Dans un entretien au Figaro (à lire ci-dessous), Jean-Pierre
Raffarin, toujours membre de LR, chef de file des modérés du parti de droite et
ancien premier ministre de Jacques Chirac a décidé d’apporter son soutien à la
liste centriste LREM/MoDem pour les prochaines européennes, affirmant que le projet
d’Emmanuel Macron est «le plus abouti» et déclarant, «c’est donc le projet du
président que je soutiendrai sans aucune hésitation».
De son côté, le parti de la droite libérale, Agir, a décidé
d’être présente sur la liste LREM/MoDem comme en témoigne le communiqué publié
et signé par son chef de file, Franck Riester (à lire ci-dessous).
Enfin, lors de son congrès du 9 mars, le Mouvement radical
présidé par Laurent Hénart, devrait lui aussi annoncer son alliance avec LREM
et le Modem pour le scrutin de mai prochain.
On peut considérer que, dès à présent, cette liste est celle de l'axe central.
Extraits de
l’entretien de Jean-Pierre Raffarin au Figaro:
- Vous attendiez «les principales options du président quant
au projet, à la liste et aux alliances» pour annoncer votre choix aux
européennes. Savez-vous quelle liste vous soutiendrez?
Je ne dispose que du texte écrit par le président. Mais il
s’agit du projet européen le plus abouti. J’adhère au constat, à la vision et
au projet. C’est donc le projet du président que je soutiendrai sans aucune
hésitation; un projet fondé sur un constat lucide d’extrême gravité du monde,
avec une vision ambitieuse, de renaissance européenne, avec une volonté de
progrès sociale et libérale. C’est la trace de la France en Europe. L’intuition
que nous avions eue avec Alain Juppé, après le discours de la Sorbonne
d’Emmanuel Macron, se confirme aujourd’hui. Je suis constant. Je me mobilise
pour l’essentiel. La question européenne impose le rassemblement car la
situation actuelle de l’Europe me fait craindre le pire.
- Sur quels aspects de cette tribune vous retrouvez-vous en
particulier?
Je trouve la tribune d’Emmanuel Macron bien dosée entre
visions et actions concrètes, avec de bonnes idées comme «la Banque européenne
du climat», «le traité de défense et de sécurité» ou «la police commune des
frontières». Il y a ce qu’il faut d’audace et de protection. Et je suis fier
que le président français prenne cette position dans toute la presse
européenne. C’est la France que j’aime! Entre attention aux citoyens et
ambition pour l’Europe.
- Pourquoi ce choix plutôt qu’un soutien à la liste LR,
votre famille politique?
L’action européenne est davantage entre les mains de
l’exécutif, au Conseil européen, que dans celles des partis. Aujourd’hui,
affaiblir le président français, c’est affaiblir la France. Il ne s’agit pas
pour moi d’un engagement de politique intérieure, mais d’une réponse à la
menace de déconstruction qui pèse sur l’Union européenne dans un monde
extrêmement dangereux. C’est donc avec Emmanuel Macron qu’il faut construire
notre riposte.
- Votre soutien à LREM vaut-il désormais pour toutes les
élections?
Il ne s’agit pas d’adhérer à LREM. Je reste partisan pour la
France d’un centre-droit fort. Et je souhaite qu’après les européennes, on prépare
ce qui pourrait être l’Epinay de la droite et du centre en rassemblant toutes
les chapelles et toutes les personnalités de la droite et du centre: celles de
LR, comme Gérard Larcher, Valérie Pécresse, Bruno Retailleau, François Baroin,
Christian Estrosi, et celles en dehors de LR, comme Xavier Bertrand, Dominique
Bussereau, Franck Riester… Avec les autres fondateurs de l’UMP, nous avions
réussi à rassembler dans la diversité. A droite, dans le passé, nous avons
souvent été dispersés aux européennes. Cela ne nous a pas empêchés de nous
rassembler dans les grandes circonstances nationales.
- Ferez-vous activement campagne pour les européennes?
Comment?
Je m’engagerai dans cette campagne des européennes avec
beaucoup de convictions. Je crois la situation grave. L’Europe est travaillée
par des forces négatives intérieures, comme le Brexit, et des forces
extérieures. Je pense aux grandes puissances qui envisagent le monde avec une
Europe éclatée. Le président américain n’est pas le dernier dans cette
catégorie.
- Les Républicains s’inquiètent d’un duo-duel entre Emmanuel
Macron et les extrêmes. Partagez-vous cette inquiétude?
Je ne crois pas à la disparition des clivages gauche-droite.
C’est pour ça que je souhaite le rassemblement du centre et de la droite pour
l’avenir. Je pense qu’il est possible de constituer une coalition sur un
programme, comme c’est le cas en Allemagne. Ma vision n’est pas celle d’une
fusion mais d’une coalition. Raison pour laquelle je souhaite que la liste LREM
soit une liste de rassemblement, élargie à d’autres courants de pensée, et
notamment le centre-droit.
- Qui voyez-vous comme leader de ce rassemblement du
centre-droit?
Il y a de nombreux leaders. Ils sont au travail. On verra
les résultats.
- Mais voyez-vous Emmanuel Macron comme leader de ce rassemblement?
Emmanuel Macron peut être fédérateur. Une partie de nos
électeurs a voté Macron en 2017. Mais le centre-droit a une existence propre et
un projet précis. C’est pour cela que nous avons, sur la politique intérieure,
un certain nombre de divergences avec le chef de l’État, comme sur les
questions de décentralisation ou de fiscalité.
Communiqué d’Agir:
Pour beaucoup de citoyens de l’Union européenne, notamment
les plus jeunes, la paix et la prospérité que nous connaissons depuis plusieurs
décennies en Europe sont, en quelque sorte, un « acquis ». Et nombreux sont
ceux pour qui cette même Europe est devenue une entité abstraite,
technocratique et insaisissable, qui ne saurait pas les protéger des dangers du
monde: le terrorisme, les grandes migrations, le changement climatique, les
conséquences du dumping social, la sécurité sanitaire, etc. Ce rejet de l’Union
européenne semble progresser sans barrage.
Que des générations, qui n’ont pas connu la guerre, peinent
à reconnaître ces deux réussites majeures de l’Europe que sont la paix et la
prospérité, doit nous rappeler à deux devoirs fondamentaux: défendre ce qui a
été construit depuis plus d’un demi-siècle, mais aussi et surtout donner un
nouveau souffle à l’Europe, capable d’entraîner avec lui de nouvelles
générations autour d’un projet commun, refondé.
Le projet présenté aujourd’hui par le Président de la République
répond à ces grands enjeux: rassembler et renouveler. Nous nous reconnaissons
dans cette démarche, dont l’objectif affiché est de permettre l’existence, au
Parlement européen, d’une force politique qui défende l’Europe, qui soit fidèle
au projet des pères fondateurs tout en étant résolument tournée vers l’avenir
et les réalités du monde qui nous entoure.
Pour rester maîtres de notre destin, l’Europe doit
impérativement s’affirmer comme une puissance souveraine et unie, à chaque fois
que l’action de ses États membres ne peut pas suffire à elle seule à assurer
l’avenir de ses citoyens : développement des technologies majeures à venir,
sécurité des frontières, lutte contre le terrorisme et transition énergétique.
Comme à chaque période de « basculement du monde », le
succès de cette entreprise oblige au courage de faire des propositions qui ne
sont pas une simple amélioration de l’existant mais l’expression d’une grande
aspiration ; oblige à l’écoute des attentes profondes des peuples afin que ces
propositions puissent produire des résultats concrets améliorant leur quotidien;
oblige à l’expression d’une certaine part de rêve nécessaire à la mobilisation
des énergies humaines.
Ce sont ces nécessités auxquelles répond le projet présenté
aujourd’hui par le Président de la République, et c’est pourquoi nous nous y reconnaissons.
En tant que parti de droite pro européen, il est de notre responsabilité de
participer au rassemblement qui assurera la victoire de ces convictions, en
élisant des députés qui soutiendront cette démarche et permettront cette
renaissance de l’Europe.
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