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Stanislas Guerini |
La
république en marche a un nouveau délégué général, Stanislas Guerini.
Agé
de 36 ans et issu de la social-démocratie, ancien entrepreneur puis cadre
dirigeant d’une grande société, il est député de Paris LREM depuis 2017.
Il
a été élu à la tête du parti d’Emmanuel Macron avec 82 % des voix.
Voici
les principaux extraits de son discours prononcé après sa victoire:
(…) Vous le savez mieux que personne, au cœur de notre
identité, il y a l’écoute – souvenez-vous de La Grande marche. Mais nous, nous
ne voulons pas écouter pour écouter, nous ne sommes pas un institut de sondage,
un département de sciences sociales: nous voulons écouter pour comprendre et
transformer la réalité. Nous l’avons toujours dit comme ça. Nous voulons
écouter pour gagner le droit d’être entendus.
Alors si l’on tend l’oreille aujourd’hui, qu’est-ce qu’on
entend?
Je vais commencer si vous le voulez bien par le moins
important: c’est-à-dire moi-même. J’entends, ici ou là que je serai trop
inexpérimenté, pas assez cogneur, pas assez politique. Mais je vais vous dire
mes amis: moi je suis heureux de ne pas me voir affubler des défauts qui ont
conduit les dirigeants politiques depuis 30 ans à la faillite de leurs
convictions et à la faillite des partis politiques tel qu’ils sont aujourd’hui.
Parce que je vous propose de traduire: trop inexpérimenté, cela veut dire que
je n’ai pas passé 20 ans à éliminer sciemment, patiemment tous mes adversaires
politiques pour penser le coup d’après; trop peu cogneur, cela veut dire que je
suis moins intéressé par l’idée d’assommer mon adversaire politique que de
convaincre les Français parce que c’est là l’essentiel; trop peu politique,
cela veut dire que je ferai passer toujours l’intérêt général avant mon intérêt
particulier, et toujours l’intérêt de mon pays avant même celui de mon parti,
voilà ce que cela veut dire!
(…) Ce qui est ma force fait notre force collective, c’est
notre sincérité, pour le projet que nous portons, notre sincérité à vouloir
transformer notre pays, pour chacun et pour chacune, voilà ce que c’est ma
force.
Qu’est-ce qu’on entend d’autre, si l’on tend l’oreille, sur
La République En Marche, par exemple? On entend que nous serions un parti en
déshérence, que notre mouvement serait incapable de devenir un parti. Mais
posons nous la question une seconde: que sont-ils devenus les partis qui
avaient comme nous obtenu la confiance des Français au moment de l’élection
présidentielle? Et bien c’est simple: ils ont fini leur quinquennat dans le
même état: désertés et radicalisés. Et ils ont connu le même sort: c’est-à-dire
qu’ils ont fini aux oubliettes. Nous, nous ne voulons pas cela.
Et ceux qui disent cela de nous sont les mêmes qui en 2016
disaient que ce n’était pas possible que nous soyons 1000, 2000, 5000,
10 000, 200 000. Ce sont les mêmes qui disaient doctement, sciemment
que c’était impossible que nous remportions cette élection présidentielle.
L’aveuglement qui les frappait alors et le même qui les
frappe aujourd’hui. (…)
Alors non, notre mouvement n’est pas en déshérence. Mais
oui, il n’est pas devenu un parti, parce que nous voulons rester un mouvement.
Quelle est la différence? La différence, c’est que les élections pour nous, ce
n’est pas une fin, c’est un moyen pour transformer le pays. La différence,
c’est que nous ne croyons pas que la politique, ce soit l’affaire des élus.
Mais nous croyons profondément que la politique, c’est l’affaire de tous, des
citoyens et des citoyennes, et elle nous concerne tous et toutes, chacun, dans
toutes les dimensions de notre vie.
Alors, est-ce à dire pourtant que tout va bien dans
notre mouvement ? Non. (…) Oui nous ne sommes pas totalement là où nous
voudrions être. Il y a trop de doutes, trop de découragements; trop de petits
renoncements, trop de petites défaites; au fond trop de distance avec ce qui
est notre identité profonde.
(…) Je pense que la source de tous nos maux internes est la
même: nous avons parfois, perdu le sens de nos adhérents. Vous qui avez fait la
campagne présidentielle, vous savez que la première raison de notre victoire,
ce n’était pas un «alignement des planètes» magique comme certains observateurs
ont pu nous le faire croire. Non.
La première raison de notre victoire, c’était notre
mouvement, et notre mouvement, ce sont nos adhérents. (…)Toute la campagne
était tournée vers eux, sur cette nécessité de les équiper pour qu’ils puissent
convaincre autour d’eux. Il n’y a pas de meilleure manière de convaincre les
Français que de le faire grâce à d’autres Français. Voilà notre recette
magique, nous en connaissons tous la formule.
Mais depuis, nous avons parfois manqué à nos adhérents. Ce
que je veux dire, c’est que chacun d’entre nous, est redevable de l’ensemble de
la politique qui est porté par cette majorité et ce gouvernement. A chaque
débat, à chaque polémique, c’est le même feu roulant de questions que nous
vivons auprès de notre famille, de nos proches, de nos collègues, bref de tous
ceux auprès de qui nous avons fait campagne.
Et je crois que nous devons reconnaître lucidement que nous
n’avons pas permis à nos adhérents de revendiquer et d’expliquer toutes les
avancées que nous avons obtenues depuis le début de ce mandat. Et si l’on se
dit les choses, nous ne les avons pas non plus assez équipés pour se défendre
quand nous avons traversés quelques polémiques. (…)
Vous l’avez compris, le cœur de mon projet, c’est de redonner
à nos adhérents la place qui doit être la leur, c’est-à-dire pas à la base de
notre organisation mais au sommet de notre organisation. (…)
(…) Qu’entendons-nous quand nous regardons la France, en
2018, dans ce mois de décembre et particulièrement dans ces moments de
mobilisation des gilets jaunes ?
Nous entendons que le compte n’y est pas encore.
Ce n’est pas parce que le constat qui a mené notre action
était faux. (…) Et je crois que tout ceci se résume très simplement par une
formule qui n’a pas pris une ride : les Français ont le sentiment de mener des
vies empêchées. Voilà ce qu’ils vivent aujourd’hui.
Et je crois que si le compte n’y est pas, ce n’est pas non
plus parce que la promesse que nous avons portée était la mauvaise: au
contraire, la seule solution à ces vies empêchées c’est la remise en mouvement
de nos sociétés. La seule manière de permettre à chacun de cesser de subir sa
vie, c’est de l’équiper des armes indispensables, de s’éduquer, de se former;
c’est lui apporter les éléments de solidarité essentiels pour qu’à chaque fois
qu’il tombe, il puisse se relever; c’est de définir les règles de fonctionnement
pour que notre société ne soit plus une société de statuts, ne soit plus une
société de pistons. (…)
Alors si le compte n’y est pas encore, et bien c’est simple
c’est parce que les choses n’ont pas encore suffisamment changé, et que ce
changement n’est pas encore assez perceptible, assez tangible. (…) Si jamais nous réussissions à faire mieux
coïncider l’offre politique avec les besoins de chaque citoyen et bien les
choses iraient beaucoup mieux dans notre société et ça, c’est le cœur de notre
mission. (…)
Soyons utiles
C’est pour cela que nous ne pouvons pas rester passifs face
à cette colère qui s’exprime. Nous avons été certainement, en tant que
majorité, trop lointains, trop technocrates, trop sûrs de nous, trop sourds
parfois mais nous ne devons rien lâcher pour faire en sorte que cette colère
nous la transformions en solutions pour apporter des réponses concrètes aux
Français, c’est ça qu’ils attendent. Ils n’attendent pas un psychologue, ils
attendent un médecin pour régler leurs problèmes. Et ça c’est notre mission,
c’est ce qui doit nous animer pour les mois qui viennent.
(…) Il faudra aussi que nous allions chercher les idées là
où elles sont, dans nos territoires, dans nos entreprises, dans nos
associations, auprès des praticiens, là où aucun dispositif gouvernemental ne
pourra aller, là où aucun dispositif gouvernemental n’est jamais allé. En
allant écouter aussi, ceux qui voudront dialoguer avec nous, ceux qui viendront
vers nous – surtout s’ils portent un gilet jaune. En allant là où la politique
ne va plus.
Vous l’avez compris, la deuxième mission (…) c’est aller
partout là où la politique ne va pas. Je veux dire aux Français: plus vous êtes
loin de la politique, plus vous êtes importants pour nous. Plus vous êtes en
difficulté, plus nous voulons trouver des solutions. Moins vous y croyez, plus
nous allons essayer de vous convaincre !
(…) L’Europe, cette construction des peuples qui semblait
acquise, cette construction est en train de vaciller – et je le dis clairement
nous devrons jeter toutes nos forces en France et dans l’Union pour que les
élections européennes, ces élections de la dernière chance, donnent enfin à
l’Europe les moyens d’agir en matière d’immigration, en matière de protection
de nos frontières, en matière de numérique, en matière de fiscalité. Il est
vain pour ne pas dire ridicule que de vouloir mener 27 petites politiques
publiques les unes à côté des autres. Non, nous avons besoin d’une politique,
une politique européenne et ce sera ça l’enjeu des élections européennes. (…)
Et au cœur des défis que nous devons relever il y a bien sûr
le changement climatique. Il y a le changement climatique et avec lui, toutes
ses menaces qui pèsent sur notre environnement. Notre défi c’est de dépasser
finalement cette transition économique – celle qui doit permettre à nos
entreprises d’aller mieux, de regagner des parts des marchés à l’international,
celle qui doit faire en sorte que le travail paye mieux, celle qui doit faire
en sorte que nos entreprises innovent, que la France se remette à innover.
C’est de faire en sorte que cette transition économique, cette transition sociale
– celle qui doit nous permettre de sortir de cette société sclérosée dans
laquelle il est plus important d’être bien né que de bien travailler à l’école,
dans laquelle les études que l’on a fait à 20 ans sont plus importantes que la
qualité du travail que l’on mène. Ces deux transitions économique et sociale
nous devrons les mener de pair avec la transition écologique. (…)
C’est pour ça que je veux vous annoncer ici que nous
placerons la transition écologique au cœur de nos priorités pour cette élection
européenne. Oui, nous porterons la proposition d’un grand plan pour la
transition environnementale et sociale. Mais nous devrons faire en sorte que ce
plan ne ressemble pas à d’autres plans. Nous devrons faire en sorte que les
citoyens européens ne soient pas les laissés pour compte de la révolution
écologique. (…)
(…) La seule ambition que je nous fixe, c’est d’être utiles.
Pas utiles à nous-mêmes (je crois qu’il y a déjà un certain nombre de personnes
qui sont sur ce créneau-là). Non, utiles aux pays. (…)