dimanche 10 mars 2019

Actualités du Centre. Grand débat: les propositions de LREM contre l’«immobilité» de la société et pour reprendre la main sur notre «destin»

Dans un entretien au quotidien Le Parisien, le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, explique les propositions que le parti majoritaire va faire à l’issue du Grand débat national voulu par Emmanuel Macron.
Le contenu de cette contribution sera dévoilée aujourd’hui et elle est un élément pour aider le Chef de l’Etat à faire des propositions concrètes dans les prochains mois comme l’explique le ministre Sébastien Lecornu dans les colonnes du JDD:
«En avril, Emmanuel Macron clôturera le grand débat et précisera sa vision en donnant les grands axes de réponse et le sens de la direction à suivre pour le gouvernement. Au début du débat, dans sa lettre, ses questions étaient précises, ses réponses le seront aussi. (…) Après le temps du débat, après le temps du constat, cette prise de parole marquera le temps des propositions et de l’action, qui se déploieront jusqu’à l’été»

Voici l’entretien de Stanislas Guerini au Parisien:

Qu’avez-vous, en tant que patron de la République en Marche, retenu de cette crise des Gilets jaunes?
Une partie des Français a exprimé des difficultés très concrètes, qui concernent d’abord leur famille. Ils pensent que les choses seront pires pour leurs enfants, et ils s’inquiètent pour leurs aînés. Il y a aussi la peur du déclassement territorial, d’une France à deux vitesses, le sentiment qu’il y aurait d’un côté les grandes villes où tout va bien, et de l’autre le reste du territoire où ce serait l’inverse. Et enfin d’une crise écologique. Ce qui résume tout cela, c’est le sentiment d’avoir perdu la main sur son destin individuel et collectif, d’être victime d’une société de l’immobilité. Quand on est dans la pauvreté, on reste dans la pauvreté. Pour résoudre tous ces problèmes, il faut réformer avec les Français, en plaçant le citoyen au cœur de notre action.
Que préconise votre parti pour replacer le citoyen au centre du jeu?
Il y a une première réponse à apporter sur la fabrique démocratique. La démocratie représentative doit sortir renforcée du grand débat. Mais on a tous pu constater qu’elle doit pour cela être renouvelée. Il est donc nécessaire de mieux associer les citoyens, de leur donner beaucoup plus de pouvoir d’initiative et de les faire contribuer à la fabrique de la loi. Nous allons suggérer d’instaurer des propositions de lois d’initiative citoyenne: dès qu’un sujet mobilise un certain seuil de citoyens, un million par exemple, un projet de loi est élaboré par une conférence de consensus de citoyens tirés au sort, avant d’être examiné par l’Assemblée.
Mais vous ne préconisez pas de référendum à l’issue du grand débat?
J’avoue être un peu dubitatif sur cet aspect-là. Je privilégie des réponses plus pérennes. On envisage par exemple de renforcer la démocratie représentative avec une meilleure prise en compte du vote blanc. Nous proposons également de renforcer le pouvoir de contrôle de l’Assemblée nationale. Les députés doivent pouvoir s’assurer que les lois sont bien exécutées.
Le malaise des retraités a aussi nourri la crise des Gilets Jaunes. Que faire?
Il faut revenir sur la sous-indexation des pensions pour les retraités les plus modestes. Pour ceux-là, les retraites doivent être réindexées à l’inflation.
La fiscalité est une question centrale. Allez-vous proposer un big bang fiscal ?
Le grand débat ne peut pas déboucher sur autre chose que sur notre engagement de campagne, à savoir la baisse des impôts. Pour répondre au besoin de justice des Français, une des solutions, c’est d’aller au-delà du programme présidentiel et de supprimer la taxe d’habitation pour 100% des Français. C’est un impôt injuste pour tous les Français. Mais, pour donner du sens et de la justice sociale, cette suppression pourrait être liée à une augmentation de l’impôt sur la fortune immobilière qui pèse sur les plus gros patrimoines immobiliers. On souhaite aussi taxer les Français expatriés dans des pays où il n’existe pas de convention fiscale avec la France, particulièrement pour les résidents dans les paradis fiscaux.
Envisagez-vous aussi de taxer davantage les successions sur les gros patrimoines?
C’est un sujet extrêmement sensible, qui méritera une validation par le suffrage universel. On ne propose pas d’alourdir cet impôt mais de le rendre plus juste. A court terme, nous préconisons plutôt de favoriser les donations du vivant, pour réinjecter plus rapidement cet argent dans l’économie.
A titre individuel, vous n’étiez pas hostile à une réactivation de la taxe carbone. Cela figure-t-il dans les propositions d’En Marche ?
La question de la taxe carbone n’est pas taboue. Mais c’est inenvisageable de l’augmenter aujourd’hui sur les carburants des voitures, qui sont déjà très chers. Cette hausse devrait en revanche porter sur toutes les autres énergies fossiles. Il faudrait notamment l’appliquer au transport aérien et maritime, mais pour y parvenir, cela nécessitera une prise de décision européenne. Enfin, il faudrait que cette taxe soit 100% affectée à la transition écologique.
Le bilan écologique du quinquennat est critiqué. Est-ce un sujet qu’En Marche veut porter?
Nous sommes résolument offensifs sur l’écologie. Mais cette mutation de société ne se fera que si on sait emmener les citoyens dans cette transition écologique. On a évidemment compris que l’accompagnement social devait être au cœur de tout. Nous préconisons donc de pousser des mesures beaucoup plus concrètes. Nous allons par exemple proposer à nos concitoyens les plus modestes, y compris en zone rurale, de louer des véhicules peu polluants à moins de 50 € par mois. Que l’État soit opérateur de ce service et fasse des délégations de service public.
Lors des grands débats, les élus sont souvent décriés par les citoyens. Quelles réponses pouvez-vous apporter ?
Il y a un besoin d’exemplarité. On doit mettre fin au cumul d’un mandat parlementaire avec une activité professionnelle. Je plaiderai aussi pour qu’on rende public la structure des dons des partis politiques. Pas forcément dévoiler les noms, mais dire s’il y a des grands donateurs ou des petits donateurs.


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