Barack Obama |
Oui, il faut se battre pour ses convictions mais, oui, il
faut savoir écouter les autres et savoir faire des compromis pour faire
avancer, et sa cause, et son pays.
Tel est, en résumé, l’intervention que Barack Obama a faite
lors d’une réunion publique pour parlet de sa fondation dans la capitale
allemande, Berlin.
L’ancien président américain et centriste assumé a ainsi
expliqué:
«Une des choses sur lesquelles je m’inquiète à propos des
progressistes aux Etats-Unis – peut-être que cela est aussi vrai ici – est un
certain genre de rigidité où nous disons, ‘oh! je suis désolé, mais c’est comme
ça que ce sera et pas autrement’, et de cette manière nous commençons à créer
ce que ‘on appelle un ‘peloton d’exécution circulaire’ où vous commencez à
tirer sur vos alliés parce que l’un d’eux s’est écarté de la pureté sur les
questions à régler. Et lorsque cela se passe, généralement l’ensemble de
l’effort et du mouvement mis en route s’affaiblit.»
Et de poursuivre:
«Donc, je pense, que vous parliez en tant que citoyen, en
tant que leader politique ou en tant qu’animateur social dans les quartiers,
que vous devez reconnaître que la manière dont nous structurons la démocratie
demande à ce que vous preniez en compte des gens qui ne sont pas d’accord avec
vous, et que, selon cette définition, vous n’allez pas obtenir à 100% ce que
vous souhaitez.»
Selon lui, «vous devez prendre du temps pour penser par
vous-même et sans cesse affiner et méditer ‘quels sont mes principes
fondamentaux?’ parce que le danger est que si vous ne connaissez pas ce que
sont vos principes, c’est alors que vous vous éloignez de vos principes.»
Mais, pour Obama, il ne faut pas se méprendre,
l’opportunisme (que certains politiciens mettent en œuvre sous prétexte du
compromis nécessaire) est aussi dangereux que le radicalisme:
«Vous ne pouvez mettre en place un système où vous ne faites
jamais de compromis sur rien mais vous ne pouvez pas, non plus, agir dans un
système où vous faites des compromis sur tout».
Ces remarque purement centristes sont bien évidemment faites
en direction de toute une aile du Parti démocrate qui vire à un socialisme dur et
qui s’est réveillée en 2016 de sa léthargie après le désastre McGovern de 1972
(laminé par Nixon lors de la présidentielle) autour de la candidature à la
primaire démocrate du sénateur du Vermont et socialiste assumé (il n’est pas
membre du Parti démocrate), Bernie Sanders.
Car même si celle-ci n’a pas réussi à faire élire nombre de
ses candidats lors des législatives de novembre 2018 – il n’y pas eu de «vague rouge» au Congrès –
qui ont permis aux démocrates de reprendre la majorité à la Chambre des
représentants, il n’en demeure pas moins que certains de ses membres les plus
représentatifs ont été élus.
C’est le cas, bien entendu, de la représentante du Queens à
New York et égérie de la gauche américaine et de nombreux jeunes, Alexandria
Ocasio-Cortez, 29 ans, qui depuis son arrivée au Congrès mène des campagnes
radicales contre les républicains mais aussi contre tous les démocrates qu’elle
accuse d’être trop modérés, comme l’ensemble des représentants de l’aile
centriste dans une chasse aux sorcières idéologique nauséabonde et dangereuse
(certains des fans de le newyorkaise se félicite qu’elle soit une «Trump de
gauche»!).
Barack Obama craint, comme beaucoup d’autres démocrates, que
les activistes de gauche ne phagocytent autour de thèmes extrémistes et
d’anathèmes, la primaire pour la présidentielle de 2020 et, pire, fassent
désigner un candidat très à gauche qui n’aurait pratiquement aucune chance de
l’emporter face à Donald Trump (ou un autre candidat républicain).
Rappelons que la montée en puissance de cette aile gauche a
été favorisée par le comportement du Parti républicain.
Pour tenter de faire passer sa radicalisation assumée à
droite dès le milieu des années 1990, voire à l’extrême-droite, il a décidé de
faire passer les démocrates pour des gens de gauche alors même qu’ils étaient
et demeurent essentiellement du Centre et de centre-gauche.
Leur stratégie a été de dénoncer un soi-disant «virage à
gauche» tout en tentant de déplacer le curseur du Centre vers la Droite ce qui
a réussi auprès de beaucoup de médias mais a été dénoncé sans relâche par la
communauté des chercheurs en sciences politiques.
Dans le même temps, ils ont refusé tout travail bipartisan
et de compromis avec les démocrates, espérant ainsi susciter des réactions
radicales de ceux-ci, c'est-à-dire une gauchisation du Parti démocrate.
S’ils n’y sont pas parvenus, ils ont tout de même réussi à
permettre la résurgence d’une aile gauche très radicale qui, sans le vouloir,
sert les desseins des idéologues d’extrême-droite du Parti républicain.
C’est contre cette menace que Barack Obama a voulu défendre
sa vision politique et la manière dont il a gouverné le pays pendant huit ans
que des démocrates socialistes, telle Occasio-Cortez, dénoncent aujourd’hui.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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