Dans son opération survie, l’UDI croit avoir trouvé la
formule miracle: devenir le parti qui unit les centristes et les droitistes.
Cela ne vous rappelle rien?
C’était le projet de l’UMP créée en 2002 par Alain Juppé et
par la volonté de Jacques Chirac…
Une initiative qui avait séduit plusieurs centristes mais
pas les membres de l’UDI et son président, Jean-Christophe Lagarde, qui avaient
refusé de rejoindre la nouvelle formation préférant demeurer dans l’UDF.
Et quand ces mêmes membres quittèrent François Bayrou en 2007
au moment où celui-ci forma son Mouvement démocrate, ils ne rejoignirent pas
l’UMP mais créèrent le Nouveau centre.
Et, quand en 2012, après l’élection de François Hollande à
l’Elysée, ils n’allèrent toujours pas à l’UMP mais rejoignirent Jean-Louis Borloo
à l’UDI, dans une «fédération» de partis qui regroupait surtout des centristes
et quelques droitistes.
Et après la présidentielle de 2017 et l’élection d’Emmanuel
Macron, l’UDI ne rejoignit pas LR (alors même qu’elle avait soutenu jusqu’au
bout son candidat controversé, François Fillon) mais tenta de s’allier avec les
dissidents de la formation de droite qui avait succédée à l’UMP (et qui ont
fondé Agir, parti avec lequel l’UDI a formé un groupe à l’Assemblée nationale).
Car, dans le discours de l’UDI, l’indépendance centriste
n’était pas négociable et un rassemblement entre Droite et Centre aurait eu
pour effet de diluer ce dernier dans la première, ce qu’a d’ailleurs très bien
montré les années de fonctionnement de l’UMP (on peut considérer qu’actuellement
il n’y a plus de centristes à LR avec sa radicalisation populiste et son
suivisme de RN).
Qu’est-ce qui a changé et qu’est-ce qui pousse les
dirigeants de l’UDI a opéré aujourd’hui un virage à 180 degrés?
Tout simplement la nécessité de la survie doublée d’un
opportunisme que tous les adversaires internes et externes de Lagarde ont un
jour ou l’autre dénoncé.
Tout a commencé dès après la présidentielle où l’UDI s’est
retrouvée dans une situation des plus délicates avec sa position d’opposante au
pouvoir centriste alors même qu’elle revendique cette appellation.
Il fallait donc que l’UDI trouve un positionnement pour
justifier son existence tout court mais aussi sa décision de ne pas rejoindre
la majorité présidentielle.
Une opposition qui est devenue de plus en plus frontale et
qui, désormais, est sa marque distinctive avec sans cesse des diatribes contre
la Président de la république, son Gouvernement et sa majorité.
Mais cela ne fait pas forcément un positionnement politique
cohérent et crédible.
Dès lors, il fallait ratisser large.
Du côté de la Gauche, ce n’était guère possible.
De même que du côté du Centre (où c’est plutôt l’UDI qui a
fait les frais de la victoire de Macron avec le départ d’un important
contingent de ses militants et élus vers LREM).
Restait donc d’aller voir du côté de la Droite.
Et, le 17 mars 2018, lors de son premier congrès depuis sa
création cinq ans plus tôt (sic!), l’UDI devenait officiellement le parti du
centre et de la droite de progrès».
Depuis, c’est sur cette volonté de représenter une partie de
l’espace central que la formation de Lagarde joue sa survie avec cette idée que
la droitistes modérés ne peuvent demeurer dans LR qui se rapproche de plus en
plus d’un parti de droite extrême et qu’il est possible de récupérer nombre de
centristes qui seraient déçus de la présidence d’Emmanuel Macron.
Voilà pour l’opportunisme qui explique le discours musclé
anti-Macron qui sort sans cesse de la bouche des responsables de l’UDI.
Sans oublier d’ajouter que la volonté de l’UDI d’être la
nouvelle UMP serait, dans le raisonnement de ses dirigeants et de Lagarde, la
possibilité pour la composante centriste d’être l’élément hégémonique face à
celle droitiste, une sorte d’UMP renversée…
Le test grandeur nature de cette nouvelle stratégie aura
lieu en mai prochain lors des élections européennes où l’UDI envers et contre
toute logique, présente sa propre liste avec, à sa tête, son président.
Rappelons que la formation centriste avait refusé de
présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2017 de peur de se
ridiculiser avec un score très bas alors même que tout parti qui veut
réellement exister dans la V° République se doit d’avoir un représentant lors
de cette échéance électorale.
Mais l’éventualité d’un flop encore plus humiliant la guette
dans quatre mois puisque les sondages ne donnent à l’heure actuelle que 3% des
intentions de vote à sa liste, c'est-à-dire qu’elle serait bien remboursée de
ses frais de campagne mais n’aurait aucun député élue au Parlement européen
alors même qu’elle affirme partout qu’elle est la plus européenne de toutes les
formations françaises…
Une claque pour le «rassemblement» que ses dirigeants
voudraient voir autour d’eux et qui n’a pas le plus petit début de
commencement.
Si cette défaite se matérialise, il n’est pas du tout sûr
que cela porte un coup fatal à l’UDI qui n’est, en réalité, qu’un cartel
électoral.
En revanche, il sera beaucoup plus difficile à
Jean-Christophe Lagarde de se relever d’un échec qui sera d’abord personnel.
C’est sans doute la raison de son agressivité actuelle
contre eux à qui iles tentent de piquer des électeurs, Emmanuel Macron et
Laurent Wauquiez.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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