mercredi 17 avril 2019

Une Semaine en Centrisme. Notre-Dame, Grand débat, même combat!

Emmanuel Macron devant la cathédrale Notre-Dame
Rassurons d’abord nos lecteurs (et renvoyons dans leurs fantasmagories malsaines les complotistes), il ne s’agit pas ici de parler d’un quelconque plan machiavélique qu’aurait mis en œuvre l’Elysée pour se sortir des problèmes du moment en mettant le feu intentionnellement à Notre-Dame et à jouer sur la fibre de l’unité nationale.
Pour ceux qui sourient et qui ne seraient pas au courant, cette thèse est évidemment présente sur le web et ses réseaux sociaux dès le départ de l’incendie de la cathédrale parisienne…
Non, ce que l’on veut mettre en lumière, c’est le même objectif qui ressort de la volonté de reconstruire Notre-Dame «en cinq ans», selon Emmanuel Macron, un temps très court qui veut donner l’image et la nécessité d’une mobilisation totale autour de cette cause et celle de proposer une nouvelle donne politique à la suite du Grand débat national avec des mesures mais aussi une volonté de changer la société.
Un objectif qui est d’ailleurs celui qui était au cœur de la campagne d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017 et qui était contenu dans son livre-programme, Révolution.
Il y rappelait d’abord ce qu’était, selon lui, la fonction présidentielle:
«Un président n’est pas seulement investi d’une action. Il porte aussi, de manière moins visible, tout ce qui dans l’Etat transcende la politique. Les valeurs de notre pays, la continuité de son Histoire, et, de manière cachée, la vigueur et la dignité d’une vie publique.»
Et il écrivait, dans  l’introduction de l’ouvrage:
«Je suis convaincu que notre pays a la force, le ressort, l’envie d’avancer. Il a l’Histoire et le peuple pour le faire.»
Surtout, dans sa conclusion il indiquait sa vision de son quinquennat s’il était élu:
«Je veux que mon pays redresse la tête et, pour cela, retrouve le fil de notre Histoire millénaire: ce projet fou d’émancipation des personnes et de la société. Ce dessein est le dessein français: tout faire pour rendre l’homme capable.
Je ne peux me résoudre à voir une France qui a peur et ne regarde que ses souvenirs, une France outrancière qui insulte et exclut, une France fatiguée qui stagne et qui gère.
Je veux une France libre et fière de ce qu’elle est. De son Histoire, de sa culture, de ses paysages. De ses mille sources qui convergent vers nos mers, de ses montagnes. De ses femmes et de ses hommes qui ont traversé tant d’épreuves et n’appartiennent à personne.
Je veux une France qui transmette sa culture, ses valeurs. Une France qui croit en sa chance, risque, espère, n’admet jamais la rente indue, le cynisme repu. Je veux une France efficace, juste, entreprenante, où chacun choisit sa vie et vit de son travail. Une France réconciliée qui considère les plus faibles et fait confiance aux Français.
Tout cela, me direz-vous, ce sont des rêves. Oui, les Français ont par le passé rêvé à peu près cela. Ils ont fait la Révolution. Certains même en avaient rêvé avant. Puis nous avons trahi ces rêves, par laisser-faire. Par oubli. Alors oui, ce sont des rêves. Ils réclament de la hauteur, de l’exigence. Ils imposent de l’engagement, notre engagement. C’est la révolution démocratique que nous devons réussir, pour réconcilier en France la liberté et le progrès. C’est notre vocation et je n’en connais pas de plus belle.»
Les tâches qui se trouvent devant lui avec la reconstruction de Notre-Dame et la refondation du lien social du pays lui donnent ainsi l’occasion de mettre en pratique sa vision politique qui l’a conduit à l’Elysée.
Peut-il y parvenir est la question centrale alors qu’il va fêter les deux ans de son élection bientôt.
Son positionnement central (voir centriste) est évidemment un atout dans ce domaine puisque, loin des clientélismes de Gauche et de Droite, le Centre porte en lui un projet consensuel autour d’une agrégation des volontés individuelles dans le cadre d’un lien social modernisé.
Néanmoins, il ne faut pas non plus évacuer le caractère volontariste de l’action d’Emmanuel Macron qu’il partage avec nombre d’hommes et de femmes politiques dont Barack Obama ou Nicolas Sarkozy.
Or, le volontarisme, s’il séduit les peuples et les électeurs, est aussi souvent une façade devant un réel beaucoup plus complexe, fluide et changeant où l’action humaine trouve des limites et où la volonté est loin d’être suffisante pour dicter aux événements leur direction et où la résolution des problèmes ne peut faire fi de la réalité.
A l’inverse, le volontarisme est capable d’insuffler des énergies qui peuvent permettre de solutionner des états de fait qui ne changent pas parce qu’on ne s’y attaque pas, peu ou mal.
Ainsi, pour être reconstruite rapidement, Notre-Dame a évidemment besoin de ces énergies volontaristes que porte en lui Macron pour mobiliser les Français, tout comme un certain nombre de réformes progressistes qui doivent permettre, sinon de changer le pays, au moins de l’adapter à la réalité et lui permettre, non seulement, d’être mieux capable de les affronter mais de les utiliser en sa faveur et celui de sa population.
De ce point de vue, oui, la reconstruction de Notre-Dame et la rénovation de notre société à partir du Grand débat national procèdent de cette volonté du Président de la République qui a certainement été l’un des piliers de son engagement politique.
A lui, in fine, de nous démontrer qu’il peut le faire.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
JeanLouis Pommery
Directeur des études du CREC


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