Pour ma part, je préfère l’appellation dictacratie
populiste.
Il ne s’agit d’inventer un label pour se faire plaisir ou
pour s’opposer à d’autres mais de caractériser plus justement un mouvement qui
allie d’abord les mécanismes et les principes de la dictature puis ceux de la
démocratie (en les instrumentalisant) dans cet ordre et qui en appelle à la
«révolte» – qui est plutôt une émeute doublée d’une défiance dans les valeurs
démocratiques – d’un «peuple» qui est plutôt une foule portée plus par la haine
qu’autre chose.
Un choix de terminologie parce qu’il est plus proche de ce
que recherchent ces dernières années un Orban en Hongrie, un Kazcynski en
Pologne, un Salvini en Italie, des Le Pen en France, un Farage au Royaume Uni,
un Abascal en Espagne, un Meuthen en Allemagne et autres personnages du même
acabit comme Poutine en Russie, Erdogan en Turquie, Duterte aux Philippines
(liste non-limitative…), certains étant au pouvoir, d’autres à sa porte,
d’autres en pleine dynamique électorale.
Et les élections au Parlement européen du 26 mai devraient
encore les favoriser et donner une image plus exacte de ce qu’ils représentent
actuellement dans l’Union européenne.
Si leur montée en puissance date de la fin du XX° siècle et
du début du troisième millénaire, nous ne devons jamais oublier que leurs ombres
ténébreuses planes au-dessus des démocraties républicaines depuis toujours et
que la relative faiblesse conjoncturelle de ce mouvement tient à sa défaite
lors de la Deuxième guerre mondiale, en Allemagne, en Italie et au Japon.
Mais lors de cette défaite historique, l’Espagne de Franco
s’en tira déjà sans aucun dommage…
Or donc, ces ennemis de la démocratie républicaine
retrouvent malheureusement leur ancienne place et force.
Malheureusement, parce que l’on aurait espéré que les ravages
du dernier conflit mondial, celui qui a duré de 1914 à 1945 comme la plupart
des historiens considèrent que les deux guerres n’en sont en réalité qu’une,
avait éloigné le spectre du totalitarisme, de l’autoritarisme et du populisme pour
des lustres qui se révélèrent tout au plus deux décennies.
La désignation de Barry Goldwater, homme de la droite extrême
par le Parti républicain comme son candidat à la présidentielle américaine de date
de 1964 et peut être en effet considérée comme un moment-clé dans la «plus
vielle démocratie du monde» puisqu’elle a permis, par la suite, les élections à
la Maison blance de Ronald Reagan, George W Bush et Donald Trump.
Cela n’a pas été le cas et ne le sera pas avant longtemps.
Dès lors, tous ceux qui croient malgré tout en la démocratie
républicaine doivent reprendre le combat de ceux qui courageusement l’ont fait
au siècle dernier et avant, un combat qui ne doit pas faiblir, on voit
aujourd’hui ce qu’il en est d’avoir sous-estimé la renaissance de l’hydre
hideux.
Cependant, comme ce fut le cas lors de la montée des périls
entre 1918 et 1939, une partie de la Gauche et une partie de la Droite ont déjà
renoncé préférant s’attaquer au libéralisme plutôt qu’au totalitarisme, à
l’humanisme plutôt qu’à la haine de l’autre.
Du coup, l’axe central (allant des libéraux de droite aux
libéraux de gauche en passant par le Centre) est désormais quasiment seul en
première ligne pour défendre la démocratie républicaine.
On doit espérer que les électeurs européens ne vont pas
l’oublier (et ne l’ont pas oublié pour ceux qui ont déjà mis leur bulletin dans
l’urne) parce qu’une victoire des tenants d’une dictacratie serait une bien
mauvaise nouvelle pour l’Europe mais aussi pour le monde.
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