dimanche 13 janvier 2019

Une Semaine en Centrisme. Espagne: non les centristes ne gouvernent pas avec l’extrême-droite en Andalousie

Alberto Rivera, président de Ciudadanos
Rumeurs, infox, procès d’intention, calomnies des deux côtés des Pyrénées, les réseaux sociaux et les médias ont affirmé que le parti centriste et libéral Ciudadanos allait gouverner avec le parti d’extrême-droite Vox dans la région d’Andalousie où ce dernier a fait une percée qui le met en position de faire et défaire les majorités dans une région qui a été gouvernée pendant 36 ans par les socialistes du PSOE qui y ont subi un échec majeur même s’ils sont arrivés en tête du scrutin.
Le Parti populaire (PP) arrivé en seconde position et qui opère en ce moment un virage vers la droite radicale qui ressemble à celui de LR en France, a formé un gouvernement de coalition avec Ciudadanos autour d’un programme paraphé par les deux partis.
Mais les centristes ont immédiatement indiqué qu’il ne négocierait jamais avec Vox, ce qu’a fait le PP et ne voterait aucune des propositions de cette formation de nostalgiques du franquisme.
C’est si vrai que juste après que le PP et Vox ait conclu un pacte en 37 points, les dirigeants de Ciudadanos ont déclaré qu’ils n’étaient liés à aucun de ceux-ci et qu’ils ne les appliqueraient pas.
De même, le gouvernement andalou, suite à la pression des centristes, ne compte aucun membre de Vox, les portefeuilles allant à égalité au PP et à Ciudadanos.
Par la voix de son secrétaire général, José Manuel Villegas le parti centriste d’Alberto Rivera a déclaré fermement que «Vox n'est pas un partenaire de Ciudadanos, ni du gouvernement de coalition et de changement en Andalousie.»
Et il a ajouté que le pacte entre le PP et Vox, «ne fait que les lier ou le PP, pas Ciudadanos ou le gouvernement de coalition».
En outre, cet accord de gouvernement ne prélude en rien un accord national avec le PP ou des accords locaux, Villegas affirmant que Ciudadanos visait à chaque élection la victoire et non une quelconque union avec la Droite.
Ces déclarations ont été fortement critiquées par les leaders de Vox qui ont accusé Ciudadanos de «manœuvrer», de «n’avoir pas sa place dans le jeu démocratique» et… «d’obéissance à Emmanuel Macron»!
Ainsi, le chef de Vox, Santiago Abascal, a écrit sur Twitter, «Je comprends que le parti français doit faire un effort pour ne pas déranger son président Macron. Mais les choses sont comme elles sont, il n'y aura de changement qu'en Andalousie à cause des votes et du patriotisme de Vox, et ce malgré l'égoïsme, l'irresponsabilité et l'obéissance des autres.»
C’est d’autant plus risible, qu’en France, les médias anti-Macron ainsi que l’opposition se sont emparés de l’affaire afin d’affirmer que son «allié» (?) espagnol s’était acoquiné avec l’extrême-droite…
Cette campagne de désinformation de ce côté-ci des Pyrénées vise ainsi à salir le président de la république française pour ses soi-disant compromissions avec les extrémistes alors que du côté espagnol, il s’agit de le salir parce qu’il lutte contre les populistes et les radicaux comme Vox!
Bien entendu, le gouvernement d’union entre le PP et Ciudadanos, qui prendra ses fonctions le 16 janvier, sera scruté dans ses premières décisions puis dans sa gestion de la région andalouse pour savoir si les centristes pourront résister à la pression que ne manqueront pas de faire la Droite et l’extrême-droite à son encontre pour faire passer des mesures radicales.
Mais, face au passé du Ciudadanos et de son président-fondateur, Alberto Rivera, il n’y a aucune raison de leur faire un procès d’intention à ce sujet.
D’autant qu’un responsable du parti centriste veut se tourner vers les socialistes pour obtenir des majorités:
«Nous avons un besoin urgent de tester la ligne du PSOE andalou, nous essaierons de les décider, nous ferons appel à leur sens des responsabilités avec des mesures très difficiles à rejeter. Ils auront l'occasion de démontrer qu'ils sont un parti constitutionnel».
Beaucoup à Ciudadanos estiment, cependant, que ce gouvernement avec le PP sera une expérience politique de court terme si Vox n’est pas muselé et si les socialistes ne jouent pas le jeu d’une grande coalition.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


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