Est-il possible de transformer les humains en êtres
raisonnables, respectueux et responsables? Non.
En tout cas, cet état n’a jamais existé au cours de
l’Histoire et rien ne prouve qu’il puisse exister dans un futur proche ou dans
un avenir lointain.
Devons nous alors en tirer la conclusion que nous devons
abandonner tout espoir en la matière? Non.
Devons faire le constat irrémédiable que, étant ce que nous
sommes, étant ce qu’est notre existence incertaine dans un monde incertain,
nous soyons incapables définitivement de sauver notre planète? Non.
Devons-nous, comme le prônent certains écologistes
extrémistes et illuminés, souhaiter la disparation de la race humaine pour le
bien de la planète Terre? Bien évidemment que non.
Devons-nous continuer à tenter malgré tout, sans relâche
jusqu’à l’épuisement, tel Sisyphe sur son rocher, d’inculquer à l’humain les
valeurs humanistes? Oui.
Pourquoi?
Parce que c’est la seule façon de sauver, in fine,
l’Humanité et la planète sur laquelle elle vit tout en assurant à la première
une vie décente et à la seconde une protection contre nos dégradations.
Que l’on ne se méprenne pas.
Si nous continuons à vivre comme nous le faisons, l’Humanité
entière ne disparaitra pas mais une partie d’entre elle, plus ou moins
importante.
Quand les dinosaures ont disparu après le cataclysme dont on
ne connait pas exactement les causes (météorites, éruption volcanique…), les
mammifères, eux, espèce à laquelle nous appartenons, ont résisté et ils résisteront
à une extinction sauf si la planète implose ou si les conditions de vie sont
définitivement détruites partout et pour tous, deux probabilités extrêmement
faibles avant l’explosion du soleil dans quelques milliards d’années…
Donc, et d’ailleurs certains – et pas seulement les
«survivalistes»! – y pensent, il y aura des survivants.
Combien?
Cent mille, dix millions, plus, moins?
Personne ne peut le dire.
Mais, ce constat n’est pas et ne peut être une réponse
humaniste qui est de sauver tout le monde dans la limite du possible,
c'est-à-dire de l’action humaine et de ses capacités d’aujourd’hui et de
demain.
Et, dans ces capacités il y a celles de la raison, du
respect et de la responsabilité.
Attention, là aussi, il ne faut pas se méprendre.
Ce n’est pas parce que nous avons théoriquement les trois
capacités citées ci-dessus que nous voulons les mettre en œuvre.
Jusqu’à maintenant, la réalité est là, nous ne l’avons
jamais fait collectivement ou lors de circonstances exceptionnelles et très
limitées dans le temps (comme faire la paix, par exemple ou signer une
convention sur les droits de l’enfant).
Dès lors, suite à ce constat désespérant, pour sauver la planète, je choisis à court et
moyen terme le progrès plutôt que la raison par simple application du principe
de réalité.
L’être humain n’est pas du tout raisonnable, loin d’être
responsable et peu respectueux, surtout quand il est en groupe où la raison, la
responsabilité et le respect se diluent et s’évaporent soudainement, donnant
naissance à des comportements inacceptables, voire intolérables.
Que tous ceux qui ont été un jour supporteurs d’une équipe
de football me disent le contraire!
En revanche, il est ingénieux.
Nous avons réussi à vivre une existence à peine croyable par
nos ancêtres pas si lointains avec les progrès de l’hygiène, de la médecine, de
l’agriculture, de nos artefacts, etc.
Mais cela ne nous a pas empêché de nous entretuer, de
perpéter des massacres indicibles, de détruire nos écosystèmes, de créer les
conditions d’un holocauste mondial.
Le XX° siècle a été dans ces domaines l’exemple
(indépassable?!) de notre génie et de notre infamie.
Malheureusement, le troisième millénaire ne nous a pas encore
montré un changement consistant dans nos comportements tout en nous démontrant
que notre capacité à créer était bien extraordinaire.
Or donc, ce n’est pas la raison qui a sauvé le monde
jusqu’ici mais bien le progrès.
Et demain, ce sera pareil.
Comme il est donc impossible de nous transformer en êtres
raisonnables, respectueux et responsables dans des temps proches, c’est
pourquoi, entre raison humaine et progrès scientifique et technologique, je
pari sur le second.
Avec des regrets mais avec lucidité.
Et je ne pars pas battu mais raisonnablement optimiste dans
notre capacité à trouver des solutions pérennes.
Bien sûr, quand nous avons remplacé les chevaux par les
moteurs à explosion dans les villes, tout le monde s’est écrié que nous avions
vaincu une pollution absolument invivable avec, dû au crottin de cheval qui
s’amoncelait dans les rues, dans les décharges et partout ailleurs, des odeurs
nauséabondes mais aussi des risques sanitaires importants.
En réalité, nous avions remplacé, sans vraiment le savoir,
un problème par un autre.
Et c’est sans doute ce qui nous guette avec la voiture
électrique qui, si elle se généralise comme la voiture à essence, génèrera une
pollution monstrueuse due aux batteries électriques (sans oublier tous les
autres fluides et matériaux que l’on trouve déjà dans nos voitures actuelles).
Pour autant, nous avançons même si nous devons nous rappeler
que, de tout temps, la vie sur terre a été un risque où nous devions choisir
une voie par rapport à une autre tout en sachant qu’aucune des deux n’étaient
sûres à 100%.
Ainsi en ira-t-il encore demain et après-demain.
Néanmoins, nous savons un peu mieux où nous devons aller, et
cela est une grande force pour trouver des outils scientifiques et
technologiques qui nous permettront de mettre en place une société meilleure.
Cela ne nous exemptera jamais de trouver la raison, de
pratiquer le respect et d’accepter notre devoir de responsabilité et de mettre
en œuvre réellement les valeurs humanistes.
Jamais.
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