2019, l’année où l’Europe sombrera ou alors celle où, tel le
phénix, elle renaîtra, non de ses cendres – elle n’est pas encore totalement
consumée! –, mais d’un début de décomposition?
Il est trop tôt pour le dire et, sans aucun, doute, les
élections au Parlement européen de mai prochain donneront une idée forte sur
l’avenir de cette Union européenne mal en point, il faut en convenir, attaquée
de toute part, tant à l’intérieur de son espace qu’à son extérieur par les
extrémismes et les populismes, par les démagogues, les autocrates et les
dictateurs.
Tout autant que le Brexit qui est, a priori, dans sa phase
finale de mise en place qui devrait débuter en mars prochain avec la
possibilité qu’il n’y ait aucun accord entre le Royaume Uni et l’UE, provoquant
des inquiétudes face à un processus non-maîtrisé (mais qui serait, avant tout,
un danger pour les Britanniques).
Disons tout de suite, sans doute au grand dam de tous ses
adversaires acharnés, qu’elle ne disparaîtra pas, non seulement, parce que les
procédures gigantesques à mettre en branle pour solder les comptes prendraient
des années, mais parce qu’il n’y a pas cette volonté parmi l’énorme majorité
des pays qui la composent.
En revanche, elle peut devenir une sorte de «machin», pour
paraphraser le mot De Gaulle sur l’ONU, et se déliter de plus en plus dans les
années à venir pour n’être plus qu’un club de rencontres aléatoires et avec de
moins en moins de pouvoir, voire un conglomérat d’Etats dans l’enceinte duquel
les pires penchants nationalistes s’affronteraient, rappelant la triste
existence de la Société des Nations de l’entre-deux-guerres.
Pour nous, humanistes, démocrates, républicains, centristes,
ce n’est pas souhaitable, ce n’est pas acceptable.
Ce n’est pas acceptable parce que l’Europe bâtie après le
carnage et la bestialité de ce que certains historiens appellent désormais la
Guerre mondiale 1914-1945, grâce à quelques personnalités exceptionnelles, de
Monnet à Schuman en passant par De Gasperi, et au appels lancés depuis des
siècles pour la construire, de Richelieu à Briand en passant par Kant et Hugo,
n’est pas seulement un espoir mais un devoir, pour nous, Européens, qui avons
déclenché ce conflit au presque 100 millions de morts, qui avons permis la
solution finale en reculant face aux dictateurs et aux criminels qui les
soutenaient ainsi qu’à toutes les désolations et violences qu’ils ont commises.
Oui, l’Europe n’est pas une option de ce point de vue, c’est
un devoir de responsabilité pour que, plus jamais, ne survienne l’indicible.
Bien entendu, c’est aussi l’espoir que, demain, dans une
fraternité, les peuples européens soient unis dans la paix et la prospérité
grâce à un système fédéral où cette fameuse et incroyable «culture européenne»
qui existe depuis les Grecs et les Romains soit enfin le ciment de l’union,
prenant la place de toutes les mesquineries et petitesses qui ont édifiées des
murs de pacotilles mais pourtant solides entre des individus partageant les
mêmes valeurs, les mêmes principes de vie, les mêmes aspirations.
Nous n’avons pas le droit, en regard de l’Histoire et du
sacrifice de tant de nos ancêtres et, surtout, en regard de l’avenir de nos
enfants, des enfants de nos enfants, de détruire cette œuvre, certes imparfaite
mais qui a l’énorme mérite d’exister, de paix, d’union et de liberté.
Alors, oui, il faut non seulement souhaiter une bonne année
2019 à l’Europe, mais un bon XXI° siècle et même un bon deuxième millénaire
parce qu’il en va de l’avenir de toute l’Humanité.
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