dimanche 12 mai 2019

Actualités du Centre. La métamorphose de Bayrou, plus macroniste que Macron!

Bayrou & Macron lors de leur alliance en 2017
Au fil des dernières interviews qu’il a donné, François Bayrou est devenu un défenseur sans nuance d’Emmanuel Macron et de ses nouvelles orientations après le mouvement de foule des gilets jaunes et la tenue du Grand débat national.
Le dernier en date, donné ce jour au JDD ne déroge pas à la règle, bien au contraire.
Il serait même une sorte que quintessence de tous ceux qu’il a donnés récemment.
Ainsi, d’un soutien critique, voire d’une défiance sans rupture, au chef de l’Etat, le comportement du président du MoDem est devenu celui d’un exégète convaincu, d’un disciple qui n’aurait plus aucun doute et qui aurait laissé en plan tout son passé pour suivre la bonne parole...
Si plusieurs explications peuvent être données (voir notre article ici), c’est un retournement de situation qui peut laisser perplexe plus d’un et laisse pantois les observateurs politiques.
Que l’on en juge avec l’entretien au JDD.
A la question «Pourquoi dites-vous que le plan présenté après le grand débat est ‘révolutionnaire’?», François Bayrou est littéralement dithyrambique:
«C’est un projet de refondation de l’État et de la République comme on n’en a pas connu depuis quarante ans. On prend les questions les plus profondes et on les traite: un nouveau rapport entre l’État et la société, entre Paris et le pays profond, entre les gouvernants et les citoyens, entre l’Administration et les usagers. Si l’on va jusqu’au bout, les acteurs de terrain, les élus locaux, les entreprises, les associations vont avoir une légitimité nouvelle et la confiance qui va avec. Des services publics réenracinés sur le terrain; la redéfinition de la haute fonction publique, de son recrutement et de son organisation; la lutte systématique contre les inégalités de destin: c’est un plan incroyablement ambitieux.»
Et pas de doute sur la capacité d’Emmanuel Macron de mener ce projet à bien:
«Porter ce projet jusqu’à sa réalisation, changer l’État, c’est incroyablement exigeant, et ça bouscule un univers d’habitudes et de conformisme. Il y aura beaucoup de freins. Mais le Président s’est forgé une volonté.»
Quant aux baromètres sur la confiance des Français à Emmanuel Macron (dont nous rappelons que leur résultats fantaisistes ont fait que nous avons renoncé à les publier), ne voilà-t-il pas qu’il invente une nouvelle lecture assez improbable de ceux-ci pour relativiser les mauvais résultats de certains:
«Vous confondez confiance et popularité. La popularité, ça va, ça vient, c’est superficiel. La confiance, c’est plus profond ; c’est l’estime, le sentiment que l’homme vaut la peine, qu’il est fidèle à sa mission, même quand il dit non. Cela ne s’obtient qu’avec du temps et des épreuves. C’est cela qui se construit. Il a affronté l’épreuve, en homme conscient des problèmes du pays dont il a la charge, sans concession et sans ruse. On voit que cette crise l’a changé, lui a donné la gravité et le courage pour saisir au bon niveau l’histoire que nous vivons.»
N’en jetez plus, serait-on tenté de dire.
Et bien non, pas encore, parce qu’il y a la cerise sur le gâteau pour le moins étonnante dans la bouche du centriste.
Depuis des années, un des chevaux de bataille de François Bayrou est la lutte contre les déficits publics et un budget de l’Etat gargantuesque.
Mais plus maintenant!
Car, si ce n’est pas lui qui va «oublier que l’équilibre des finances est nécessaire», il précise qu’en l’espèce «l’investissement dans la réforme de l’État, dans l’éducation ou dans le maintien des services publics, ce sont des économies futures»!
Ou comment expliquer que les déficits sont les profits de demain, ce que disent évidemment tous ceux qui en font et qui veulent les légitimer!
Un paradoxe qui fera certainement les choux gras de ses opposants…
Sans oublier, évidemment, qu’il ne pense pas une seule seconde à être nommé premier ministre:
«La V° République, ce sont des gouvernements qui durent! D’autant plus quand ils ont la charge d’un projet aussi décisif que celui qui a été annoncé.»
Enfin, il revient sur son analyse de la «crise» qui n’est plus «politique» mais qui est désormais celle de «l’Etat»:
«Ce n’est pas une crise politique. C’est bien plus profond. C’est une crise de l’État, devenu trop éloigné des gens, par ses méthodes, par son langage, par ses habitudes, par sa lenteur d’exécution. Il y a beaucoup de talents dans l’État, et beaucoup de dévouement. Mais ça ne marche plus. L’État comprend mal le pays et le pays ne comprend plus l’État. Il faut donc reconstruire le lien. Et c’est cela que le Président a annoncé. Le gouvernement, pour sa part, a la charge de construire la maison nouvelle que l’architecte a dessinée. Pas seulement en obéissant, mais en proposant et en inventant.»


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