lundi 26 novembre 2018

Actualités du Centre. Législative partielle: facile victoire du candidat soutenu par LREM en Essonne

Francis Chouat, le successeur de Manuel Valls à la mairie d’Evry et candidat soutenu par La république en marche, a remporté la législative partielle de la première circonscription de l’Essonne, scrutin organisé suite à la démission du même Manuel Valls de son siège de député afin d’aller concourir à la mairie de Barcelone lors des prochaines municipales espagnoles.
Alors que Valls avait été élu de justesse en 2017, Chouat a été élu haut la main ce dimanche 25 novembre avec 59,1% des voix face à la candidate de La France insoumise, Farida Amrani, qui, lors de la victoire de l’ancien premier ministre avait crié à la fraude et au complot, relayée en cela par son chef, Jean-Luc Mélenchon.
Cette défaite du parti populiste d’extrême-gauche est d’ailleurs une défaite cuisante de son leader qui s’était personnellement impliqué dans la campagne, croyant sans doute que le départ de Valls garantissait une victoire facile…
Pour ne pas changer, la candidate de LFI a insulté son vainqueur démontrant une nouvelle fois son incapacité à accepter la défaite et le jeu de la démocratie représentative.
Elle a ainsi déclaré que:
«L’Assemblée comptera un 308° député godillot. (…) Le clientélisme et les petits arrangements ont tant abîmé cette circonscription. Les dirigeants politiques locaux portent une grande responsabilité dans le dégoût de la politique qui s’exprime aujourd’hui. (…) Avec ce nouveau député, c’est l’immobilisme assuré pour la première circonscription de l’Essonne.»
De son côté, Francis Chouat a estimé que:
«C’est une victoire importante, celle de notre territoire, de son union. C’était aussi très important d’écarter le danger de l’extrémisme, de l’opposition à tout. (…) Cette élection a une dimension nationale, l’enjeu n’était pas de jeter des anathèmes.»
De son côté, Manuel Valls a félicité son successeur sur twitter:
«Ce soir mon ami Francis Chouat est largement élu député. C'est le résultat d'un parcours exemplaire et de la fidélité à un territoire. Il conserve un siège que j'ai occupé pendant 16 ans. Je suis heureux et fier. C'est aussi la défaite du populisme et de la haine de Jean-Luc Melenchon.»
Le nouveau député devrait normalement siéger avec le groupe LREM à l’Assemblée nationale.



Une Semaine en Centrisme. Bayrou: père, grand frère ou rival de Macron?

François Bayrou & Emmanuel Macron
Aussitôt que l’on pense que François Bayrou va jouer le jeu d’une majorité présidentielle unie, le voilà qui, par de fines (parfois) et nettement moins fines (souvent) allusions, s’en prend au président de la république et au gouvernement.
D’où ces questions sur ce qu’il veut en réalité alors même que c’est un pouvoir du Centre, pensée dont il se réclame, qui dirige le pays.
Connaissant Emmanuel Macron comme on le connait, il doit s’amuser de toutes ces spéculations, hypothèses et théories concernant ses relations avec le président du Mouvement démocrate ainsi que des gesticulations de son «allié», pensant que c’est lui qui dirige le bal et qu’il tient dans ses mains le futur de Bayrou.
Mais il serait naïf et bêta de prendre celles-ci à la légère car le pouvoir de nuisance de Bayrou, même vis-à-vis de ses «alliés», est réel, ce qui pourrait mettre l’exécutif dans l’embarras lors des moments de vraie crise ou de tension comme c’est le cas actuellement.
On sait depuis longtemps que le maire de Pau s’est fait une spécialité de dire beaucoup de choses «off» aux journalistes tout en prétendant le contraire et que ce sont très souvent des critiques à l’encontre du monde politique.
Quand, en plus, il en rajoute officiellement dans la plupart de ses propos, le questionnement sur là où il veut aller semble justifié.
Il ne faut jamais oublier quand on essaye une analyse du comportement de Bayrou que celui-ci est souvent dicté par l’affect et non la raison, d’où la difficulté de donner des pistes sûres, que l’intéressé lui-même ne sait sans doute pas où il va vraiment et que, dans ses relations avec Macron, tout a commencé par des critiques extrêmement dures voire des insultes à celui qui n’était encore que candidat à la présidentielle.
Une des raisons de cette agressivité extrême venait du dépit de voir un jeune blanc bec venir lui piquer devant ses yeux le boulot pour lequel il se croyait destiné depuis des années (président de la république) et dont il estimait être nettement plus légitime que ce dernier d’exercer notamment comme représentant d’un axe central qui avait enfin sa chance de placer un des siens à l’Elysée après les fiascos de Hollande, Valls, Juppé et Fillon et l’incapacité de Le Pen et Mélenchon de pouvoir réunir une majorité d’électeurs sur leurs noms.
La seule motivation de faire volte-face et de soutenir le candidat Macron tout en ne se présentant pas (au vu de sondages catastrophiques), était de sauvegarder son avenir politique durement regagné grâce à Alain Juppé après sa marginalisation suite à sa défaite à la présidentielle de 2012.
Une décision qui, quand on connait Bayrou, a du lui être très difficile à prendre.
Mais il a semblé jouer le jeu honnêtement pendant un temps (les promesses d’un groupe à l’Assemblée nationale pour son parti qui n’avait plus aucun député et de postes ministériels dont un de poids pour lui jouant évidemment en ce sens).
Mais le leader du MoDem n’a sans doute jamais accepté d’être sous les ordres du créateur d’En marche et que sa carrière politique dépende de ses bons vouloirs.
Il a donc théorisé de son côté ce que pourrait être son «alliance» avec celui qui venait de se faire élire à l’Elysée «grâce à lui» clamait-il dès le lendemain du deuxième tour...
Il fallait qu’il supporte la nouvelle majorité pour ne pas apparaître comme un traître, voire un irresponsable, mais il se devait de garder sa «liberté de parole» au nom de sa qualité de «simple citoyen» mais aussi de ce qu’il prétend incarner, le leader d’une pensée politique, le Centrisme.
Son – court – passage au gouvernement comme ministre de la Justice l’a encore plus incité à jouer ce rôle qu’il avait déjà commencé à interpréter dès les jours qui ont suivi les résultats de la présidentielle.
Car, il a vécu comme une injustice l’enquête judiciaire sur les accusations à propos des assistants parlementaires européens du Mouvement démocrate qui n’en seraient pas, voire comme un complot à son encontre.
Alors, depuis maintenant plus d’un an et demi, il mixe ses satisfécits et ses reproches vis-à-vis de l’exécutif lors de ses nombreuses interventions médiatiques et ses «confidences» aux journalistes.
Et il joue sur du velours avec des médias qui, en bons représentants du «vieux monde», ont décidé de se payer la peau de Macron.
Alors, quand le soi-disant «allié le plus, proche» du président de la république rue dans les brancards, c’est une aubaine à ne pas laisser passer.
On vient de le voir avec ses propos critiques sur la gestion de la crise des gilets jaunes et ses «conseils d’ami» pour en sortir…
Mais comment qualifier ce comportement?
Est-ce d’être le père spirituel d’Emmanuel Macron, son grand frère qui lui donne des conseils ou un rival qui n’attend que de prendre sa revanche en le faisant trébucher?
Un peu des trois sachant que certains parient plutôt sur la troisième hypothèse…
Et quel est le moteur profond qui est à l’origine de ce comportement?
Une seul chose, son ambition politique.
Car, quand on y consacre tant d’énergie et de temps, bien évidemment, on ne l’abandonne jamais.
François Bayrou criera aux fadaises et mensonges sur ce qui vient d’être dit.
Mais, pour être crédible dans ses dénégations, il aurait fallu qu’il s’abstienne d’abord d’insulter Macron pendant des mois puis, depuis plus d’un an, de ne jamais manquer une occasion de la critiquer, même quand il lui fait des compliments!
Concernant son alliance avec Macron, pour l’instant, ce n’est pas un choix mais une obligation s’il ne veut pas, à nouveau, vivre une traversée du désert comme ne 2012, celle-ci pouvant être l’enterrement de sa carrière politique.
Quant à la solidité de celle-ci, attendons le moment où l’obligation ne sera devenue qu’un choix.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC