Jusqu’au bout de la campagne pour les élections européennes,
Jean-Christophe Lagarde aura préféré centrer ses attaques sur Nathalie Loiseau
et Emmanuel Macron plutôt que sur Marine Le Pen, c'est-à-dire sur des
centristes plutôt que sur une nationaliste populiste d’extrême-droite, sur un
programme proche du sien plutôt que sur les fake news répandus sans cesse par
le Rassemblement national.
Et alors que se rapproche une bérézina électorale pour
l’UDI, son président et ses amis, dans un effort désespéré de justifier leur
défaite, s’en prennent à tout le monde, notamment en dénonçant les «duos» LREM-RN
et Macron-Le Pen, sans parler de médias qui n’auraient pas joué le jeu, c'est-à-dire
donner une visibilité identique à un parti qui est entre 1% et 2% des
intentions de vote à ceux qui sont au-delà des 20%....
Une rhétorique malheureusement commune à tous les perdants
qui, au lieu de prendre la responsabilité de leur échec, tentent de trouver
toutes les justifications possibles dans des événements extérieurs, voire dans
des complots…
En critiquant, en vilipendant et en caricaturant le
programme de la liste Renaissance et en attaquant sans cesse sa tête de liste
et le Président de la République, les dirigeants de l’UDI porteront
certainement une responsabilité si les résultats de dimanche sont favorables à
l’extrême-droite, aux antieuropéens et à ceux qui veulent détruire l’Union européenne.
Drôle de résultat pour un parti qui se dit «le plus
européen» de tous et dont la liste a été baptisée «Les Européens»…
Déjà, en ayant présenté une liste qui n’avait aucune chance
d’avoir des élus (elle n’a jamais eu des intentions de vote de 5% ou plus et
est actuellement entre 1% et 2% dans les sondages comme nous le disions plus
haut), Lagarde a pris le risque de se ridiculiser (c’est son problème), de
ridiculiser l’UDI (pauvre Jean-Louis Borloo, son créateur) mais, plus
important, de faire perdre le Centre.
Ainsi, par exemple, il est fort possible que les 1 à 2% dont
sont crédités sa liste, au soir du 26 mai, auraient pu permettre à une liste
centriste unifiée d’être en tête des intentions de vote et d’avoir plus de
députés, dont certainement un à deux UDI, tout en faisant perdre
l’extrême-droite qui a déjà gagné les européennes de 2014, un jour sombre de la
démocratie française faut-il le rappeler à tous ceux qui l’ont oublié.
Mais, ce sont aussi dans les propos que Lagarde fait du tort
au Centre comme dans ceux rapportés par Le Figaro où le président de l’UDI
prédit une large victoire de RN tout en affirmant que personne n’a parlé
d’Europe pendant la campagne, une fake news si l’on regarde toutes les
déclarations faites, en particulier par LREM, le MoDem et les candidats de la
liste Renaissance (et qui sont consultables sur notre site).
En s’en prenant systématiquement aux mesures défendues par la
liste Renaissance, il a souvent été plus critique que ne l’ont été des
adversaires du Centre et il a sans doute découragé des électeurs à voter pour celle-ci.
Ce jeu politicien n’est pas glorieux quand les menaces sur l’Union
européenne sont si fortes comme elles le sont également sur la France.
Bien entendu, la faiblesse intrinsèque de l’UDI ne peut
dédouaner tout le Centre si défaite il y a le 26 mai de la démocratie
républicaine libérale et représentative.
Pour autant, il ne faudrait pas oublier une autre réalité.
En 2014, les centristes, regroupés autour d’une liste
baptisée «L’Alternative» et réunissant le Mouvement démocrate de François
Bayrou et l’UDI alors présidée par Jean-Louis Borloo, avaient obtenus 9,94% des
voix et sept députés (ce qui leur avaient donc permis d’avoir des élus, ce qui
aurait été impossible si les deux formations étaient allées aux élections
chacune de leur côté).
Si les sondages ne se trompent pas, cette fois-ci, il
devrait y avoir une vingtaine de députés et plus qu’un doublement des voix.
Ce qui n’est pas rien si l’on se rappelle que la liste du
PS, alors au pouvoir avec François Hollande et ayant une majorité à l’Assemblée
nationale, n’avait obtenu que 13,98% des voix et 13 sièges.
Dès lors, il semble bien que le Centre ne connaîtra pas la
défaite le 26 mai.
Tout au plus et malheureusement, il ne devancera peut-être
pas l’extrême-droite et, peut-être, une des causes en sera l’UDI.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.