Dans un entretien au quotidien Le Parisien, le délégué général
de LREM, Stanislas Guerini, explique les propositions que le parti majoritaire va
faire à l’issue du Grand débat national voulu par Emmanuel Macron.
Le contenu de cette contribution sera dévoilée aujourd’hui et
elle est un élément pour aider le Chef de l’Etat à faire des propositions concrètes
dans les prochains mois comme l’explique le ministre Sébastien Lecornu dans les
colonnes du JDD:
«En avril, Emmanuel Macron clôturera le grand débat et
précisera sa vision en donnant les grands axes de réponse et le sens de la
direction à suivre pour le gouvernement. Au début du débat, dans sa lettre, ses
questions étaient précises, ses réponses le seront aussi. (…) Après le temps du
débat, après le temps du constat, cette prise de parole marquera le temps des
propositions et de l’action, qui se déploieront jusqu’à l’été»
Voici l’entretien de Stanislas Guerini au Parisien:
Qu’avez-vous,
en tant que patron de la République en Marche, retenu de cette crise des Gilets
jaunes?
Une
partie des Français a exprimé des difficultés très concrètes, qui concernent
d’abord leur famille. Ils pensent que les choses seront pires pour leurs
enfants, et ils s’inquiètent pour leurs aînés. Il y a aussi la peur du
déclassement territorial, d’une France à deux vitesses, le sentiment qu’il y
aurait d’un côté les grandes villes où tout va bien, et de l’autre le reste du
territoire où ce serait l’inverse. Et enfin d’une crise écologique. Ce qui
résume tout cela, c’est le sentiment d’avoir perdu la main sur son destin
individuel et collectif, d’être victime d’une société de l’immobilité. Quand on
est dans la pauvreté, on reste dans la pauvreté. Pour résoudre tous ces
problèmes, il faut réformer avec les Français, en plaçant le citoyen au cœur de
notre action.
Que
préconise votre parti pour replacer le citoyen au centre du jeu?
Il
y a une première réponse à apporter sur la fabrique démocratique. La démocratie
représentative doit sortir renforcée du grand débat. Mais on a tous pu
constater qu’elle doit pour cela être renouvelée. Il est donc nécessaire de
mieux associer les citoyens, de leur donner beaucoup plus de pouvoir
d’initiative et de les faire contribuer à la fabrique de la loi. Nous allons
suggérer d’instaurer des propositions de lois d’initiative citoyenne: dès qu’un
sujet mobilise un certain seuil de citoyens, un million par exemple, un projet
de loi est élaboré par une conférence de consensus de citoyens tirés au sort,
avant d’être examiné par l’Assemblée.
Mais
vous ne préconisez pas de référendum à l’issue du grand débat?
J’avoue
être un peu dubitatif sur cet aspect-là. Je privilégie des réponses plus
pérennes. On envisage par exemple de renforcer la démocratie représentative
avec une meilleure prise en compte du vote blanc. Nous proposons également de
renforcer le pouvoir de contrôle de l’Assemblée nationale. Les députés doivent
pouvoir s’assurer que les lois sont bien exécutées.
Le
malaise des retraités a aussi nourri la crise des Gilets Jaunes. Que faire?
Il
faut revenir sur la sous-indexation des pensions pour les retraités les plus
modestes. Pour ceux-là, les retraites doivent être réindexées à l’inflation.
La
fiscalité est une question centrale. Allez-vous proposer un big bang fiscal ?
Le
grand débat ne peut pas déboucher sur autre chose que sur notre engagement de
campagne, à savoir la baisse des impôts. Pour répondre au besoin de justice des
Français, une des solutions, c’est d’aller au-delà du programme présidentiel et
de supprimer la taxe d’habitation pour 100% des Français. C’est un impôt
injuste pour tous les Français. Mais, pour donner du sens et de la justice
sociale, cette suppression pourrait être liée à une augmentation de l’impôt sur
la fortune immobilière qui pèse sur les plus gros patrimoines immobiliers. On
souhaite aussi taxer les Français expatriés dans des pays où il n’existe pas de
convention fiscale avec la France, particulièrement pour les résidents dans les
paradis fiscaux.
Envisagez-vous
aussi de taxer davantage les successions sur les gros patrimoines?
C’est
un sujet extrêmement sensible, qui méritera une validation par le suffrage
universel. On ne propose pas d’alourdir cet impôt mais de le rendre plus juste.
A court terme, nous préconisons plutôt de favoriser les donations du vivant,
pour réinjecter plus rapidement cet argent dans l’économie.
A
titre individuel, vous n’étiez pas hostile à une réactivation de la taxe
carbone. Cela figure-t-il dans les propositions d’En Marche ?
La
question de la taxe carbone n’est pas taboue. Mais c’est inenvisageable de
l’augmenter aujourd’hui sur les carburants des voitures, qui sont déjà très
chers. Cette hausse devrait en revanche porter sur toutes les autres énergies
fossiles. Il faudrait notamment l’appliquer au transport aérien et maritime,
mais pour y parvenir, cela nécessitera une prise de décision européenne. Enfin,
il faudrait que cette taxe soit 100% affectée à la transition écologique.
Le
bilan écologique du quinquennat est critiqué. Est-ce un sujet qu’En Marche veut
porter?
Nous
sommes résolument offensifs sur l’écologie. Mais cette mutation de société ne
se fera que si on sait emmener les citoyens dans cette transition écologique.
On a évidemment compris que l’accompagnement social devait être au cœur de
tout. Nous préconisons donc de pousser des mesures beaucoup plus concrètes.
Nous allons par exemple proposer à nos concitoyens les plus modestes, y compris
en zone rurale, de louer des véhicules peu polluants à moins de 50 € par mois.
Que l’État soit opérateur de ce service et fasse des délégations de service
public.
Lors
des grands débats, les élus sont souvent décriés par les citoyens. Quelles
réponses pouvez-vous apporter ?
Il
y a un besoin d’exemplarité. On doit mettre fin au cumul d’un mandat
parlementaire avec une activité professionnelle. Je plaiderai aussi pour qu’on
rende public la structure des dons des partis politiques. Pas forcément
dévoiler les noms, mais dire s’il y a des grands donateurs ou des petits
donateurs.
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