Depuis la création d’En marche! par Emmanuel Macron et sa
déclaration de candidature à la présidentielle, avec une accélération quand il
est passé en tête dans les sondages lors de la campagne et évidemment une autre
après sa victoire, la presse mène une campagne (et pour certains médias on peut
même parler d’une sorte de croisade) quasi uniquement à charge à son encontre
pendant que l’«ancien monde» politique, qui ne peut digérer d’avoir été battu
par un blanc-bec qui n’avait pas fait ses classes en son sein, le dézingue avec
une rare violence (on n’oublie pas qu’un de ses pires contempteurs fut, jusqu’à
son ralliement, François Bayrou dont le comportement pour le moins
contradictoire actuel ne date pas d’hier).
Ajoutons que la Droite et la Gauche qui se partageaient le
pouvoir depuis le début de la V° République n’ont pas digéré qu’un mouvement
essentiellement central le leur confisque et que les centristes qu’ils
détestent plus que tout et dont ils se moquent constamment s’installent à la
tête du pays.
Mais, dans ce paysage propice à la haine et à la
délégitimisation du Président en place avant même qu’il ne prenne ses quartiers
à l’Elysée, il ne faut pas oublier d’associer le quinquennat catastrophique de
François Hollande pour la fonction présidentielle largement ridiculisée et affaiblie (alors
même que son passage à la tête de l’exécutif est loin d’avoir été aussi mauvais
que certains le disent en ce qui concerne la politique menée).
Il faut évidemment y rajouter celui de Nicolas Sarkozy parce
que c’est le moment où une double
cristallisation (une de haine et une d’amour) nait autour d’un président qui
était clivant par volonté de créer une véritable division entre les Français
autour de sa personnalité.
On pourrait même y associer les deux mandats de Jacques
Chirac, avec, lors du premier la promesse de lutter contre la «fracture
sociale» qui ne fut jamais remplie et, lors du deuxième, son incapacité à
comprendre que la présence au second tour de Jean-Marie Le Pen nécessitait des
initiatives fortes qu’il ne prit jamais.
Mais revenons-en à la présidence d’Emmanuel Macron.
Se rappelle-t-on avec quelle hargne, quelle haine, quelle
vindicte la classe politique et les médias ont attaqué Macron sur des affaires
qui n’en étaient pas, sur des comportements inexistants, sur des procès d’intention
sans réelles preuves?
Les propos scandaleux des Mélenchon, Le Pen, Wauquiez,
Dupont-Aignan, Hamon et leurs sbires, ceux de certains médias pris d’une rage
contre la personne même du Président de la république, ont préparé le terrain à
un mouvement qui, très profondément, est anti-Macron avant d’être pro quelque
chose.
Et puis il faut parler de ces fameux sondages (sans parler
de soi-disant «études» qui, en interrogeant quelques dizaines de gilets jaunes
nous donneraient les raisons «scientifiques» de leur mouvement de foule sans
parler des intellectuels qui se défoulent, chacun ayant sa «vérité» sur les
événements) qui soutiendraient sans faille les manifestants et leurs revendications
sans oublier qu’ils diraient exactement ce que nous disent les médias depuis
plus d’un an et demi.
Proposer de raser gratis obtient toujours des majorités conséquentes
(ou alors on ne comprend plus rien aux motivations des individus), donc «moins
d’impôts et plus de services publics» est devrait, comme le disent certains
observateurs, obtenir 100% d’approbation!
Quant au fait que ce sont les riches, les habitants des
grandes villes, les cadres qui seraient les principaux bénéficiaires de la
politique de Macron alors que les statistiques disent autre chose, comment les
Français le savent si ils ne l’ont pas lu, écouter et vu quelque part, donc
dans les médias qui n’arrêtent pas d’asséner que se trouve à l’Elysée, le
«président des riches».
Parce que, voyez-vous, vous comme moi, dans notre petit
monde à nous, nous sommes incapables de savoir, tous seuls, si le monde va bien
ou mal et même si notre voisin est mieux servi que nous.
Tout au plus, nous pouvons avoir un ressenti qui n’a souvent
rien de logique et de rationnel si nous ne possédons pas des informations qui
nous confirment notre opinion.
Pour être au courant, il nous faut donc des informations,
donc essentiellement pour la population qui lit de moins en moins de livre,
celle qui vient des médias où grouillent dans la plupart d’entre eux les
slogans repris aujourd’hui par les gilets jaunes…
Oui, à force de délégitimiser un Président de la république,
on offre à ceux qui veulent en découdre, non seulement, les munitions pour
l’abattre mais le fusil et le discours qui va avec.
Oui, à force de délégitimiser un Président de la république,
on offre à ceux qui veulent en découdre, non seulement, les munitions pour
l’abattre mais le fusil et le discours qui va avec.
«Macron démission» entend-on sur les barrages des gilets
jaunes comme on l’entend depuis avril 2017 dans ma bouche des personnages que
l’on vient de citer, relayé complaisamment jusqu’à la nausée par certains
médias.
Or donc, de ce point de vue, il est faux de prétendre que
leur mouvement est spontané, nait de rien sauf d’une indignation et d’une
exaspération de quelques bons Français moyens envers Emmanuel Macron et sa
présidence, d’autant plus qu’il est noyauté depuis le début par des
sympathisants et des militants de ces mêmes personnages qui en constituent désormais
la majorité.
Oui, il y avait un terreau composé de frustrations passées
et présentes mais, surtout, il y a, tous les jours, des charges contre le
pouvoir en place et, avant tout, le président, le présentant comme une
excroissance illégitime, une parenthèse qu’il fallait refermer au plus vite,
une anomalie réformatrice dans un monde immobile et qui déteste qu’on le réveille
dans son Bois dormant.
Oui, ces charges incessantes ont irrigué la société et ont,
petit à petit, instillé qu’il était possible de se débarrasser de Macron,
l’empêcheur de tourner en rond.
Il fallait une étincelle et ce fut les quelques cents d’une
taxe carbone sur le carburant mais cela aurait pu être autre chose avant ou
après, les fascistes et les gauchistes étant mobilisé pour lui donner un tour
radical (avec, bien sûr, les casseurs et les pilleurs).
Et grâce à ceux qui ont revêtu un gilet jaune, tous les
opposants à la majorité en place mais avant tout à Emmanuel Macron, qui
mettaient sans cesse de l’huile sur le feu, non pas en s’opposant
démocratiquement à son programme mais en questionnant sans fin sa légitimité,
ont développé des thèses expliquant le pourquoi du comment, donnant l’onction
du monde politico-médiatique aux manifestations (et même pour certains aux
violences commises).
C’est le chat qui se mord la queue et cette cabale circulaire
où chacun se nourrit de l’autre pour se payer Macron peut continuer longtemps
parce que cela nourrit l’hubris des personnages qui mènent la danse que ce soit
dans le monde politique, dans celui des médias ou celui des ronds-points
jaunâtres.
A ce train-là, ils auront peut-être la peau de Macron mais
plus sûrement celle de la France et de la démocratie.
Et si, comme il faut l’espérer, ce mouvement se dégonfle, il
restera comme un triste moment populiste et antidémocratique.
Centristement vôtre.
Le Centriste