Le parti démocrate européen (PDE, regroupant des partis du
Centre et du centre-gauche) auquel est affilié le Mouvement démocrate de
Français Bayrou et dont les membres élus de son parti au Parlement européen
sont membres (mais font partie dans l’enceinte du parlement du groupe centriste
et libéral ALDE, Alliance des libéraux et démocrates pour l’Europe) vient
d’adopter son «manifeste électoral» en vue des élections européennes du 26 mai
prochain.
Ce manifeste propose une «refondation» de l’Union européenne
autour de trois «piliers» (Ce qui nous fait vivre ensemble / Une croissance
économique durable et partagée / Ce que l’Europe a à dire au monde,
l’Europe-puissance, un «défi de taille» selon le PDE parce que «l’urgence est
là».
C’est pourquoi, toujours selon le PDE, il faut remettre au
centre du projet européen, les valeurs européennes: «le respect de la dignité
humaine, l’État de droit, la liberté, l’égalité, la solidarité, la
responsabilité».
A noter, tout de même, que ce long document qui fourmille de
propositions, ressemble plus à un rapport ou à une plateforme commune entre
partis d’une même organisation qu’à un programme électoral en vue d’élections
particulières.
De ce fait, nombre de propositions ressemblent plus à des vœux
(pieux pour l’instant) d’une Union européenne «refondée» qu’à des mesures qui
pourraient être réellement mises en œuvre lors de la prochaine législature du
Parlement européen.
Ce manifeste, au-delà d’un couleur très européaniste (mais
pas forcément fédéraliste) se veut très social et environnemental, son
troisième «pilier» où les deux termes ne font pas toujours bon ménage comme le
montrent les débats actuels en France…
Voici le texte de ce manifeste:
Europe debout!
Pour la première fois dans son histoire, l’Union européenne,
ce projet unique dans l’histoire de notre continent, peut se déliter, se
défaire et même cesser d’exister. Sous l’effet conjugué des bouleversements
provoqués par une mondialisation mal régulée, par les lourdes conséquences
économiques et sociales de la crise financière, par l’impact d’une révolution
technologique sans précédent, par la gestion chaotique des flux migratoires,
des forces politiques ou extrémistes ont entrepris d’exploiter les inquiétudes
et les peurs de citoyens inquiets et désorientés. L’Europe a besoin d’une
rupture, d’une refondation démocratique profonde. Les peuples ont été exclus du
dessein et du destin européen. L’Europe ne se fera pas sans les peuples. C’est
l’heure pour les démocrates européens de s’affirmer.
Les partis qui ont dominé la scène européenne durant les
dernières décennies ne sont plus en état aujourd’hui de ranimer le formidable
élan européen que les pères fondateurs avaient réussi à susciter.
Ils sont fatigués et ils ont déçu : l’écart entre les
citoyens et les institutions européennes n’a cessé de se creuser, et les
politiques européennes sont trop souvent insuffisantes ou incomplètes. C’est
l’heure pour les Démocrates de prendre la relève. C’est à nous que revient
l’ardente obligation de faire partager par les citoyens le rêve européen qui
nous habite. Nous qui sommes porteurs des valeurs de respect de la dignité
humaine, de l’État de droit, de la liberté, de l’égalité, de la solidarité et
de la responsabilité. Ces valeurs s’incarnent dans nos sociétés au travers du
pluralisme, de la non-discrimination, de la tolérance, du respect des minorités
nationales et linguistiques, de l’égalité entre hommes et femmes, et de
l’investissement dans la jeunesse et l’éducation.
Le Parti Démocrate européen veut et doit être inspirateur
d’une nouvelle constellation politique dont l’objectif est de remettre l’Europe
en marche. Les chantiers ne manquent pas. Les politiques européennes dans le
domaine de la lutte contre le changement climatique sont parmi les plus
ambitieuses du monde. Mais alors que les États-Unis se sont détournés des
accords de Paris, l’Europe doit aller encore plus loin grâce à un plan
ambitieux de transition vers une économie verte financé par de nouvelles
ressources propres et créatrice de millions d’emplois.
Nous avons créé une monnaie unique mais elle n’a toujours
pas de pilote politique. Ni les instruments ni les moyens budgétaires
n’existent qui permettraient aux États de la zone euro de coordonner leurs
politiques économiques et de bénéficier de la solidarité de leurs partenaires
en cas de chocs asymétriques.
Nous avons créé une union économique et monétaire mais nous
laissons les États membres se livrer une concurrence féroce en matière fiscale,
en particulier en ce qui concerne l’impôt sur les sociétés.
Nous proclamons notre détermination à protéger l’Union des
excès de la mondialisation mais nous laissons nos principaux concurrents
extérieurs prendre le contrôle d’entreprises ou d’infrastructures stratégiques
et nous ne favorisons pas l’apparition de géants industriels européens capables
de tenir tête aux géants des concurrents. Les grandes multinationales de
l’Internet réalisent des profits considérables en commercialisant les données
des citoyens européens mais nous les taxons moins que nos PME européennes.
Nous avons mis en scène il y a peu, l’adoption du socle
européen des droits sociaux, mais nous n’avons toujours pas d’instruments
efficaces contre le dumping social et de feuille de route pour encourager la
convergence sociale, élément central pour solidifier la cohésion sociale et
territoriale européenne.
Nous avons formellement établi une frontière commune mais
nous ne la gardons pas en commun et nous laissons les États membres du sud
contrôler quasi seuls des dizaines de milliers de kilomètres de frontières
maritimes et nous n’avons toujours pas de règles communes en matière d’asile.
Nous faisons pression sur les États africains d’origine ou
de transit des migrants pour qu’ils limitent les départs de leurs
ressortissants vers l’Europe, mais nous n’avons toujours pas mis en place avec
eux le plan Marshall dont l’Afrique a besoin pour assurer le développement d’un
continent en pleine croissance démographique.
Nous dépensons plus d’argent que la Russie si on additionne
les budgets consacrés par les pays de l’Union à leur défense, mais nous ne
sommes pas capables de projeter des forces européennes sur les théâtres
d’opérations extérieures si cela s’avérait nécessaire ni de dissuader la Russie
d’amplifier sa politique aventureuse et belliqueuse à l’égard de ses voisins
européens.
Le défi est de taille, l’urgence est là.
Le PDE relève ce défi.
Pour nous, c’est l’heure de refonder l’Europe.
Premier pilier: ce qui nous fait vivre ensemble
I) La démocratie : les indispensables réformes
institutionnelles
1) Des listes transnationales
L’Union européenne est une démocratie inachevée. Elle
dispose certes d’un Parlement dont les pouvoirs ont été accrus au cours du
temps. Mais ses pouvoirs restent limités! Il ne dispose d’aucune compétence en
matière de recettes, il n’a pas de réel pouvoir d’initiative, il joue un rôle
secondaire dans le choix des membres de l’Exécutif européen.
Mais surtout, sa composition est davantage le résultat des
dynamismes nationaux que l’expression d’une dynamique authentiquement
européenne.
Le PDE se prononce en faveur de l’introduction de listes
transnationales pour l’attribution d’une partie significative des sièges à
pourvoir au Parlement européen. De cette manière le choix des électeurs pourra
s’effectuer entre des listes défendant des programmes pour l’ensemble de
l’Europe.
2) Renforcer la démocratie participative.
Trop de citoyens perçoivent l’Union européenne comme une
machine bureaucratique anonyme, insensible à leurs problèmes et à leurs
aspirations et hors de portée de leurs doléances et revendications.
Le PDE veut contribuer à réduire cet écart. Il demande que
l’Union européenne mobilise les moyens nécessaires pour qu’ils sachent qu’ils
disposent d’un droit de pétition auprès du Parlement européen. Le PDE estime
par ailleurs qu’il est urgent de revoir et d’assouplir les règles de
l’initiative citoyenne européenne qui leur permet de demander à la Commission
européenne de faire une proposition législative sur un sujet qui les préoccupe.
3) Sanctionner les dérives autoritaires de la part d’un
État-membre:
Compte tenu des règles qui parfois requièrent l’unanimité,
il est intolérable qu’un État-membre qui sombre dans une dérive populiste,
voire totalitaire, puisse dicter sa volonté à tous les autres membres de
l’Union européenne. Les peuples et les nations pleinement démocratiques ne
devront et ne pourront jamais accepter que de tels régimes paralysent et
bloquent l’Union.
Le PDE préconise l'introduction du Mécanisme européen pour
la protection de la démocratie, de l'État de droit et des droits fondamentaux,
résolution adoptée par le Parlement européen, afin d'accroître la capacité de
la Cour de justice de l'Union européenne à traiter les violations de l'État de
droit dans les États membres de l'UE.
Au vu des risques de dérives populistes, voire autoritaires,
auxquels l’Europe est confrontée, notre proposition est de mettre en place un
système dans lequel le non-respect des valeurs fondamentales de l’Union
(article 7 du traité de Lisbonne) entrainerait:
-Le gel de toutes les aides financières européennes ;
-La suspension de tout droit de vote sur les décisions
prises à l’unanimité.
En tant que mesure intermédiaire dans le processus
conformément à l'article 7 du traité de Lisbonne, les personnes et
organisations éligibles de l'État membre pourront déposer une demande de
financement européen directement auprès de la Commission européenne.
II) Réaffirmer nos valeurs communes
L'Union européenne, à l’instar de toute communauté politique
a besoin d’un ensemble commun de valeurs et de références pour assurer sa
cohérence, guider ses choix et les doter de légitimité et de sens. Ces valeurs
qui sont au cœur de notre identité commune ont été forgées au cours de siècles
d’une histoire mouvementée. Elles ont été négligées à certaines époques,
bafouées à d’autres mais elles ont toujours fini par triompher.
Ces valeurs sont fortes : le respect de la dignité humaine,
l’État de droit, la liberté, l’égalité, la solidarité, la responsabilité. Elles
s’incarnent dans nos sociétés au travers du pluralisme, de la
non-discrimination, de la tolérance, du respect des minorités nationales et
linguistiques, de l’égalité des genres, de la séparation des pouvoirs. Même si
elles sont déjà présentes dans les Traités fondateurs, elles ne prendront leur
vraie dimension que lorsqu’elles seront inscrites en lettres d’or dans la
Constitution européenne à laquelle nous aspirons.
III Les clés de l’avenir.
L’éducation et les échanges sont les deux clés majeures de
l’avenir.
L’intensification des échanges citoyens politiques et
culturels qui jouent un rôle centrale dans la formation d’une identité
européenne et stimule les formes de coopérations entre les européens.
Erasmus joue un rôle essentiel dans le renforcement de la
connaissance mutuelle des différentes cultures européennes, la construction de
terrains d’entente, l’émergence d’un peuple européen.
Le PDE demande qu’Erasmus bénéficie de moyens budgétaires
accrus - de l’ordre du triplement de sa dotation annuelle -, voit son champ
d’application élargi aux jeunes apprentis, aux artistes, aux jeunes
entrepreneurs.
Nous avons besoin de nos jeunes pour concevoir une histoire
européenne commune, pour connaître et comprendre le travail accompli par nos
institutions communes sur la base d'un territoire commun. Il est essentiel de
dépasser les frontières pour progresser vers une espace public européen, par
des moyens de communication au niveau de notre continent qui contribuent à la
création de cet espace commun européen en complément de l'espace national,
régional et local.
Le PDE souhaite la création d’un média européen dédié à la
jeunesse, qui ferait prendre conscience de notre appartenance commune, pourrait
être porté par les pouvoirs publics comme c’est déjà le cas pour Arte.
Deuxième pilier: une croissance économique durable et
partagée
1) La relance de la zone euro, la bataille de l’innovation,
une politique industrielle européenne
a) Une zone euro solide et démocratiquement gouvernée.
De tous les acquis de l’Union européenne, l’euro est sans
conteste la plus belle réalisation. Depuis sa création, il a rempli les
missions qui lui ont été attribués par les traités : assurer la stabilité des
prix et favoriser les échanges. Il a aussi servi d’amortisseur face au choc
provoqué par la crise financière de 2008, de soutien à la gestion des déficits
publics et à la création des liquidités favorables à la relance de la
croissance.
Si la réussite de l’euro est peu discutée, les performances
de la zone euro le sont davantage. Ces dernières années, le taux de chômage de
la zone euro (qui regroupe 19 pays) a été de manière permanente supérieur à
celui des 28 pays de l’Union européenne. Pendant la même période – et c’est
encore le cas actuellement – le taux d’augmentation du Produit Intérieur Brut
de la zone euro a été inférieur à celui de l’Europe à 28. En outre, à
l’intérieur même de la zone, les pays divergent plus qu’ils ne convergent en
matière de performance.
Pour les citoyens, l’Euro est un vrai paradoxe : il incarne
ce qui est le plus proche de lui (la monnaie qu’il a dans la poche) mais aussi
ce qui s’en éloigne le plus (la monnaie d’une zone indéfinie, gérée par des
autocrates dans des instances opaques).
L’avenir de l’Euro et de la zone euro imposent de
réconcilier ces différences de perceptions et de performances.
La proposition du PDE pour relancer la zone euro réside
notamment dans une initiative concertée de convergence concernant les pays de
la zone euro pro-européens volontaristes (de 5 à 7 pays) dont le couple
franco-allemand.
Ces pays définiraient ensemble une cible de convergence en
matière d’environnement règlementaire économique, de fondamentaux fiscaux, de
bloc social et de droit du travail ; ils se concerteraient sur un ou deux
projets d’investissement communs dans le domaine de l’innovation, du numérique
ou de l’industrie du futur (par exemple une agence du numérique et de
l’intelligence artificielle). Ils convergeraient vers cette cible, chacun librement,
par leurs processus nationaux, en parallèle les uns des autres sur une échéance
courte (3 ans); en somme il s’agit d’une sorte de convergence en parallèle.
L’autre clef de la relance de la zone euro est évidemment d’élaborer des ressources
propres déduites des impôts nationaux, telles qu’une taxe sur les transactions
financières ou d’une taxe sur les GAFAN. Il s’agira de financer des politiques
nouvelles et de pallier les pertes de ressources budgétaires provoquées par le
Brexit. En outre il n’est pas question d’introduire un système de perception
des impôts au niveau européen et d’accroitre la charge fiscale pesant sur les
citoyens européens.
Pour le PDE, il est aussi possible et souhaitable, sans
devoir procéder à une révision des Traités, de procéder à un renforcement de la
gouvernance de la zone euro
- La création d’une commission des finances
interparlementaire de la zone euro pour exercer le contrôle démocratique. Cette
formation parlementaire serait focalisée sur les enjeux financiers de la zone
euro et sur son budget. Elle serait constituée de membres permanents des
commissions des finances des parlements nationaux et de membres de la
commission Econ du Parlement européen. Elle aurait pour but le suivi des
décisions impactant directement la zone euro au regard des enjeux économiques
et budgétaires, ainsi que d’améliorer le lien entre l’échelon national et
européen en matière budgétaire.
- La désignation d’un Vice-président de la Commission
européenne, spécialement chargé de la zone euro, en dialogue direct avec les
parlements nationaux concernés et la commission interparlementaire.
Pour faire face à de futures crises, l'UE doit parachever
l'Union monétaire européenne par une union bancaire complète, y compris avec un
système européen de garantie des dépôts.
b) Investir dans la recherche et l’innovation
La recherche et l’innovation ont toujours joué un rôle
décisif dans la compétitivité des entreprises et la croissance économique.
C’est encore plus vrai aujourd’hui dans cette période de bouleversement
technologique, de défis sans précédent pour protéger la planète du
réchauffement climatique, de nouvelles menaces en matière de sécurité et de
défense, d’aspirations plus fortes des citoyens à une vraie qualité de vie et à
un plus grand respect de l’environnement.
L’Europe doit se mobiliser davantage pour faire face à ces
défis.
En effet, la part du PIB que l’UE consacre à la
recherche/développement n’atteint que 2,03%, soit près d’un pourcent de retard
par rapport à son objectif déclaré (3%). Pire, 17 États Membres sur les 28 y
consacrent moins de 1,5% de leur PIB. Globalement l’UE en termes
d’investissement en recherche et innovation affiche un retard de près de 1% par
rapport aux USA, et 1,5% par rapport au Japon, sans parler de la Chine.
Le PDE veut que l’UE reste une puissance économique de
première placea u niveau mondial. C’est pourquoi, il demande :
- De monter à au moins 120 milliards d’euros les moyens
consacrés au futur programme cadre européen pour la recherche (Horizon Europe);
- De renforcer la part consacrée à la recherche et à
l’innovation dans l’utilisation des fonds structurels;
- D’affecter au futur fonds communautaire d’investissement
(Invest EU) les moyens nécessaires pour inciter le secteur privé à investir au
mieux 200 milliards d’euros supplémentaires dans les 7 prochaines années en
faveur de la recherche et de l’innovation.
- De lancer un nouveau programme ambitieux de soutien à l’économie
digitale et à l’intelligence artificielle.
- de concentrer les fonds FEDER en particulier sur les
infrastructures de la connaissance.
c) Mettre en œuvre une vraie politique industrielle
L’industrie a été durant des siècles et particulièrement aux
19ème et 20ème siècles la base de la puissance des États européens. C’est
toujours le cas aujourd’hui, même si le secteur des services a pris
progressivement une place prépondérante.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’industrie européenne
offre de l’emploi à plus de 30 millions de personnes. Elle produit 17% de la
valeur ajoutée et créée en Europe et représente près de 70% de la totalité de
ses exportations. Chaque emploi dans le secteur industriel contribue à créer
directement ou indirectement deux autres emplois dans la chaine de valeur.
Malgré cela, on ne peut pas dire qu’il y ait une véritable politique industrielle
en Europe. La seule qui existait –pour le charbon et l’acier – est passée par
pertes et profits.
Certes l’UE reste parmi les leaders mondiaux dans de
nombreux secteurs : la chimie, la pharmacie, les fabrications métalliques, le
transport (aérien, ferroviaire, routier), etc. Mais nous sommes distancés par
les USA dans les secteurs d’avenir et menacés par la montée en puissance de la
Chine.
Il est urgent de réagir.
Le PDE propose :
-L’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie de
développement de l’industrie européenne dans les secteurs clés de l’avenir :
numérique, intelligence artificielle, technologie décarbonisation, spatial...
- La mise en place d’un dispositif d’autorisation préalable
de tentative de prise de contrôle pour des investisseurs étrangers
d’entreprises et d’infrastructures européennes définies comme stratégiques.
- Le réexamen des règles de concurrence actuelles en vue de ne
pas entraver la constitution de géants européens par des entreprises qui
opèrent sur le marché mondial.
- La mise en place d’un dispositif anti-dumping plus rapide
et plus efficace pour sanctionner les importations non respectueuses des règles
d’une concurrence loyale.
2) Le développement du pilier social européen
En dépit de ce qui est prévu dans les Traités, dans la pratique,
l'Europe sociale a été jusqu'à présent étroitement instrumentalisée et soumise
à l'idéologie fonctionnelle, en raison de l'hypothèse selon laquelle
l'intégration sociale se produirait automatiquement à la suite de l'intégration
du marché. Cette hypothèse n'a pas été confirmée et la crise récente a mis au
jour de grandes inégalités entre citoyens européens et la non-satisfaction de certains
besoins sociaux.
Dans ce contexte, le Parti Démocrate européen fait les
propositions suivantes: Le pilier social européen est pour le PDE une des
priorités majeures des prochaines années : idéalement un traité spécifique sur
l’Europe sociale devrait en définir les objectifs généraux et le champ
d’application dans le respect du principe de subsidiarité.
Dans l’immédiat, nous demandons aux institutions européennes
d'élaborer une feuille de route pour le développement de ce pilier social qui
lie la finalisation du marché intérieur à la mise en œuvre progressive d’une
véritable stratégie de convergence en matière de conditions de travail, de
salaire minimum, de lutte contre le dumping social, de revenu minimum garanti
et de pensions minimales. L’objectif est de garantir à tous les Européens le
droit à une vie décente en tenant compte des différences de coût de la vie dans
les États membres, tout en assurant une croissance durable et une saine gestion
des comptes publics.
La priorité doit être légalement donnée notamment à
l’égalité homme / femmes en termes d’accès à l’emploi ainsi que de salaires (à
emploi équivalent).
Nous préconisons la promotion de l’économie sociale et des
modèles de travail associatif, comme la coopération collective, afin notamment
de contrecarrer les effets négatifs de la mondialisation. Nous proposons que le
Fonds européen de mondialisation puisse agir préventivement, c’est-à-dire avant
les licenciements et les délocalisations d’entreprises.
Le pilier européen des droits sociaux devrait faire des
propositions concrètes dans des domaines fondamentaux comme l’aide aux familles
et aux enfants, la promotion de taux de natalité plus élevés, la conciliation
travail-vie familiale et personnelle, et les soins de longue durée aux
personnes âgées, en particulier celles qui sont dépendantes.
De même des propositions doivent être faites en faveur d’une
meilleure inclusion des moins de 30 ans et des travailleurs âgés de plus de 50
ans sur le marché du travail et du logement.
Enfin conformément aux principes de subsidiarité et de
proportionnalité, nous préconisons la participation des gouvernements locaux et
régionaux à la gestion d'instruments tels que le Fonds social européen et la
Garantie Jeunesse, puisque c'est au niveau infra-étatique que les politiques
actives de l'emploi sont appliquées, y compris les politiques d'innovation
sociale et d'égalité.
3) La lutte contre le changement climatique
Les politiques européennes menées depuis de nombreuses
années dans le domaine de la lutte contre le changement climatique sont parmi
les plus ambitieuses du monde. Les objectifs européens des 3X20 (-20%
d’émission de CO2, +20% de production d’énergie renouvelable, -20% de
consommation d’énergie, le tout d’ici 2020).
Mais alors que les États-Unis se sont détournés des accords
de Paris de 2015, l’Europe doit reprendre l’initiative. Dans ce contexte, le
Parti Démocrate européen réaffirme sa conviction que la transition vers une
économie verte doit représenter la troisième révolution industrielle, créatrice
de millions d’emplois en Europe et dans le monde, et fait les recommandations
suivantes:
- Fixer un prix aux émissions de gaz à effet de serre. Le
charbon est le premier responsable du réchauffement climatique. Or aujourd’hui,
le charbon est moins cher que le gaz, pourtant moins polluant. Donner un prix
aux émissions de gaz à effet de serre, c’est le signal fort qu’attendent les
entreprises pour se tourner vers les énergies renouvelables.
- Étendre la taxe sur les transactions financières. Source
de financement innovant, pérenne et non discriminante, elle peut permettre la
constitution d’un fonds global d’investissement en faveur de la réduction des
émissions de gaz à effet de serre.
- Mettre en place des instruments globaux de suivi et
d’évaluation des engagements pris par les États lors de la COP21. De tels
instruments représentent la garantie que les engagements pris seront tenus,
dans un souci de transparence et de responsabilité commune. Ils permettront
également de revoir à la hausse les engagements tous les cinq ans.
- Avoir une politique plus ambitieuse dans l’approche des
problèmes liés aux forêts, à l’agriculture, aux paysages et à la nourriture.
Nous proposons en particulier des programmes de végétalisation dans les zones
urbaines particulièrement sujettes aux canicules en été, et de protection
accrue des forêts, des arbres (notamment en milieu urbain).
- Créer une force européenne de protection civile pour
répondre aux catastrophes naturelles dans nos pays respectifs,
- Décider, à l’image de ce qui fut créé avec la Politique
Agricole Commune, de créer une Politique Énergétique Commune dont l’acte
fondateur serait de lancer un plan d’investissement climatique de 100 milliards
d’euros, porté par la BEI, sur la future période 2019-2024, consistant
concrètement à prêter aux États, aux collectivités et aux entreprises, les
fonds nécessaires à décupler leurs investissements dans 4 domaines : la rénovation
énergétique des bâtiments, les réseaux intelligents (smartgrids), les systèmes
de stockage d’énergie, et la production d’énergie renouvelable.
- Réorganiser la gouvernance européenne de la mer et des
océans afin de renforcer le leadership de l’Europe-Interdire le plastique
non-recyclable d’ici 2025 et mettre fin à l’obsolescence programmée en étendant
les garanties.
La seconde priorité du PDE est la lutte pour la préservation
de la biodiversité: une ambition européenne à mettre au même niveau d’importance
que le changement climatique.
Le Parti Démocrate européen souhaite une pleine prise de
conscience de cette situation et fait les recommandations suivantes :
- Réenclencher un dialogue entre les pays de l’Union pour
programmer l’interdiction des substances chimiques les plus toxiques et
assortir chaque décision d’un plan d’accompagnement pour les professionnels et
secteurs les plus impactés par ces interdictions.
Préparer en tout état de cause une nouvelle décision pour
interdire (et non pas seulement redélibérer sur son autorisation de
commercialisation) d’ici 2023 le glyphosate.
- Engager une série de mesures applicables aux produits
importés sur le territoire de l’Union et ne respectant pas les mesures
environnementales que nous imposons à nos producteurs et entreprises.
- Adopter un programme d’action et de soutien en direction
des élevages ovins directement confrontés à la cohabitation avec des grands
prédateurs (ours, loup, lynx).4)
Un nouveau modèle d’agriculture et de pêche durable:
Le Parti Démocrate Européen tout en reconnaissant la valeur
ajoutée apportée par l'agriculture européenne est favorable au développement
d'un nouveau modèle d'agriculture durable, efficace et productif combinant des
objectifs économiques et environnementaux ambitieux au bénéfice des
agriculteurs, des consommateurs, des communautés rurales et de l'environnement.
Le PDE souhaite que la durabilité, l'innovation, la sécurité
alimentaire dans toute l'Union, la compétitivité et la lutte contre le
changement climatique soient les principaux moteurs de la réforme. Par ailleurs
le budget de la Politique Agricole Commune doit être suffisant afin d’assurer
un financement adéquat de ses objectifs et éviter toute possibilité de
renationalisation à l'avenir.
Le PDE veut une Politique Agricole Commune qui soit
équitable pour tous les agriculteurs. Cependant, nous sommes conscients du fait
que les conditions naturelles, les coûts de production et le niveau de vie en
général ne sont pas les mêmes partout en Europe. Et cela doit être pris en
compte dans la redistribution de l'aide. Nous estimons donc qu'un système de
paiement forfaitaire de l'UE ne refléterait pas tout à fait la diversité
agricole de l'UE. La PAC devrait également refléter les objectifs du pilier
social européen en matière de lutte contre la pauvreté rurale et le chômage.
Nous soutenons une orientation continue de la Politique
Agricole Commune vers le marché et pas de retour à des politiques qui ont
échoué, en insistant sur le fait que cela ne doit pas se faire au détriment de
la sécurité alimentaire et de la qualité, du bien-être des animaux, de
l'environnement ou de la capacité des agriculteurs à tirer un revenu juste pour
la livraison de leurs produits sur le marché.
Le PDE est favorable à une Politique Agricole Commune qui
promeut une variété de modèles agricoles et soutient une transition graduelle
vers des méthodes agricoles qui minimisent l'utilisation de produits
phytosanitaires et les remplacent par des alternatives plus respectueuses de
l'environnement, assurent des normes élevées de bien-être animal et une
traçabilité accrue, assurent des normes sanitaires et phytosanitaires,
préservent et restaurent la biodiversité et s'attaquent au gaspillage
alimentaire. Ces mesures devraient être accompagnées d'objectifs et
d'indicateurs concrets de l'Union, lorsque cela est possible.
Nous soutenons une future Politique Agricole Commune qui
souligne l'importance et encourage le développement de systèmes de qualité
alimentaire tels que les indications géographiques, en reconnaissance de la
valeur ajoutée apportée par l'agriculture européenne. Les produits de qualité
de l'UE font partie de la culture et du patrimoine de l'UE, représentent un
énorme atout européen dans le monde entier et sont essentiels pour stimuler les
économies rurales et les PME.
En conclusion sur la PAC, le PDE estime que l'investissement
dans l'innovation, la numérisation, l'éducation et la formation sont vitaux
pour l'avenir de l'agriculture européenne-pour «lier ce que nous savons à ce
que nous cultivons».
La politique commune de la pêche est également une politique
clé pour l'Union et le respect de toutes les dispositions devrait être nécessaire
afin de protéger les emplois de nos pêcheurs et l'environnement marin. Un
fonctionnement correct du dispositif de contrôle contribuerait à la viabilité
de l'ensemble du secteur ; une attention particulière devrait être accordée à
l'approbation des nouveaux protocoles sur les accords de partenariat déjà
appliqués dans le secteur de la pêche. Le Brexit risque d’avoir un impact
important sur les réserves halieutiques partagées et l'accès au marché, c'est
pourquoi un accord de pêche a un caractère prioritaire.
5) Transport. Vers un système européen intégré de mobilité.
La création d'un système intégré de mobilité durable,
efficace pour les utilisateurs et dans le cadre d'un marché intérieur, ouvert
et concurrentiel pour les entrepreneurs est un objectif prioritaire pour le
Parti Démocrate européen parce que :
-Un tel système est essentiel afin de garantir la libre
circulation des marchandises et des personnes et le bon fonctionnement du
marché intérieur.
-Il est crucial pour le succès des politiques en matière de
changement climatique et de transition énergétique. Actuellement, le transport
est responsable d'un tiers de la consommation finale d'énergie des pays membres
de l'Agence européenne pour l'environnement. La grande majorité de cette
consommation est d'origine fossile. Un cinquième des émissions de gaz à effet
de serre dans l'Union proviennent des transports.
-Il est essentiel à la compétitivité de notre économie parce
que la saturation et les problèmes de mobilité des biens et des personnes
entraînent un coût annuel de 1% du PIB de l'Union pour les entreprises et les
administrations. Cet énorme montant se répercutant sur le coût final de nos
produits. Le modèle de transport actuel conduit à une forte dépendance à
l'égard des importations de combustibles fossiles, qui ne sont pas
renouvelables et proviennent de régions du monde connaissant des problèmes de
stabilité.
La proposition du PDE comporte trois points:
a) la création d'un système de mobilité intégré qui offre
aux usagers :
- un contrôle des services contractuels en termes de prix et
de temps.
- une prestation de services de transport du premier au
dernier kilomètre dans le cadre d'un seul achat ou d'une seule opération
contractuelle.
- une combinaison automatisée et intelligente des différents
modes de transport utilisés pour résoudre le transport de marchandises ou les
déplacements de personnes.
b) Un cadre juridique homogène offrant une sécurité :
- Approfondir le principe du ciel unique, l'interopérabilité
ferroviaire (juridique et technique) et éviter les problèmes de dumping social qui
sont une autre cause de fragmentation du marché.
- Une législation intelligente, la standardisation des
définitions, la simplification des processus, la réduction des charges
administratives et la facilitation de l'évaluation des résultats.
c) Une politique industrielle pour le secteur:
- Réactiver le transport comme source d'emploi par la
formation de ses professionnels, le soutien aux entrepreneurs et l'engagement
de la R&D pour soutenir les nouvelles entreprises qui conduiront à l'intermodalité
et à la gestion des «grandes données» relatives à la circulation des biens et
des personnes.
- Promouvoir la « décarbonisation » progressive des
carburantsdans tous les modes de transport et les adapter progressivement aux
usages dans lesquels chaque mode offre les meilleures performances.
- Soutien à une plus grande mobilité électrique au niveau
des véhicules et promotion d'outils pour passer des combustibles fossiles aux
véhicules électriques. (Systèmes et stations de recharge, prime à l'achat d'une
voiture électrique et systèmes de recharge en énergie renouvelable pour les
ménages.)
- Promouvoir le leadership mondial de l'Union dans la
fourniture de services de transport et dans la fourniture de biens,
d'équipements et de technologies de transport.
Troisième pilier : ce que l’Europe a à dire au monde,
l’Europe-puissance
1) une future politique étrangère européenne cohérente et
active:
L'Union doit influencer son voisinage et le monde en
promouvant la paix, la stabilité, la prospérité et la sécurité. Pour obtenir
des résultats significatifs, nous avons besoin d'une politique étrangère
cohérente et active. Le PDE soutient que l'Union et ses États membres devraient
parler d'une seule voix décisive sur les grandes questions du monde actuel. La
situation actuelle de politiques faibles ne reflète pas le véritable potentiel
de l'Union. Nous devrions réexaminer davantage nos règles internes de prise de
décision et d'engagement dans les affaires internationales pour devenir
vraiment efficaces et plus respectés, pour transformer l'Union d'une puissance
douce en un véritable acteur mondial. La future politique étrangère européenne
devrait être fondée sur un fait crucial : l'Europe n'est pas seulement un
continent, pas seulement un espace politique et culturel, pas seulement un
espace économique, mais avant tout, l'Europe est un outil mondial de résolution
des conflits. C'est ainsi que nous sommes perçus dans le monde entier, et notre
politique étrangère doit s'en inspirer. Nous sommes passés d'un « territoire de
guerre », avec des « ennemis héréditaires », à une entité démocratique de paix
et de développement ayant vocation à être « bâtisseur de paix ».
Dans le monde, les États-Unis restent notre allié et un
interlocuteur important, mais nous devons résoudre par le dialogue et la
persuasion les questions actuellement soulevées concernant le commerce et les
droits de douane.
Par ailleurs, la Russie et son rôle dans le monde ne peuvent
être négligés. Il y a des aspects de conflit et des aspects de coopération importante
entre l'Union et le gouvernement russe sur lesquels nous devrions continuer à
travailler avec détermination.
Avec les puissances mondiales émergentes, nos accords
commerciaux et notre diplomatie active sont essentiels. À cet égard la
politique étrangère commune devrait mettre l'accent sur un véritable
partenariat Union européenne –Union africaine.
Nos politiques de voisinage doivent par ailleurs être
poursuivies avec plus de vigueur. Nous devons ainsi nous engager plus
activement avec nos voisins des Balkans occidentaux. Nous devons les convaincre
d'abandonner la rhétorique nationaliste, de respecter les relations de bon
voisinage, d'adopter sans réserve des normes démocratiques et de réformer leur
économie et leur administration. Le PDE soutient la position de l'Union des
Centristes Grecs (Enosi Kentroon) qui demande que le peuple grec se prononce
par referendum, après les élections nationales en Grèce, sur la dénomination
définitive de l'ARYM [ndlr: la Macédoine indépendante], puisque les Grecs n'ont
pas été consultés avant la signature de l'Accord de Prespes. Sur la situation à
Chypre, une solution européenne implique nécessairement le retrait de l’armée
turque et des colons de même quel ’abolition du système des garanties par les
puissances concernées, système qui dans le passé a ouvert la voie à une
intervention militaire.
Plus à l’est le gouvernement d’Ankara poursuit une politique
agressive à l’extérieur et autoritaire à l’intérieur de ses frontières. Il
devrait être clair que toute forme d’agression envers les États membres de l’UE
dont Chypre et la Grèce ou des pays non membres tels que la Syrie et l’Irak
doit cesser. La Turquie doit reconnaitre la réalité du peuple kurde et lui
accorder le degré nécessaire d’autonomie.
Notre partenariat oriental est essentiel, en particulier
avec les partenaires avec lesquels nous avons signé des accords
d'association(par exemple, l'Ukraine, la Géorgie, la Moldavie), mais aussi avec
d'autres partenaires qui ont des besoins et des perspectives différentes (par
exemple, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie). De même, notre voisinage
méridional, qui est plus diversifié, ne peut être négligé. Nous devons trouver
des solutions réalistes et sur mesure pour attirer les pays d'Afrique du Nord
et les pays arabes près de nous. L'Union devrait continuer à s'engager dans le
processus de paix au Moyen-Orient. Les dimensions orientale et méridionale de
notre action extérieure doivent être équilibrées.
2) La politique de Défense et de Sécurité
a)La politique de défense de l’Union européenne repose tout
d’abord sur la mise en œuvre de Coopération Structurée Permanente (CSP ou PeSCo
en anglais). Cet instrument a été prévu par le traité de Lisbonne qui introduit
la possibilité pour un noyau d’États de l’Union européenne de développer leur
collaboration dans le domaine de la défense. Il a été activé en 2017 par un
large groupe de 25 États membres (à l’exclusion seulement du Royaume-Uni, du
Danemark et de Malte). La CSP permet à des États-membres de prendre des
engagements réciproques relatifs à l’augmentation et la coordination de leurs
dépenses de défense, à la participation à des programmes d’armement en
coopération européenne et au renforcement des capacités opérationnelles de
leurs forces armées.
Un deuxième mécanisme a été entre-temps mis en place, le
Fonds Européen de Défense afin de financer la recherche dans le domaine
militaire(13 milliards d’euros). Et en juin 2018 a été lancée l’Initiative
Européenne d’Intervention (IEI) regroupant 9 pays afin de conduire des
interventions extérieures conjointes.
En outre il conviendrait de rechercher un modèle de
régulation et de défense du cyber espace à l’échelle européenne. En effet le
cyber espace est devenu un lieu de confrontation où les actions offensives à
l’encontre des systèmes informatiques des États, des infrastructures critiques
ou des entreprises d’intérêt stratégique sont devenues quotidiennes et peuvent
désormais affecter de façon absolue nos défenses et nos sécurités intérieures,
comme causer des effets systémiques sur le fonctionnement de nos sociétés. Nul
doute que très vite ces attaques deviendront létales. Ainsi le PDE doit devenir
une force de proposition afin qu’au niveau européen soit apporté une réponse
pénale efficace à la cybercriminalité, que soit promue une culture partagée de
la sécurité informatique et contribuer à une Europe numérique confiante et
sûre.
b) La lutte contre la menace terroriste: Aujourd’hui, et
depuis quelques années, la sécurité est la préoccupation première de tous les
citoyens de l’Union, notamment à la suite des multiples attaques terroristes
qui touchent le sol européen.
La menace terroriste évolue constamment et rapidement. C’est
une menace polymorphe, endogène, exogène. C’est également une menace terroriste
plurielle, puisqu’il existe une multitude de « terrorisme » : le terroriste dit
« islamiste », mais également le terrorisme d’extrême-droite, d’extrême-gauche.
Si nous voulons lutter efficacement contre cette menace, qui affecte nos
valeurs européennes, nous devons apporter des réponses efficaces, multiples, et
coordonnées!
La menace terroriste nous concerne tous : elle touche
l’ensemble de l’Union, car les terroristes franchissent très facilement les
frontières matérielles et immatérielles ! Il est donc indispensable que les
réponses soient européennes, afin que notre Union bâtisse un véritable espace
de liberté, de sécurité et de justice.
Nos préconisations sont les suivantes :
- Fondons toutes nos politiques de lutte anti-terroriste sur
un principe clef : l’équilibre entre l’exigence de sécurité et le respect des
droits fondamentaux et des valeurs européennes! Face à l’obscurantisme, face au
déni de nos valeurs européennes, défendons les droits fondamentaux et
respectons nos valeurs démocratiques ! La protection de la vie privée est un
droit fondamental, refusons le développement d’une société de surveillance
généralisée, où tout un chacun serait préjugé suspect !
- Maximisons la plus-value de l’Union dans l’échange
d’informations et la coopération! Nous ne pourrons combattre la menace
terroriste sans coopération, sans échange d’informations. Le rôle de l’Union à
cet égard est majeur ! Cela doit passer par l’utilisation et le renforcement
des agences européennes, par exemple en faisant d’Europol une véritable
autorité policière européenne avec un réel pouvoir d’initiative. En matière de
renseignement, le PDE salue la mise en place d’une Académie du Renseignement,
une première étape importante pour favoriser la coopération, afin de tendre, à
long-terme, vers la création d’une véritable agence de renseignement européenne
!
- Attaquons-nous aux racines en intensifiant nos efforts
contre la radicalisation! Nous ne pouvons limiter notre réponse à des
politiques sécuritaires ! Engageons une réelle réflexion sur notre société :
sur l’intégration, sur le bien-être social, sur l’emploi ; afin de comprendre
pourquoi des citoyens, et notamment des jeunes, se radicalisent. Lutter contre
la radicalisation nécessite également de s’attaquer aux canaux de diffusion de la
propagande terroriste, que ce soit sur Internet, mais aussi en prison. Nous
devons unir toutes les ressources ainsi que les connaissances et les utiliser
pour la détection et la prévention en temps opportun du radicalisme et pour la
déradicalisation, là où la radicalisation est déjà présente.
- Privons les terroristes de leurs financements et de leurs
moyens d’action ! Pour empêcher les attentats, attaquons-nous au nerf de la
guerre : le financement. Nous devons à ce titre agir sur plusieurs fronts, à
l’image des méthodes des organisations terroristes. L’Union doit également
mener des politiques en amont, afin d’avoir une longueur d’avance sur les
terroristes, par exemple en régulant les crypto-monnaies -qui émergent.
- Jugeons les terroristes : vers plus d’harmonisation entre
les États de l’Union ! Ces derniers mois, après la chute du Califat, la question
cruciale des « revenants » et du jugement des personnes arrêtées en Syrie, en
Irak, ou sur le territoire kurde, est posée. Celle des sortants de prison
aussi. Toute personne doit être jugée et dispose de droits. Les États ne
peuvent l’ignorer. L’Union doit agir, en harmonisant les sanctions au sein des
États, et en prévoyant des peines planchers ! Nous devons également étendre les
compétences du futur Parquet européen à la criminalité transnationale grave et
au terrorisme !
- Consolider davantage encore le contrôle des frontières
externes de l’Union européenne: L’exigence de protection de nos frontières
externes, ne doit en rien favoriser le développement d’amalgames entre
migration et terrorisme : n’oublions pas que 70% des attaques sont réalisées par
des citoyens européens ! Néanmoins, notre Union doit protéger ses frontières
externes, notamment via l’européanisation de Frontex, l’Agence européenne des
garde-côtes et garde-frontières !
3) Une approche globale et pragmatique des migrations
L'Europe est confrontée à l’un des plus grands défis migratoires depuis la
Seconde Guerre mondiale. Les causes sont connues : évolution des intérêts
géostratégiques, conflits armés, dictatures, violations des droits de l'homme,
mauvaise gouvernance, détérioration de l'environnement, changements
climatiques, pauvreté endémique. Les mesures adoptées ces dernières années ont
eu un caractère unilatéral et n'ont donné que peu de résultats pour un coût
élevé. Il s'agit de mesures spécifiques qui ont montré que les effets de l'immigration
ne peuvent être traités isolément.
Le phénomène migratoire nécessite une approche globale et
intégrée qui fait face aux défis tout en exploitant les avantages de
l'immigration. Les niveaux locaux et régionaux doivent être intégrés dans les
processus de décision. Régions et collectivités locales sont en effet proches
des problèmes éventuels, des besoins et de la situation réelle du marché du
travail. Cette connaissance est un élément clé pour humaniser la politique
migratoire.
Cette approche nouvelle et globale du PDE devrait reposer
sur les axes suivants :
a) La gestion commune des frontières extérieures:
Nous devons refonder Schengen. Le PDE soutient l'établissement
de normes communes pour les contrôles effectués aux frontières extérieures de
l’Union et la mise en place d'un système intégré permettant la surveillance de
ces frontières. Les programmes de recherche et de sauvetage en haute mer et la
lutte contre les réseaux criminels qui se livrent à la traite des êtres humains
doivent être menés de manière coordonnée et les actions de Frontex à travers
d'Eurosur (système européen de surveillance des littoraux européens) doivent
être intensifiées, permettant aux États membres de partager en temps réel des
images et des données sur la situation aux frontières extérieures.
b) La coopération avec les pays d’origine et de passage
La prévention à la source est fondamentale pour infléchir
l'arrivée massive d'immigrants sur les côtes européennes. Cette coopération
doit avoir lieu dans divers domaines pour gérer les flux migratoires afin de
garantir la paix et la sécurité, de promouvoir la consolidation démocratique et
de stimuler la croissance économique au-delà de l'aide au développement. Le
nouveau programme-cadre du partenariat en matière de migration approuvé par
l'Union en juillet 2016 a été évalué favorablement en septembre 2017, c'est
pourquoi nous proposons de faire avancer ce programme, d'approfondir son
exécution dans les pays prioritaires et de l'étendre à un plus grand nombre de
pays. En ce qui concerne le déploiement d'experts dans les pays d'origine et de
transit, l'Union maintient des missions militaires et civiles de formation et
de soutien démocratique dans plusieurs pays, missions qui devraient être
élargies et approfondies. Enfin, nous soutenons la sensibilisation et la
diffusion d'informations précises dans les pays d'origine sur les risques et
les coûts liés aux traversées et aux séjours irréguliers en Europe, en comptant
sur les émigrants eux-mêmes qui ont vécu ces terribles expériences.
c) La lutte contre le trafic illégal d’immigrants
Environ 90% des migrants qui atteignent les côtes
européennes le font par l'intermédiaire des mafias locales liées aux
différentes organisations du crime organisé dans le monde impliquées dans la
traite des êtres humains, le trafic de drogue ou le blanchiment d'argent. Il
faut donc envisager une approche globale, multidisciplinaire et
transfrontalière, renforçant la coopération opérationnelle pour enquêter,
poursuivre et sanctionner ces activités, surveiller leurs flux financiers et
utiliser les progrès technologiques afin de détecter la fraude dans le domaine
des documents, intensifier les mécanismes prévus dans le Plan d'action contre
la traite des migrants ainsi que dans le cadre d’Eurojust sur le trafic illicite
de migrants afin d'identifier les obstacles dans le domaine des poursuites et
de la coopération judiciaire.
d) La promotion des politiques de retour, de réadmission et
de réintégration
Une politique de retour efficace et centrée sur l'être
humain est un élément clé de dissuasion vis à vis de l'immigration irrégulière,
tant pour les immigrés que pour les mafias et les organisations criminelles
internationales. À l'heure actuelle, la politique de retour n'est pas
totalement efficace et les trafiquants le savent. Il est donc nécessaire
d'améliorer ces mécanismes appliqués par les États membres de manière très
disparate. Commençons par intensifier la coopération opérationnelle et
l'échange de bonnes pratiques entre les États-membres, les agences de l'Union
et les pays d'origine des migrants. Les États-membres devraient utiliser
davantage le potentiel de l'Agence européenne des frontières et des garde-côtes
en lui donnant le droit de rapatrier les immigrants secourus vers les ports de
pays sûrs, ainsi que le Fonds d'asile, de migration et d'intégration pour
soutenir les activités de retour. À cette fin, les ressources humaines de
Frontex devraient être augmentées, étant donné que l'objectif de 10.000 membres
en 2027 est un objectif trop éloigné. Il est également essentiel d'établir une
distinction juridique claire entre les responsabilités et les droits des ONG
humanitaires, des agences européennes et des autorités des États membres.
e) L’harmonisation du droit d'asile La crise des réfugiés a
montré que le système actuel est inadapté à répondre aux besoins. Les
demandeurs d'asile ne sont pas traités de manière uniforme d'un État membre à
l'autre. Cela encourage les déplacements secondaires, «l'asile à la demande»,
les abus concernant le système d'asile et le dépôt de demandes dans plusieurs
pays déjà saturés par la pression migratoire actuelle, ce qui a conduit
certains d'entre eux à rétablir les contrôles aux frontières intérieures. Il
est nécessaire de revoir les règles en matière d'asile pour s'assurer que les
responsabilités sont partagées et qu'aucun pays ne subit plus de pression
migratoire pour offrir de meilleures conditions. La réforme rendrait le système
d'asile plus efficace, permettant de mieux lutter contre les abus. La révision
du système devrait permettre une plus grande homogénéité dans les procédures
d'asile, dans les conditions d'obtention d'une protection internationale ainsi
que dans les conditions d'accueil. La réforme du règlement de Dublin, élément
clé du système d'asile commun, doit être menée à bien parce qu'elle détermine
quel pays est responsable.
4) Réinventer notre politique commerciale européenne pour
plus d’efficacité et d’acceptabilité
L’une des grandes priorités de la nouvelle mandature sera de
porter au mieux les intérêts commerciaux européens dans un cadre plus
transparent et démocratique. L’Union européenne doit être plus réactive
vis-à-vis des barrières douanières et exigeante quant au respect des normes. En
outre, le modèle actuel de négociation dans le plus grand secret des accords de
libre-échange par la Commission européenne n’est plus tenable. D’une part, les
citoyens se sentent dépossédés du sujet : les dirigeants valident dans
l’indifférence générale les mandats de négociation, autorisent la ratification
du traité sur les éléments relevant de la compétence de l’échelon européen,
puis suscitent un débat citoyen pour la ratification au Parlement des éléments
relevant de sa compétence. En fonction de leurs pratiques nationales, certains
États associent plus ou moins leurs Parlements et leurs opinions publiques au
cours du processus. Une réappropriation citoyenne est donc indispensable à
l’heure où le libre-échange devient un réel enjeu de société. Les propositions
du Parti Démocrate européen sont donc les suivantes :
a) Il nous faut réinventer une réappropriation citoyenne du
libre-échange en affirmant face aux opinions publiques le rôle clef du
Parlement européen comme outil de contrôle démocratique des accords (en les
ratifiant) et en associant les Parlements nationaux comme outils de contrôle
démocratique de leurs exécutifs (qui valident les mandats de négociation et les
accords négociés par la Commission). Ces débats doivent intervenir avant de
donner un mandat à la Commission, ainsi ils seront plus transparents et
constructifs. Le Parlement européen doit également imaginer des procédures
nouvelles afin de susciter un débat citoyen éclairé, respectueux de la
diversité des opinions, par exemple au travers d’une plateforme numérique
citoyenne.
b) Promouvoir, au niveau européen, des accords de nouvelle
génération :
- Qui soient de véritables outils de la transition
écologique en faisant des Accords de Paris une condition sine qua non sans
laquelle l’accord devient caduc. Cela constituera un coût direct pour tous ceux
qui trahiront leurs engagements pour le climat et traduira l’engagement de la
communauté européenne : le libre-échange oui, mais pas n’importe lequel.
-Qui soient plus exigeants encore au niveau environnemental
vis à vis des pays développés. Les accords de libre-échange concernés doivent avoir
un impact environnemental marginal très faible. Par exemple, en utilisant des
modes de transport et de production respectueux des enjeux environnementaux
(modes de transport par bateau à propulsion respectueuse de l’environnement - gaz
naturel par exemple -, modes de production nouveaux à faible impact, etc...).
- Qui garantissent aux États Membres le droit de confier aux
services publics les missions qu’ils déterminent.
- Qui renforcent le principe de précaution en matière de
sécurité alimentaire.
- Qui permettent aux États-membres de parler d’une seule
voix vis-à-vis des principaux acteurs sur la scène internationale (notons que
la Chine a une stratégie vers l’Europe, l’Europe présente 28 stratégies vers la
Chine.)
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