Jean-Christophe Lagarde |
Hervé Morin hait Jean-Christophe Lagarde qui le lui rend
bien.
Lorsqu’en 2012, Hervé Morin décida de se présenter à
l’élection présidentielle en tant que candidat du Nouveau centre, parti dont il
était le président, son principal adversaire s’appela Jean-Christophe Lagarde,
qui était alors son second!
Ce dernier ne cessa de railler cette candidature à laquelle
les sondages donnaient entre 0% et 1% des intentions de vote ce qui obligea
Morin à, piteusement, annoncer son retrait de la course à l’Elysée et à
ressentir une éternelle et violente rancune vis-à-vis de Lagarde (ce qui n’était
pas difficile vue son dégoût extrême et intense déjà présent de celui-ci).
Quant un journaliste connaissant peu ses dossiers demanda à
Hervé Morin pourquoi il avait décidé de rallier la liste de Laurent Wauquiez et
de LR pour les élections européennes de mai prochain et non celle de l’UDI, le
bonhomme lâcha son venin en expliquant qu’il ne comprenait pas comment Jean-Christophe
Lagarde pouvait maintenir sa liste alors qu’elle ne faisait qu’1% (à l’époque
où il fit cette remarque, 2% actuellement…).
Et il ajouta, comme quoi la blessure profonde n’avait
absolument pas cicatrisée, que le même Lagarde lui avait conseillé maintes et
maintes fois de se retirer de la présidentielle de 2012 parce qu’il ne faisait
qu’un ridicule 1% des intentions de vote…
Cette anecdote qui fait partie de cette minable histoire de
jalousies, de ressentiments, de rancœurs, d’hostilités, d’ambitions contrariées
de l’un à cause de l’autre et inversement, d’insultes et de menaces entre deux
hommes qui ont pourtant appartenu successivement ensemble à l’UDF, au Nouveau
centre et à l’UDI avant que Morin ne s’en aille former son groupuscule Les
centristes (toute ressemblance avec un parti centriste serait une escroquerie)
qui a décidé de devenir un appendice de Les républicains, ne serait d’aucun
intérêt si elle ne montrait l’incapacité de cette branche du Centre à se forger
un réel avenir et une réelle identité et n’expliquait pourquoi lentement mais
sûrement l’UDI se rapproche dangereusement d’un précipice qui, si elle s’y écrase,
sera sans doute son tombeau.
Car, oui, la liste des «Européens» comme Lagarde a décidé de
rebaptiser celle de l’UDI
(en repiquant le nom de
la liste commune UDI-MoDem de 2014!) pour tenter de lui donner une image plus «bankable»
dans l’opinion est, pour l’instant un flop qui ressemble étrangement à celui de
la candidature de Morin en 2012.
Elle dit, en creux, que l’UDI est décidément un parti qui
n’a une existence que parce qu’il noue des alliances avec des plus forts que
lui qui lui permettent d’exister et d’avoir des députés (en l’occurrence LR
lors des dernières législatives de 2017).
Mais pourquoi son président, connaissant la faiblesse
intrinsèque de sa formation a-t-il tout de même décidé de présenter une liste
alors qu’il avait refusé de présenter un candidat à la présidentielle de 2017
(soutenant François Fillon)?
La réponse se trouve, en partie, dans cette absence de 2017
qui fit passer l’UDI pour une petite formation qui n’est pas capable d’aller au
combat de la principale élection de la V° République pour affirmer, ad minima,
son existence (comme le font beaucoup d’autres partis n’ayant aucune chance de
l’emporter) et de n’avoir rien à dire de capital au peuple français.
Et ce, alors même que Lagarde s’était fait élire président
de l’UDI (face à Morin…) sur la promesse d’une candidature en 2017.
Dès lors, il fallait qu’il accomplisse un acte de bravoure
qui, selon son analyse… ne coûterait pas grand-chose.
En effet, il a beau clamé que l’Union européenne est notre
avenir (ce qui est vrai) et que ces élections européennes sont importantes (ce
qui est juste), il pense qu’un score minable n’aura pas les conséquences qu’il
aurait en cas de présidentielle ou de législatives.
Mais il n’a peut-être pas raison.
En effet, pour parvenir à allécher le chaland électeur,
Lagarde a repris sa mauvaise habitude de l’agressivité, de l’insulte, de la
contrevérité (qui étaient déjà ce que lui reprochait Morin…).
Mais celles-ci ne sont pas dirigées en premier lieu contre
les ennemis de l’UE mais contre sa propre famille politique, le Centre et la
droite modérée.
Ainsi, il ne se passe pas de jours sans qu’il ne critique
ouvertement La république en marche, le Mouvement démocrate, Agir, les
juppéistes pro-Macron (comme la tête de liste LREM-Modem, Nathalie Loiseau
estimant que sa candidature est «une mauvaise décision pour le France», rien de
moins!), le Mouvement radical, pensant qu’en faisant cela il récupèrera des
voix.
Une stratégie quelque peu suicidaire puisque, petit à petit,
il s’enferme dans une opposition à son propre camp!
Et sans possibilité autre que de nouer pour les prochaines
élections nationales, sans se renier totalement des propos tenus actuellement
(malheureusement, il sait le faire!), avec LR dont il affirme qu’il est devenu
un parti de droite radicale qui flirte avec les idées lepénistes.
Dès lors, alors qu’il avance vers le précipice, Lagarde
espère qu’un miracle politique va se produire et transformer sa citrouille à
moitié pourrie des 2% d’intentions de vote en un minimum de 5% de carrosse d’or
et de pierres précieuses qui lui permettra d’avoir des élus au Parlement européen
et de clamer victoire…
Mais s’il demeure aux étiages actuels, qu’il continue ses
attaques frontales contre son propre camp et qu’il ne retire pas sa liste in
fine, il risque de devoir en payer le prix cash et l’UDI son existence.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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