Grâce au duo Poutine-Trump qui occupe le devant de la scène
médiatique par ses frasques (et les bribes de conclusions du rapport Mueller
qui viennent d’être rendues publiques ne changeront rien à l’affaire), monsieur
Xi – profession: dictateur chinois et en villégiature actuelle en Europe dont
la France – a, dans l’ombre, les mains libres dans son pays mais aussi pour ses
visées impérialistes et la domination économique mondiale malgré les
inquiétudes jamais suivies d’actes forts de la part des démocraties
occidentales.
Il ne faudrait pas oublier un des pires dictateurs de la
planète, en tout cas le plus dangereux parce que son pays est la deuxième
puissance mondiale, même si son économie connait quelques difficultés en ce
moment, possède la population la plus nombreuse avec une armée pléthorique (et
un déficit de femmes par rapport aux hommes dans la population qui rend,
l’Histoire fourmille d’exemples, un pays plus agressif) ainsi que l’arme
nucléaire et que son ambition ouvertement proclamée est de dominer le monde
comme la Chine le faisait avant que les puissances occidentales l’humilient, il
ne faut jamais oublier cette dimension de revanche présente chez nombre de ses
compatriotes.
Pour y parvenir, il faut une propagande d’accompagnement qui
puisse fédérer une population et donner une image, si ce n’est positive en tout
cas forte, du pays à l’extérieur.
Cette propagande repose aujourd’hui sur deux piliers: le
«rêve chinois» et la pensée de Confucius.
Sauf que la notion de rêve et la personne de Confucius sont
entièrement instrumentalisées par monsieur Xi par le biais d’une supercherie
intellectuelle et politique complète en regard de la société totalitaire qu’il
est en train de mettre en place.
Surtout attachée à la terre de tous les possibles,
l’Amérique, la notion de rêve dans le débat politique avait, jusqu’à présent,
une signification heureuse et une portée universelle (quelle que soit la
réalité concrète du rêve américain).
Or le rêve chinois de monsieur Xi est avant tout
nationaliste et impérialiste puisqu’il s’agit de redonner à la Chine la place
qu'elle «mérite» dans le monde, c'est-à-dire la première.
En outre, monsieur Xi a décidé de momifier une nouvelle fois
Confucius en en faisant le guide de son
nouveau pouvoir dictatorial basé sur sa soi-disant «société harmonieuse».
En cela, il ne fait que suivre les empereurs chinois qui
érigèrent le confucianisme en doctrine d’Etat pour leur assurer le pouvoir,
c’est-à-dire une idéologie qui a détourné grandement le message du sage philosophe
du pays de Lu.
Quelle ironie de l’Histoire, par ailleurs, puisque le modèle
indépassable de monsieur Xi, Mao, tenta d’éradiquer la pensée du maitre Kong
(Kongfuzi, son nom chinois) de la république démocratique de Chine comme
«contre-révolutionnaire»…
Mais la ruse des pouvoirs communistes, comme tout pouvoir
totalitaire, est bien connue et documentée.
Lénine et Staline en leur temps ne se privèrent pas de
contradictions idéologiques pour affermir leur pouvoir, voire firent semblant
d’être ce qu’ils n’avaient jamais été et ne furent jamais.
Ils instrumentalisèrent ainsi quelques gloires nationales
comme Léon Tolstoï à l’instar de ce que fait Xi en Chine actuellement.
Si l’on doit dénoncer cette récupération éhontée de celui
qui est aussi appelé le père de l’«humanisme chinois», c’est parce que celui-ci
avait une vision équilibrée du fonctionnement d’une société humaine développant
dans un certain sens une vision proto-centriste de la vie en commun.
Son milieu est ainsi très proche d’un autre lointain ancêtre
des centristes, Aristote, qui développa son juste milieu dans le cadre de sa
médéité.
Si Confucius à des héritiers, ils se trouvent plutôt au
centre de l’échiquier politique que dans les maîtres d’une société totalitaire…
Rappelons aussi que Confucius prônait la destitution des
gouvernants lorsqu’ils ne remplissaient pas leur rôle, principe que monsieur Xi
n’est pas prêt de mettre en œuvre…
Rien à voir donc avec le monde fermé que nous propose
aujourd’hui le Parti communiste chinois arcbouté sur son pouvoir et la peur de
la parole libre.
Un monde qui est l’antinomie de ce que les centristes veulent
mettre en place dans la cadre d’une mondialisation humaniste qui est aux
antipodes de la «nouvelle route de la soie» que Beijing es en train de bâtir
pour assoir sa domination mondiale future et à laquelle trop de pays ont déjà
succombés, le dernier en date étant l’Italie…
La Chine est assurément un grand pays et possède une
civilisation rayonnante mais monsieur Xi est un tout petit personnage aux
ténébreux desseins.
Comme nous le rappelle la sinologue Anne Cheng, «l’idéal que
propose Confucius est ‘l’homme de bien’».
Toute ressemblance avec monsieur Xi serait une usurpation d’identité.
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