Richard Ferrand |
Dans un entretien au Figaro, Richard Ferrand s’en prend à la
décision prise par le bureau du Sénat et leurs représentants LR et PS, d’incriminer
des proches du chef de l’Etat sans aucune preuve dans l’«affaire Benalla».
Le président de l’Assemblée nationale estime celle-ci de «purement
politicienne» et de volonté «d’instrumentaliser» «l’autorité judiciaire» mais rappelle
son attachement au parlementarisme.
Extraits de son interview:
- Quelle est votre première réaction à la saisine de la
justice par le Sénat?
D'abord, je tiens à rappeler que je suis attaché au respect
de l'indépendance de chaque institution parlementaire. Toutefois, le
cheminement du Sénat est tortueux et choquant. Dans sa propre décision, le
bureau du Sénat indique qu'il ne dispose pas de suffisamment d'éléments pour
suspecter de faux témoignages les collaborateurs du président de la République…
mais que, pour autant, il juge nécessaire de saisir la justice quand même! Etant
donné qu'il n'y a rien, ni en fait ni en droit, il s'agit donc d'une décision
purement politicienne.
- Etes-vous inquiet par les suites que la justice peut
donner à cette affaire?
La séparation des pouvoirs implique précisément que je n'ai
strictement rien à dire sur ce que la justice a à faire. J'ajoute simplement
que, lorsque l'on écrit soi-même que l'on a aucun élément de nature à justifier
une saisine de la justice, mais qu'on le fait quand même pour tenter
d'atteindre l'Elysée, on ne respecte pas beaucoup l'autorité judiciaire; on lui
refile le mistigri pour essayer de l'instrumentaliser.
Les collaborateurs cités par le Sénat doivent-ils
démissionner?
Quelle idée! Il s'agit de grands serviteurs de l'Etat à ne pas confondre avec des parjures.
Aujourd'hui, d'autres se servent au contraire des institutions pour les mettre
en cause. Au fond, nous sommes entrés dans une sorte de danse du scalp autour
du président de la République, que l'on cherche en vain à affaiblir. Nous
assistons à une attaque qui est d'une agressivité inédite et une atteinte
directe à la séparation des pouvoirs.
- Considérez-vous que le Sénat s'est transformé en un
tribunal politique?
Depuis le début du quinquennat, l'Assemblée nationale et le
Sénat ont montré leur volonté d'exercer, plus que par le passé, leur mission de
contrôle de l'exécutif. Et c'est une très bonne chose. Mais la mission de
contrôle du Parlement est faite pour piloter l'action publique, pas pour
pilonner la République. Elle doit permettre d'éclairer notre vie démocratique,
et non pas de faire des coups politiciens. Tout le monde connaît la valeur des
trois hauts fonctionnaires qui sont cités. Ils ont toujours servi la
République. Or le rapport indique qu'ils n'ont rien fait, mais qu'on va quand
même saisir la justice pour s'en assurer! Cela veut bien dire que l'idée est de
délivrer une attaque frontale dans un contexte où ce n'est vraiment pas utile.
Je le déplore. L'utilisation d'instruments démocratiques à des fins
politiciennes abaisse le Parlement. Les pouvoirs qui composent la République
doivent agir dans le respect et la séparation des prérogatives de chacun.
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