Hervé Marseille |
Le bureau du Sénat a donc décidé de transmettre à la justice
le cas de cinq personnes dans le cadre de la commission d’enquête qu’il avait
créée dans le cadre de l’«affaire» Benalla et de ses conclusions.
Si cela était attendu et normal au vu des investigations de
la haute assemblée pour Alexandre Benalla et Vincent Crase, les deux
protagonistes de l’affaire au vu de leurs propos et de leurs actes, la mise en cause
de trois proches d’Emmanuel Macron, dont le secrétaire général de l’Elysée, Alexis
Kohler, sans aucune preuve, est dénoncée par l’ensemble de la majorité mais aussi
des centristes comme une vulgaire manœuvre politicienne ourdie par les partis LR
et PS dans une improbable alliance afin de se payer le Président de la République,
manœuvre qui sent bon la vengeance plutôt que la responsabilité d’élus de la nation.
Dans ce cadre, Hervé Marseille, président (UDI) de l’Union centriste,
groupe qui rassemble au Sénat les élus UDI et MoDem ainsi que quelques autres, s’élève
contre cette décision qu’il estime partisane et qui risque de plomber le climat
politique.
Voici ses propos tenus sur le site internet de Public Sénat:
Quelle est votre
réaction après la décision du bureau du Sénat de transmettre à la justice les
cas d’Alexis Kohler, Patrick Strzoda et celui du général Lavergne?
Je prends acte de la décision du bureau, que je respecte. Il
a pris une décision. J’ai toujours soutenu l’action de la commission d’enquête
et le travail fait par le président Bas et les rapporteurs sur leurs
conclusions relatives à Alexandre Benalla et Vincent Crase. En revanche, je
continue de penser que la mise en responsabilité d’un certain nombre d’autres
responsables n’était pas indispensable, ni justifiée. Je regrette un peu qu’on
ait été jusque-là.
Pensez-vous que cette
décision va mette à mal les relations entre le Sénat et l’Elysée?
Je n’en sais rien, mais j’espère que non. En tout état de
cause, mes amis ont voté contre cette décision, contrairement à une alliance de
circonstance entre les LR et les socialistes.
Cela va-t-il
compliquer les discussions sur la réforme constitutionnelle?
Je ne le souhaite pas. C’est l’intérêt du pays de trouver
les solutions aux problèmes institutionnels. Les institutions sont
indépendantes des humeurs et des sentiments des uns et des autres. La
responsabilité institutionnelle des deux chambres du Parlement, et au sommet de
l’Etat, c’est de contribuer à faire naître des solutions aux problèmes du pays.
C’est ce qu’on attend de nous et pas des chicayas entre les uns et les autres.
Le président du
groupe LR, Bruno Retailleau, a poussé pour la transmission, alors que vous vous
y êtes opposé. Les votes au sein du bureau montrent que les LR ont voté pour.
Cette décision aura-t-elle des conséquences pour la majorité sénatoriale?
Ce n’est pas notre volonté. Mais le président de la
commission d’enquête pouvait saisir directement le parquet sur ses convictions,
concernant la responsabilité des uns et des autres. Je regrette qu’on ait
entraîné le bureau du Sénat dans une démarche comme celle-là.
Etes-vous surpris de
la décision des sénateurs LR du bureau, ou vous y attendiez-vous?
Nous, on est indépendant, on est libre et on a manifesté
notre liberté de penser. Quand on veut faire de la politique, on le fait devant
les électeurs et pas au prétoire.
La décision du bureau
est-elle juridique ou politique à vos yeux?
Je ne suis pas membre du bureau. Je veux croire que la
décision avait un fondement juridique. Dans tous les cas, elle aura des
conséquences politiques.
En transmettant
l’ensemble des cas à la justice, le Sénat ne renforce-t-il pas son rôle de
contre-pouvoir?
Le Sénat a montré qu’il était en situation de faire les
choses de façon indépendante, de contrôler l’exécutif. C’est tout à son honneur
et celui de la commission d’enquête. Ce qui est superfétatoire, c’est d’être
allé jusqu’à un certain nombre de mises en cause.
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