Affiche de campagne de la liste Renaissance |
Simone Veil, ancienne ministre mais première président du Parlement
européen élu au suffrage universel était, non seulement, une militante convaincu
de l’Europe unie, mais une militante tout aussi impliquée du droit des femmes.
A noter que cette tribune est également signée par Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée
de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les
discriminations.
Voici le texte de la tribune:
Depuis sa création, l’Union européenne est l’espace au monde
où les droits des femmes sont les mieux protégés. Ailleurs sur la planète, les
femmes sont les premières à souffrir des conflits armés, des inégalités
économiques et sociales, de l’obscurantisme et même du dérèglement climatique.
Les valeurs fondamentales de l’Europe, de la protection des libertés à la lutte
contre les discriminations en passant par la justice sociale, ont vocation à
servir la promotion des droits des femmes.
Et pourtant…
Et pourtant en Europe le taux d’emploi des femmes est
inférieur de 11% à celui des hommes. L’écart de rémunération avoisine 16%. Les
mères isolées sont surreprésentées parmi les travailleurs pauvres. Les
violences, notamment conjugales, ne reculent pas. Leur orientation vers les
métiers d’avenir n’est toujours pas garantie, en particulier dans l’économie
digitale.
Dans certains cas, les acquis des droits des femmes en
Europe sont même menacés
Entre pays européens, les disparités restent fortes. L’IVG
demeure totalement interdite à Malte, proscrite sauf dans certains cas en
Pologne ou à Chypre, fortement restreinte au Royaume-Uni ou en Finlande. Tous
les États européens n’ont pas encore ratifié la convention du Conseil de
l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes
et la violence domestique! C’est pourquoi la France mène une campagne pour son
universalisation, dans le cadre du G7 qu’elle préside cette année.
Seul un tiers des commissaires européens sont des femmes,
36% des députés européens sont des femmes, alors même que des pays comme le
nôtre ont imposé une règle de parité stricte sur les listes de candidats.
Malgré tout, dès 1979, le premier président du Parlement européen élu au
suffrage universel était une présidente – et quelle présidente, s’agissant de
Simone Veil.
Dans certains cas, les acquis des droits des femmes en
Europe sont même menacés. Comment ne pas être inquiètes quand le parti
d’extrême droite espagnol Vox met en cause la lutte contre les violences sexistes
et sexuelles ou quand son équivalent estonien EKRE affirme qu’une femme de plus
de 27 ans qui n’a pas eu d’enfant est un «déchet pour la société»?
Aucun pays dans le
monde n’a atteint l’égalité parfaite entre les femmes et les hommes
L’Europe doit mieux protéger les femmes, c’est un enjeu
majeur pour nous toutes: pour nos sœurs espagnoles qui ont manifesté
massivement contre le machisme, pour nos sœurs polonaises qui militent pour
l’accès à l’IVG et partout où l’obscurantisme ressurgit et menace les droits
des femmes.
Exemplaire, l’Europe? Loin de là. Qui peut se satisfaire
d’un tel constat? Certainement pas nous. Aucun pays dans le monde n’a atteint
l’égalité parfaite entre les femmes et les hommes. C’est pourquoi la liste
Renaissance, composée de femmes et d’hommes réunis par leur engagement en
faveur d’une Europe de liberté, de protection et de progrès, veut aller plus
loin et propose pour cela une véritable politique féministe européenne.
Nous proposons d’harmoniser par le haut les droits des
femmes en Europe en incitant les Etats membres à introduire dans leur
législation les mesures les plus avancées ayant fait leurs preuves ailleurs en
Europe, comme le voulait Gisèle Halimi. C’est ce que nous appelons le Pacte
Simone Veil.
Ce Pacte inclura les droits sexuels et reproductifs, la
lutte contre les violences sexistes et sexuelles ou les progrès en direction de
l’égalité salariale.
Les femmes sont majoritaires en Europe, mais elles
participent moins que les hommes aux élections européennes.
Sur ces derniers aspects, la France a choisi une voie
déterminée en devenant le premier pays au monde à verbaliser le harcèlement de
rue, en exigeant la transparence et en instaurant des pénalités sur les écarts
de salaires. Sur d’autres sujets, d’autres pays sont plus avancés que nous et
nous avons à apprendre de leur expérience. Le Pacte Simone Veil engagera ses
signataires à aller de l’avant et à évaluer régulièrement ensemble les progrès
réalisés.
Cette démarche est aussi portée par la présidence française
du G7: les lois les plus novatrices en faveur des femmes dans le monde seront
proposées aux chefs d’Etat afin de les mettre en œuvre dans leur pays, dans le
cadre du G7 français. Ce «partenariat de Biarritz», construit en lien étroit
avec les activistes de la société civile au Conseil consultatif pour l’égalité
entre les femmes et les hommes, permettra un véritable partage efficace entre
les pays, au service des femmes partout dans le monde. Parce que ce qui est
intolérable pour une Européenne – excision, mariage forcé... – l’est tout
autant pour une Africaine!
Nous veillerons en outre à la parité entre les femmes et les
hommes au sein de toutes les institutions et agences européennes, en inscrivant
son principe dans les traités et en veillant à son application dans les
nominations sur lesquelles le Parlement européen a à se prononcer.
Un dernier point – et ce n’est pas la moindre des anomalies:
les femmes sont majoritaires en Europe, mais elles participent moins que les
hommes aux élections européennes. Beaucoup moins, devrions-nous dire, puisque
seules 36,8% des Françaises en âge de voter ont pris part au dernier scrutin
européen de 2014, contre 48,5% des Français. Pourtant, elles ont tout à gagner
d’une action européenne résolue pour prendre en main leur destin et bénéficier
d’une Europe d’égalité, de liberté, de sororité, de protection et de progrès.
Cette Europe ne changera pas sans elles.
Alors, à vous toutes, Européennes, Françaises, nous disons :
n’attendez pas une meilleure Europe pour les femmes, changez-la!
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