Voici une nouvelle preuve du nouveau positionnement de
François Bayrou qui consiste à afficher publiquement un soutien sans faille à
Emmanuel Macron.
Comme ses sorties médiatiques précédentes, le président du
Mouvement démocrate justifie, légitime et applaudit à toutes les initiatives du
Président de la république dans cet entretien au quotidien Le Figaro concernant
les prochaines élections européennes.
Il faut rappeler qu’il est également partie prenante puisque
la liste pour les élections européennes présentée par LREM, Renaissance, est
aussi celle du MoDem.
Dès lors, la victoire ou la défaite de celle-ci sera aussi
la sienne.
Extraits de l’interview au Figaro:
- À dix jours des élections européennes, quel regard
portez-vous sur la campagne?
Ce devrait être un moment crucial. Mais la campagne, pour
l’instant, ne parvient pas à l’intensité nécessaire. Certains prétendent en
faire un référendum anti-Macron; d’autres montrer que «la droite» est toujours
vivante; les troisièmes que le PS bouge encore. Alors que la seule question qui
vaille, c’est vie ou mort, renforcement ou dissolution du projet européen.
Cette question-là, et elle seule, mérite une campagne de passion.
- Emmanuel Macron est sur une nouvelle affiche de campagne,
sans Nathalie Loiseau. Est-ce une bonne idée, ou une personnalisation
excessive?
Le projet de cette liste est celui que le président a
formulé, notamment dans la tribune qu’il a publiée en même temps dans tous les
pays européens. De surcroît, il suffit d’entendre ses opposants: c’est contre
lui et lui seul que se focalisent les attaques. Dans un moment historique,
quand l’essentiel est en jeu, il est vital qu’il s’engage! Et il n’y a rien de
plus normal que de mobiliser les soutiens autour de celui qui porte le projet.
- Dans la dernière ligne droite, est-ce important de
«remacroniser» la campagne?
Nous vivons un moment incroyable. Le premier enjeu est
intérieur: avec l’effondrement des forces politiques qui avaient exercé le
monopole du pouvoir depuis soixante ans, un changement inédit de la politique
française est intervenu, un changement probablement sans précédent depuis 1958.
Après le grand débat, un deuxième acte de ce changement, encore plus ambitieux,
est maintenant annoncé. Et le deuxième enjeu est européen: cette fois, ce qui
n’a jamais été le cas, la question n’est plus celle de la forme que doit
prendre l’Europe, mais purement et simplement celle de la survie de l’Union
européenne. L’Europe doit-elle être une résistance face aux puissances immenses
qui veulent la soumettre, ou doit-elle plier? Sur chacun de ces deux enjeux,
intérieur et européen, le président de la République est le principe
mobilisateur: il faut donc serrer les rangs autour de lui.
- N’était-ce pas risqué qu’il fixe lui-même l’objectif?
S’il n’avait pas fixé l’objectif de victoire, les calculs,
les manœuvres et les commentaires auraient été les mêmes! Au moins, c’est un
homme qui affronte. Il n’élude pas. Et c’est bien.
- Que se passe-t-il si la liste du RN arrive en tête?
Toute consultation a des conséquences sur le climat,
l’ambiance. Mais une chose est sûre: il n’y a pas d’alternative de gouvernement
crédible à Emmanuel Macron.
- Si on en vient à l’Europe, qui était au cœur du projet
Macron, n’y a-t-il pas une réduction du débat à la crainte de la montée des
populismes?
Pour moi, la «montée des populismes» n’est pas la cause des
désordres du temps. C’est une conséquence, c’est un symptôme. Mais la question
de l’affirmation ou au contraire de l’effacement de l’Union européenne, cette
question-là commande directement le destin de notre pays et le destin de chacun
d’entre nous. L’Europe est la cible de forces immenses qui veulent la faire
disparaître! Trump, Poutine, la puissance chinoise et des lobbies
professionnels se conjuguent pour détruire l’idéal européen. Et maintenant, ces
forces disposent d’alliés à l’intérieur même de nos pays: ceux qui ont voulu le
Brexit et les extrémistes de chacun de nos pays.
- Que cherchent-ils, selon vous?
Ils veulent diviser l’Europe pour la soumettre, pour qu’elle
ne pèse plus rien.
- Comment y répondre?
D’abord, en décidant de résister! C’est le président de la
République, seul, et au début seul contre tous, qui a eu le courage de dire
non. Si Emmanuel Macron n’avait pas été là, on partait pour un Brexit illimité,
un processus de dissolution sans terme fixé. Et sur les accords commerciaux,
Emmanuel Macron, au nom de la France, a été le seul à dire non aux États-Unis
qui remettaient en cause l’accord sur le climat!
- On reproche pourtant au président d’avoir perdu de l’influence
en Europe?
L’influence, ce n’est pas de se ranger à l’avis des autres!
Si de Gaulle était là, il dirait que c’est précisément le rôle de la France de
pouvoir dire non quand les autres plient et disent oui. Les tergiversations et
le mi-chèvre mi-chou vont dans le sens de l’effacement de l’Europe.
- Mais les déclarations d’Angela Merkel parlant de
«confrontation» avec Emmanuel Macron ne sont pas tendres.
C’est le rôle de la France que d’affirmer une ligne claire
et de convaincre ses partenaires. C’est ce qui s’est passé sur la question du
Brexit. Si une date impérative a été fixée au 31 octobre, c’est que la
France a convaincu les réticents. Et il vaut mieux confrontation de caractères
que perpétuelle tiédeur.
- La lettre d’Emmanuel Macron n’a pas reçu l’assentiment
escompté…
Je ne suis pas d’accord avec vous. Les gouvernements sont
souvent faibles, mais, parmi les citoyens, le courant européen est fort. Ce courant
de résistance européenne, ce courant d’affirmation de l’indépendance
européenne, il faut qu’il soit incarné! Et désormais, il l’est par des actes,
et pas par des mots!
- Dans quel groupe siégerez-vous au Parlement européen?
Ce sera le nouveau groupe central du Parlement européen qui
rassemblera, sans les confondre, le parti démocrate européen, les libéraux et
les nouveaux élus Renaissance. Ce groupe va avoir un rôle majeur, probablement
le rôle clé pour les majorités.
- Êtes-vous favorable à ce que l’intégralité de la mandature
se fasse à Strasbourg?
C’est une question vitale! La présidente de la CDU
allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer, demande que le siège du Parlement
européen ne soit plus à Strasbourg! La CDU est le parti le plus puissant, et de
loin, de la droite européenne! Et LR en est l’allié. Ils se sont engagés à
élire un président de la Commission qui ne parle pas français. Cette double
mise en cause, notre pays ne devrait pas l’accepter.
- Ce que propose la liste Renaissance est-il suffisant sur
la question des frontières et pour régler la crise migratoire?
Ce que le président de la République a dit sur la
redéfinition de Schengen est une réponse. Ceux qui prétendent qu’on va remettre
des postes-frontières sur le Rhin mentent. Harmoniser la politique de l’asile,
c’est possible, mais ça demande beaucoup de fermeté. L’idée d’Emmanuel Macron
de faire de l’accueil le sujet de débat de politique nationale va dans le bon
sens. L’autre sujet, c’est la démographie française, car un pays en déficit
démographique est un pays durablement en danger. Les décisions politiques ne
sont pas prises sur ce sujet.
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