Par Aris de Hesselin
& Alexandre Vatimbella
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Alexandre Vatimbella est directeur du CREC
L’élection du «central» Emmanuel Macron en 2017 avait
éloigné le spectre du populisme démagogique et extrémiste en France et donné un
répit à la démocratie républicaine alors même qu’au premier tour de la présidentielle,
les candidats antisystème avaient recueilli plus de 50% des voix.
On peut également dire que pour conjurer cette menace, le
candidat Macron avait parfois pris de dérangeants accents populistes.
Mais il n’y avait pas encore cette alliance objective entre
le populisme d’extrême-gauche et d’extrême-droite, ni le concours des partis de
droite et de gauche à une critique violente du pouvoir en place, jouant ainsi
les idiots utiles des premiers nommés.
Quant aux médias, si certains penchaient déjà vers une
exposition plus que troublante de populistes démagogues, ils ne s’étaient pas
engagés comme maintenant dans une couverture large et indécente de tout
phénomène populiste.
Mais voilà que les digues sont en passe d’être allègrement
dynamitées et les alliances de circonstances scellées.
Non pas grâce au mouvement de foule des gilets jaunes, qui
n’en est qu’un épiphénomène parmi d’autres et qui permet surtout à une majorité
de Français, via les sondages, de réclamer le beurre, l’argent du beurre et le
sourire de la crémière en plus et avec une base entre 40% et 50% – largement
constituée des électeurs de ces candidats antisystèmes de 2017 dont on a parlé
plus haut – de montrer à nouveau leur totale hostilité au pouvoir en place.
C’est plus sûrement une accumulation d’attaques, d’insultes,
de violences et de désinformation propres à la démagogie et à l’extrémisme qui
a préparé l’opinion à un possible avènement du populisme.
Si tout n’est pas encore écrit, les sondages semblent
montrer qu’une partie relativement importante des électeurs est prête à sauter
le pas comme aux Etats-Unis, en Hongrie ou en Italie.
Manque encore le Trump français.
Il pourrait être un Mélenchon ou une Le Pen (Wauquiez ou
Dupont-Aignan n’ont pas la vulgarité des premiers nommés même s’ils sont aussi
démagogues et haineux que ceux-ci).
Mais, comme Trump qui était une véritable star people depuis
des lustres en Amérique, il pourrait venir d’ailleurs, un peu comme Macron (ne
pas faire partie de la sphère politique stricto sensu a d’ailleurs été une des
forces de sa candidature et une des raisons de sa victoire,).
Il est difficile de trouver un profil qui pourrait amener à
lui une majorité de la population lors d’une présidentielle (Boulanger, Pétain,
Trump, Orban, Poutine, Salvini, Bolsonaro?).
Non pas que les Français ne soient pas sensibles à des
personnages douteux (comme Napoléon III, le général Boulanger, Pierre Poujade,
Jean-Marie Le Pen et d’autres), voire à des «hommes providentiels» (Philippe
Pétain ou Charles de Gaulle) qui pourraient ou non court-circuiter la
démocratie.
On a vu, en son temps, des Coluche, des Montand, des Tapie
être de possibles «recours» (on peut mettre dans cette catégorie un Hulot dont
on rappelle que son métier de base est animateur de télévision).
Selon le sondage biaisé (les réponses se font à partir d’une
liste préétablie et ne sont pas spontanées) sur les personnalités préférées des
Français, on trouve ans les derniers réalisés, en tête, le chanteur
Jean-Jacques Goldman, le comédien Omar Sy, le sportif Teddy Riner, le comédien
Dany Boon et la comédienne Sophie Marceau, aucun de ceux-ci ne semble néanmoins
intéressé par se lancer en politique et à devenir un «homme fort».
Nous n’allons pas spéculer sans fin sur un nom (Trump, tout
en étant connu, n’avait aucun réel soutien électoral ou sondagier avant la
déclaration de sa candidature) ou de quelle catégorie socioprofessionnelle
viendra l’éventuel Trump français sachant que ceux des personnalités de la
société civile que les Français auraient bien vu à l’Elysée étaient un comique
(Coluche), un animateur télé (Hulot), un homme d’affaire (Tapie), un acteur (Montand).
De même, rien ne dit qu’il n’y aura pas sursaut de la
population face à un tel personnage et au risque qu’il ferait courir au pays et
que ce Trump français demeurera largement hypothétique ou incapable de
conquérir le pouvoir.
Mais même s’il s’en trouvait un et qu’il réussisse à se
faire élire, son échec serait inscrit, à la fois dans un programme qui serait
inapplicable ou désastreux pour le pays mais aussi dans l’impatience du peuple
qui, comme il le fait depuis Nicolas Sarkozy, s’amuse à dézinguer tout
locataire de l’Elysée dans une sorte de happening sans fin populiste et
irresponsable.
Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella