seulement le nombre de ses attaques contre le Président
de la République, LREM et la liste Renaissance est nettement plus important que
celui qui touche le parti d’extrême-droite et sa présidente mais leur virulence
est également beaucoup plus forte contre les premiers nommés.
Ainsi, selon le comportement du président de l’UDI, ce sont
des centristes qui sont devenus ses principaux adversaires, avant les autres
courants politiques.
Et si LR en prend aussi pour son grade, c’est parce qu’il
s’agit avec LREM, le MoDem, le Mouvement radical et Agir, l’autre parti à qui
il espère désespérément prendre des voix le 26 mai pour, si ce n’est obtenir 5%
des voix qui lui permettrait d’avoir des élus au Parlement européen, mais pour
ne pas faire un score catastrophique que les instituts de sondage lui prédisent
systématiquement depuis le début de l’année et qui le situent actuellement
autour de 1,5/2% des voix (en-dessous même de ce que l’UDI représente, autour
de 3%).
Car, la stratégie de Jean-Christophe Lagarde est bien de concentrer
sa critique sur le pouvoir en place de même couleur politique que son parti afin
de tenter par tous les moyens de récupérer le déçus du macronisme, à la fois au
centre-droit et du côté de la droite libérale, voire même du côté du centre-gauche,
les compliments assez surréalistes qu’il a eu envers Jacques Delors ces
derniers jours en sont une des preuves.
Sans doute si la violence et l’approximation des propos
(voir leur inexactitude) rappelle la manière de faire habituelle du député de
Seine-Saint-Denis lors d’élections ou de débats, cette focalisation contre son
propre camp (il ne faut pas oublier que les députés UDI encore au Parlement
européen sont affiliés à l’ALDE qui est, non seulement, le parti des élus
européens du MoDem mais également l’allié de la liste Renaissance pour ces
élections…) montre bien l’angoisse qui l’a saisi ainsi que sa garde rapprochée
devant le désastre électoral qui s’annonce.
On peut ainsi rapprocher les critiques virulentes contre les
médias (notamment ceux du service public) ainsi que la négation des intentions
de vote délivrées par les instituts de sondage, sans oublier la volonté de
s’accaparer des personnalités européennes, telles Jacques Delors que l’on a
déjà cité mais aussi Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre et, surtout,
Simone Veil, pour voir que tout est bon pour tenter d’exister face à un
électorat qui manifestement ne voit pas, jusqu’à présent, l’utilité de voter
pour un petit parti qui ne cesse de ruer dans les brancards contre son propre
camp.
Mais l’imbroglio dans lequel Lagarde s’est enferré et à plongé
son parti ne s’arrête pas là.
Ainsi, on peut espérer que les propos de monsieur Lagarde et
de ses amis sont des propos électoraux voire électoralistes et de circonstance
mais l’on doit espérer, dans le même temps, que, face aux Français, ils croient
vraiment à ce qu’ils disent!
Prise dans un cercle peu vertueux de dire n’importe quoi pour
exister, quoi qu’il arrive, l’UDI joue perdant et décrédibilise sa parole
auprès des électeurs centristes.
Le parti s’est enfermé dans une logique infernale où, pour
ne pas connaître un désastre électoral, elle s’en prend avec véhémence aux
formations (LREM, MoDem, Agir, Mouvement radical) qui sont ses potentiels
alliés naturels, quitte à se couper de ceux-ci pour longtemps, donc de se
retrouver isolé et de devoir chercher des alliés à droite pour conserver ses
élus nationaux (toute seule, on le voit bien, elle n’a aucune chance d’en
avoir).
On peut, de même, espérer que cette logorrhée excessive
vis-à-vis du Président de la République et de sa majorité n’est pas une volonté
secrète de la part de Jean-Christophe Lagarde de chercher à… ne pas obtenir ses
fameux 5% pour avoir des élus!
Car, ce dernier a promis à ses militants et ses électeurs et
devant les Français, qu’élu, il irait siéger sur les bancs du Parlement européen,
c'est-à-dire qu’il renoncerait de facto à avoir un rôle quelconque dans la
politique française pendant la prochaine législature mais sans doute également
bien après.
Parce que peu de ceux qui sont partis «s’exiler» à
Strasbourg et Bruxelles ont pu faire un retour gagnant dans le monde politique national
et avoir une carrière politique après leur mandat européen.
Et ce n’est certainement pas la volonté du président de l’UDI.
Mais, face à la machine infernale qu’il a lancé, il n’est sans
doute plus maître de son destin politique.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
JeanLouis Pommery
Directeur des études du CREC
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