L’année dernière en ce 20
novembre j’ai écrit un éditorial «Tous les jours doivent être la journée de
l’enfant!» que je pourrais reprendre à l’identique à la virgule près! (texte à
lire ci-dessous).
Car, en un an, rien n’a changé ou
si peu.
Tout juste sait-on qu’il n’y a
toujours pas de ministère dédié aux enfants (une faute politique de Macron,
malheureusement sans doute pas une faute électoraliste comme l’augmentation des
taxes sur les carburants…) et que c’est le ministère de la Santé qui a récupéré
la problématique de l’enfance avec des annones de-ci, de-là, et un prochain
plan qui devrait être annoncé avant la fin de l’année.
Mais où sont les actions
concrètes, où sont les moyens financiers dégagés, où en est la prise de
conscience collective?
Où en sont les grandes campagnes
de prévention et d’information?
Où en est l’année de l’enfance,
grande cause nationale, que demandent toutes les associations de protection des
enfants depuis des années?
Pourquoi n’enseigne-t-on pas dans
les écoles, les collèges et les lycées les dangers des agressions sexuelles
pour que les enfants soient au moins au courant des dangers qu’ils peuvent
courir?
Pourquoi aucun président de la
république n’a jamais pris la parole en ce 20 novembre pour dire combien l’Etat
se préoccupe du bien-être des enfants?
Pourquoi la maltraitance aux
enfants ne fait les gros titres que lorsqu’il y a un fait divers scabreux ou
pour cette «journée» du 20 novembre?
Pourquoi, surtout, la société ne
respecte pas les enfants et l’enfance comme cela devrait être fait, que ce soit
les pouvoirs publics ou la population?
Trop de pourquoi pour si peu
d’agir.
Alors, dans un an, le 20 novembre
2019, je pourrai réécrire la même prose que vous pourrez relire encore une fois.
Puis en 2020, 2021, 2022, 2023,…
Ce 20 novembre, comme tous les ans depuis 1993, est la Journée
internationale des droits de l’enfant (*).
Loin de moi de vouloir supprimer cette date qui a le mérite d’exister
en faisant parler un peu plus des problèmes des enfants et de l’enfance comme
on peut le constater dans les médias.
Mais, cette journée ne doit pas être un alibi, un gadget ou une manière
d’évacuer le problème les trois cent soixante quatre autres jours de l’année.
De même, comme pour la journée de la femme ou d’autres journées de ce
type, c’est bien tous les jours, toute l’année, que l’on devrait célébrer les
enfants et leurs droits.
Non pas parce que ceux-ci sont des dieux à vénérer comme l’affirment
tous les adultes frustrés qui croient que les enfants sont des rois et sont respectés,
si ce n’est dans le monde entier, en tout cas en France et qui, pour certains,
ont oublié qu’ils ont été des enfants.
Mais parce que, si la condition de l’enfant est évidemment bien plus
enviable dans les pays avancés, affirmer qu’il est respecté comme une vraie
personne et qu’il n’est victime d’aucune violence, discrimination et condition
de vie parfois indigne, est tout simplement un mensonge.
D’abord, tordons le cou à cette infâme idée que l’enfant serait un roi.
En réalité, dans notre société où pullulent les égocentristes
égocentriques, l’enfant est mis par ceux-ci sur un piédestal uniquement parce
qu’il est leur rejeton.
Car les rois ce sont eux et leur progéniture fait partie de la famille
royale mais n’est pas du tout respectée comme des personnes.
Voilà qui est dit.
Maintenant, tous les jours nous apprenons que des enfants ont été
violentés physiquement ou psychologiquement, assassinés, qu’ils vivent dans la
rue ou dans des taudis, qu’ils ne sont pas scolarisés, qu’ils vivent dans un
état de pauvreté indigne, etc.
Et tout cela, pas à des milliers de kilomètres mais, ici, en France.
Imaginons ce que c’est, ailleurs, où certains sont des esclaves (comme
travailleurs ou comme objets sexuels), de la chair à canon ou des bombes
humaines télécommandées (à ce sujet, il faudrait que les médias arrêtent de
dire qu’ils se sont fait sauter dans un attentat-suicide alors qu’ils sont
quasiment tous jetés au milieu de gens avec une bombe munie d’un minuteur ou
télécommandée et qu’ils seront les premières victimes des monstres qui les ont
obligés à la porter).
Imaginons dans quelles conditions exécrables ils vivent dans les pays
pauvres où ils n’ont pas assez à manger, où ils ne peuvent pas étudier, où ils
n’ont aucune perspective d’avenir.
Alors, au lieu de se raconter des histoires sur l’état de l’enfance en
France (pays qui, rappelons-le, a été critiqué récemment sur nombre de points
par l’UNICEF dans un rapport détaillé) et de croire que tout ne va pas si mal
parce que des ONG tentent de palier au plus pressé, agissons.
Et pas seulement le jour de la journée internationale de l’enfant.
Comme le dit l’ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny et
défenseur infatigable de la cause des enfants, Jean-Pierre Rosenczveig, dans
son blog (lire
ici l’entier article intitulé «20 novembre, jour des droits de l’enfant: une
blague?), «on ne sent pas un appétit, on ne sent plus une dynamique sur le
thème ‘droit des enfants’. On va commémorer quand il faudrait s’engager. On met
le focus sur le seul dossier économique. Et on a tort: pour essentiel il ne
suffit pas à rendre justice aux plus faibles ou à prendre en compte les plus
fragiles.»
Et de s’interroger comme je l’ai fait ici voici quelques mois:
«L’enfant est-il encore un objet explicite de politique publique? On peut en
douter avec la disparition d’un ministère de l’enfance même associé à la
famille. Qui sait aujourd’hui quel est le ministre en charge du dossier ‘droits
des enfants’?»
Oui, monsieur Macron, s’occuper des enfants nécessite un ministère à
part entière.
En tant qu’humanistes, les centristes doivent être au cœur de ce combat
pour les droits de l’enfant mais, plus largement, pour le respect du aux
enfants et à l’enfance parce qu’en protégeant, en accompagnant et en
reconnaissant ceux-ci comme des personnes, il en va de ce que nous sommes, de
cette part du divin qui est en nous et de ce que nous voulons bâtir sur cette
planète pour nous, pour eux.
(*) Elle est
l’héritière de la Journée mondiale de l’enfance instituée par l’ONU en 1954 et
toujours célébrée comme telle par l’organisation internationale