«Je pense qu’entre des peuples qui sont géographiquement
groupés, comme les peuples d’Europe, il doit exister une sorte de lien fédéral.
Ces peuples doivent avoir à tout instant la possibilité d’entrer en contact, de
discuter de leurs intérêts communs, de prendre des résolutions communes. Ils
doivent, en un mot, établir entre eux un lien de solidarité qui leur permette
de faire face, au moment voulu, à des circonstances graves si elles venaient à
naître.
C’est ce lien, messieurs, que je voudrais m’efforcer de
créer.
Évidemment, l’association agira surtout dans le domaine
économique: c’est la nécessité la plus pressante. Je crois qu’on peut en ce
domaine, obtenir des succès. Mais je suis sûr aussi qu’au point de vue
politique ou au point de vue social, le lien fédéral, sans toucher à la
souveraineté d’aucune des nations qui pourraient faire partie d’une telle
association, peut être bienfaisant. Et je me propose, pendant la durée de cette
session, de prier ceux de mes collègues qui représentent ici les nations européennes
de vouloir bien, officieusement, envisager cette suggestion et la proposer à
l’étude de leurs gouvernements, pour dégager plus tard, pendant la prochaine assemblée
peut-être, les possibilités de réalisation que je crois discerner.»
Cet appel saisissant de volonté humaniste et progressiste
resta malheureusement lettre-morte jusqu’à après la Deuxième guerre mondiale et
ses 60 millions de morts, conflit planétaire encore une fois provoquée par les
Européens.
Mais son rappel en ce jour d’élections au Parlement de
l’Union européenne montre bien que les centristes ont toujours été dans le camp
des éclaireurs et des visionnaires d’une construction européenne.
Il faut dire que leur double filiation idéologique, le
libéralisme et la démocratie chrétienne, sont deux forces qui promeuvent
l’internationale humaniste, la réunion et l’union des peuples.
Ce n’est donc pas un hasard si, à côté de Briand, l’homme de
la séparation de l’Eglise et de l’Etat, on trouve comme européen convaincu, le
fervent catholique, Robert Schuman.
Ce dernier, en tant que ministre des Affaires étrangères,
lors de sa déclaration du 9 mai 1952, proposant la création d’une Communauté
européenne du charbon et de l’acier (CECA), disait:
«La contribution qu'une Europe organisée et vivante peut
apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations
pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d'une Europe
unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L'Europe
n'a pas été faite, nous avons eu la guerre».
Oui, nous devons nous rappeler que des personnalités
éminentes se sont levées avant et après 39-45 pour proposer la paix plutôt que
la guerre, l’union plutôt que le conflit, l’humanisme plutôt que la violence
mortifère aux nations européennes qui n’ont cessé de s’entretuer pendant des
siècles et des siècles.
Oui, nous devons nous le rappeler en ce jour d’élection
européennes où certains jouent contre L’Union européenne, contre l’Europe, donc
contre la paix, contre le progressisme et contre l’humanisme.
Oui, nous devons nous le rappeler quand une force d’extrême-droite
dont le créateur avait une société qui vendait des chants nazis est en tête des
intentions de vote en France et s’allie avec les pires extrémistes,
nationalistes et populistes européens.
Oui, nous devons nous le rappeler alors que l’abstention
sera encore une fois très importante.
L’Union européenne est un projet toujours en construction.
La laisser se délabrer ou participer à sa destruction est
une responsabilité dont devrons répondre ceux qui y participeront devant l’Histoire.
Donc, oui, en ce 26 mai, il faut voter et voter pour l’Europe.
L’équipe du CREC
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