Simone Veil |
Il n’y a pas eu en cette année 2018 une personnalité
centriste qui s’est imposée comme le ou la «centriste de l’année» de manière
claire et évidente pour son action ou son élection.
On pourrait en citer plusieurs qui ont marqué l’année sans
pour autant être au-dessus du lot.
En France, Emmanuel Macron a connu une année contrastée avec
quelques succès mais aussi nombre de difficultés.
Le Président de la république a montré ses capacités à
réformer mais a semblé hésitant face à des événements comme l’«affaire» Bénalla
ou le mouvement de foule des gilets jaunes.
De même, sa stratégie de la main tendue en matière de
relations internationales a montré ses limites avec Donald Trump mais aussi Vladimir
Poutine ou Xi Jinping.
Quant à une de ses priorités, l’Union européenne, sa volonté
de la faire avancer n’a pas encore donné de résultats probants.
Si François Bayrou a beaucoup existé dans les médias, c’est
malgré tout en jouant souvent contre son camp et, surtout, contre la majorité
présidentielle à laquelle il appartient.
Sa volonté d’exister à tout prix et à prendre sa revanche
sur la présidentielle de 2017 qu’il considérait comme la sienne le fait parfois
déraper au grand bonheur des adversaires du pouvoir en place alors même qu’il
en est un des membres…
En revanche, un de ses lieutenants, Marc Fesneau, s’est révélé
comme un leader en devenir.
C’est d’autant plus une performance, qu’il est membre du
Mouvement démocrate où Bayrou coupe en général toutes les têtes qui pourraient
lui faire de l’ombre.
Mais l’homme a su se forger une identité propre sans entrer
en conflit avec son chef et sans être, à l’inverse, dans un suivisme moutonnier
que pratique depuis des années une Marielle de Sarnez ou, auparavant, un Hervé
Morin.
Il lui faudra néanmoins confirmer en 2019 au poste de
ministre des Relations avec le Parlement (ou peut-être dans un poste plus élevé
qui lui semble promis s’il y fait ses preuves).
Alberto Rivera, le leader et créateur du parti centriste
Cuidadanos aurait pu être un candidat sérieux au titre de centriste de l’année
si des élections législatives avaient eu lieu en Espagne car sa formation en
était la favorite.
Mais le premier ministre de droite, Mariano Rajoy, a refusé
cette voie normale, sans doute justement pour éviter la montée en puissance de
Cuidadanos qui pourrait être un concurrent particulièrement dangereux du Parti
populaire dont il est issu, et a donc préféré se faire renvoyer par le
Parlement qui a mis a sa place le leader socialiste, Pedro Sanchez, qui dirige
un gouvernement ultra-minoritaire.
Toujours à l’étranger, le choix aurait pu se porter sur
Barack Obama.
L’ancien président des Etats-Unis a fait un come-back
remarqué en cette fin d’année où il a enfin décidé de s’exprimer sur la
présidence lamentable de son successeur, le populiste démagogue Donald Trump,
et de faire campagne pour les candidats du Parti démocrate aux élections
législatives de mi-mandat (les «midterms») qui ont permis à ce dernier de
redevenir majoritaire à la Chambre des représentants (mais pas au Sénat) ce qui
va lui permettre de contrer Trump et de lancer nombre de commissions d’enquête
sur ses agissements alors même que la justice avance à grands pas dans son
implication directe dans les nombreuses affaires où il est mêlé.
De même, on aurait pu choisir le candidat démocrate du Texas
au Sénat, Beto O’Rourke qui, bien que battu (de peu) par son adversaire et
sortant, l’ultraconservateur réactionnaire républicain, Ted Cruz, s’est révélé
au grand public par son charisme et sa stature qui pourrait bien le faire
concourir pour la présidentielle de 2020.
Celui que l’on appelle souvent le «Barack Obama blanc» est,
en tout cas, un des grands espoirs de la politique américaine de ces prochaines
années.
Alors, nous avons choisi d’honorer Simone Veil qui, si elle
est décédée en 2017, a fait son entrée au Panthéon, le 1er juillet
2018.
Et sa place dans le temple des grandes personnalités de la
République française est amplement méritée (ainsi que notre choix) par son
parcours de femme engagée dans un combat humaniste qui l’a située, tout au long
de celui-ci dans la mouvance centriste.
De son poste de ministre de la Santé en 1974 à celui de
présidente du premier Parlement européen élu au suffrage universel en 1979,
elle a marqué la politique française et européenne, tant pour sa lutte en
faveur des femmes que son engagement pour une Europe unie avec comme noyau le
couple franco-allemand, elle qui œuvra tant pour la réconciliation entre les
deux pays.
Sans oublier son poste de ministre d’Etat en 1993 puis sa
nomination au Conseil constitutionnel en 1998 (où son passé d’ancienne magistrate
légitimait celle-ci) et enfin son entrée à l’Académie française en 2008.
Des leaders centristes de son calibre on en redemande.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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