François Bayrou |
Lors
d’un entretien sur les ondes de France Inter, François Bayrou a, de nouveau,
expliqué qu’il fallait «reformuler» le projet politique d’Emmanuel Macron,
justifiant cette position par un argument des plus spécieux puisque, selon lui,
lors d’une élection présidentielle, c’est une personne que l’on élit et pas son
programme:
«Le débat électoral ne se passe pas, pour l'essentiel,
autour du projet, il se passe pour l'essentiel autour de la personne: qui va
être élu? Quel est celui qui va l'emporter? Il y a des passions, des
polémiques, des agressions dans tous les sens et cela revient à des affaires de
personne.»
Les électeurs apprécieront sans doute à n’être plus que des groupies
sans cervelle qui ne lisent pas les programmes des candidats mais votent
uniquement pour une personnalité…
Si l’on suit bien le raisonnement du leader du Mouvement
démocrate, il suffirait à l’extrême-droite ou à l’extrême-gauche de trouver un
candidat «bankable» pour se retrouver à l’Elysée puisque ce ne sont pas leurs programmes
respectifs qui seraient à l’origine de leur rejet par une majorité de la population…
On veut bien entendre Bayrou dans ses critiques à répétition
à l’égard du Président de la république et du Gouvernement même si l’on ne comprend
pas très bien sa position exacte dans la majorité présidentielle.
On a plus de mal à comprendre tous les arguments farfelus que
le centriste accumule sans cesse pour démontrer la justesse de son comportement
souvent à la limite de ceui d’un leader de l’opposition.
Extraits
de son intervention:
- Venons-en au grand débat national. Le pari a été fait par
l'exécutif qu’il permettrait de sortir de la crise des gilets jaunes par le
haut.
Maintenant qu'il est engagé, qu'en pensez-vous? Est-ce que
la catharsis fonctionne ou ne sera d'ores et déjà pas suffisante? Je pense que
c'est un moment historique très important. C'est un moment très important pas
seulement pour l'histoire du quinquennat d'Emmanuel Macron car ces
questions-là, elles sont présentes, elles fermentent dans la société française
depuis peut-être 30 ans. A chaque élection présidentielle, on sent bien que la
question que l'on a appelée en 1995 de la fracture sociale. Cette question de
l'incompréhension, pour ne pas dire l’incommunicabilité entre ceux dans la
société qui ont la parole et de l'influence et ceux qui n'ont pas cette
influence et non pas cette parole ni cette reconnaissance, revient chaque fois
et l'élection a lieu et, derrière cette élection, on revient trop souvent aux
méthodes de gouvernement habituelles.
- On les oublie? On oublie la fracture?
Plus que cela, on ne la voit plus. On se comporte, y compris
dans les médias et c'est pourquoi vous êtes ciblés vous aussi, comme si elle
n'existait pas et il y a une espèce de méconnaissance des situations qui sont
difficiles.
- C'est cela qui est ressorti.
C'est une très grande chance car on va pouvoir, sans que
l'on soit sous pression électorale, sans que ce soit pour gagner des points de
pourcentage de voix et de sondage, à tête reposée j'allais dire, en tout cas à
tête engagée, formuler des réponses. Je dis que c'est un moment historique
parce que ce n'est pas seulement pour la France que le moment est historique,
ces questions-là sont partout sur la planète.
(…)
Donc ces questions-là traversent le monde entier parce que
ce qui s'est passé aux États-Unis, en Grande-Bretagne avec le Brexit, au
Brésil, ce qui se passe au Moyen-Orient d'une certaine manière, toutes ces
questions-là sont liées entre elles et il est du devoir et de la responsabilité
de la France, et donc du devoir et de la responsabilité du Président de la
République, de formuler des réponses, de dire dans quelle direction on doit
aller.
- Qu'est-ce que vous attendez de lui dans un mois, un mois
est demi quand il prendra les décisions? Vous voulez des décisions fortes sur
les 4 thèmes?
Ce que j'attends est très précis. Je pense que le moment est
venu, et dans sa campagne Emmanuel Macron l'avait parfaitement senti, de
formuler pour notre pays un projet de société pour nous-mêmes, pour les
citoyens français et aussi pour la voix de la France à l'égard de tous ceux
qui, dans le monde, nous regardent, de dire ce que nous voulons, par exemple,
de proposer un scénario sérieux qui soit une alternative au modèle financier
universel d’inégalités croissantes.
- Cela veut dire rétablir l'ISF?
Non, cela, ce sont des applications. Vous savez bien que je
n'étais pas d'accord avec la réforme de l'ISF comme elle a été faite et que je
l'ai dit. Il faut que l'on parte non pas de décisions qui sont toutes sujettes
à polémique, mais d'une logique, d'un modèle. Qu'est-ce qu’on veut obtenir?
Quels sont les moyens que l'on met au service de ce projet que l'on veut
obtenir?
(…)
- Le projet de société, François Bayrou Emmanuel, Macron en
avait un. Il a commencé à le mettre en œuvre, une société plus fluide, la
question des nouvelles technologies, la start-up Nation, une autre relation à
la fiscalité, l'ISF on va y revenir. Ce modèle de société-là est périmé? Il en
faut un autre?
Il faut le reformuler.
- Ce n’est pas clair car il a été élu sur ce projet-là.
D'abord, on a le droit d'évoluer avec le peuple de citoyens
qui vous a confié le pouvoir et de voir surgir des questions ou des crises que
l'on n'avait pas vu surgir. Mais le débat électoral ne se passe pas, pour
l'essentiel, autour du projet, il se passe pour l'essentiel autour de la
personne: qui va être élu? Quel est celui qui va l'emporter? Il y a des
passions, des polémiques, des agressions dans tous les sens et cela revient à
des affaires de personne. C'est vrai que, affaire de personne, affaire de
parti, l'élection 2017 n'en a pas été avare et donc c'est autre chose que ceux
qui exercent la responsabilité du pouvoir puissent dire au terme de ce long
processus: voilà – expliqué dans les mots de notre période, par les mots de
notre relation entre citoyens et pouvoir – ce que nous devons faire. Ceci est
possible, ceci ne l'est pas. Il faut du courage pour dire: ceci est ouvert,
ceci ne peut pas être ouvert. Je trouve la période extraordinairement
intéressante. Il y a beaucoup de gens qui la subissent. Moi je trouve que c'est
une chance.
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