samedi 23 mars 2019

Actualités du Centre. «Affaire» Benalla: Ferrand, le président de l’Assemblée, dénonce «une décision purement politicienne»

Richard Ferrand
Dans un entretien au Figaro, Richard Ferrand s’en prend à la décision prise par le bureau du Sénat et leurs représentants LR et PS, d’incriminer des proches du chef de l’Etat sans aucune preuve dans l’«affaire Benalla».
Le président de l’Assemblée nationale estime celle-ci de «purement politicienne» et de volonté «d’instrumentaliser» «l’autorité judiciaire» mais rappelle son attachement au parlementarisme.

Extraits de son interview:

- Quelle est votre première réaction à la saisine de la justice par le Sénat?
D'abord, je tiens à rappeler que je suis attaché au respect de l'indépendance de chaque institution parlementaire. Toutefois, le cheminement du Sénat est tortueux et choquant. Dans sa propre décision, le bureau du Sénat indique qu'il ne dispose pas de suffisamment d'éléments pour suspecter de faux témoignages les collaborateurs du président de la République… mais que, pour autant, il juge nécessaire de saisir la justice quand même! Etant donné qu'il n'y a rien, ni en fait ni en droit, il s'agit donc d'une décision purement politicienne.
- Etes-vous inquiet par les suites que la justice peut donner à cette affaire?
La séparation des pouvoirs implique précisément que je n'ai strictement rien à dire sur ce que la justice a à faire. J'ajoute simplement que, lorsque l'on écrit soi-même que l'on a aucun élément de nature à justifier une saisine de la justice, mais qu'on le fait quand même pour tenter d'atteindre l'Elysée, on ne respecte pas beaucoup l'autorité judiciaire; on lui refile le mistigri pour essayer de l'instrumentaliser.
Les collaborateurs cités par le Sénat doivent-ils démissionner?
Quelle idée! Il s'agit de grands serviteurs de l'Etat  à ne pas confondre avec des parjures. Aujourd'hui, d'autres se servent au contraire des institutions pour les mettre en cause. Au fond, nous sommes entrés dans une sorte de danse du scalp autour du président de la République, que l'on cherche en vain à affaiblir. Nous assistons à une attaque qui est d'une agressivité inédite et une atteinte directe à la séparation des pouvoirs.
- Considérez-vous que le Sénat s'est transformé en un tribunal politique?
Depuis le début du quinquennat, l'Assemblée nationale et le Sénat ont montré leur volonté d'exercer, plus que par le passé, leur mission de contrôle de l'exécutif. Et c'est une très bonne chose. Mais la mission de contrôle du Parlement est faite pour piloter l'action publique, pas pour pilonner la République. Elle doit permettre d'éclairer notre vie démocratique, et non pas de faire des coups politiciens. Tout le monde connaît la valeur des trois hauts fonctionnaires qui sont cités. Ils ont toujours servi la République. Or le rapport indique qu'ils n'ont rien fait, mais qu'on va quand même saisir la justice pour s'en assurer! Cela veut bien dire que l'idée est de délivrer une attaque frontale dans un contexte où ce n'est vraiment pas utile. Je le déplore. L'utilisation d'instruments démocratiques à des fins politiciennes abaisse le Parlement. Les pouvoirs qui composent la République doivent agir dans le respect et la séparation des prérogatives de chacun.


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