Les signataires de l'appel, Forum de la paix de Paris |
Dans
une tribune parue dans plusieurs quotidiens internationaux, sept dirigeants
positionnés au centre de l’échiquier politique ont lancé un appel en vue de
promouvoir la liberté d’opinion et d’expression dont le but est de protéger
l’accès des citoyens à une information indépendante, pluraliste, fondée sur des
faits».
Cet
appel sera suivi dans les prochains d’une «feuille de route» précisant les
actions concrètes qui seront organisé en ce sens.
Les signataires de l’appel sont Carlos Alvarado, président
du Costa Rica (centre-gauche); Béji Caïd Essebsi, président de la Tunisie
(centre); Saad Hariri, premier ministre du Liban (centre-droit); Emmanuel
Macron, président de la République
Française (centre); Macky Sall , président du Sénégal
(centre); Erna Solberg, première ministre de la Norvège (centre-droit); Justin
Trudeau, premier ministre du Canada (centre).
Voici le texte de l’appel intitulé «Nous, chefs d’Etat, nous
nous engageons à promouvoir la liberté d’opinion et d’expression»:
La liberté d’opinion et d’expression, qui est constitutive
de la démocratie, fait face aujourd’hui à de grands périls. Ce droit
fondamental repose sur la possibilité d’accéder à des informations libres,
plurielles et fiables. Or, les médias, qui vérifient les faits et s’obligent à
confronter les points de vue, se trouvent fragilisés par la transformation
numérique. La désinformation massive en ligne se propage, cherchant à orienter
les débats, voire à intervenir dans les élections pour en fausser le résultat. Un
peu partout, des intérêts particuliers continuent à asservir l’information et,
dans de nombreux pays, le contrôle politique de la presse et les menaces contre
les journalistes connaissent une terrible recrudescence.
Il est urgent, dans ce contexte, que nos démocraties se
mobilisent. Elles ne doivent pas céder à la résignation. Il est urgent de
protéger notre accès à une information indépendante, pluraliste, basée sur des
faits, condition indispensable pour que les individus se forgent librement une
opinion et participent valablement au débat démocratique. C’est la raison pour
laquelle nous saluons le travail de la Commission internationale indépendante
sur l’information et la démocratie qui a présenté, le 11 novembre 2018 au Forum
de Paris sur la paix, le résultat de ses travaux.
Cette commission, créée à l’initiative de Reporters sans
frontières, nous appelle à considérer l’espace mondial de la communication et
de l’information comme un bien commun de l’humanité, dans lequel doivent être
promus la liberté, le pluralisme et l’intégrité des informations. Elle propose
que les acteurs en position de structurer cet espace global, en particulier les
plates-formes numériques, aient des responsabilités en matière de neutralité
politique et idéologique, de pluralisme, de transparence. Elle appelle
également, ce qui est très novateur, à la reconnaissance que les individus ont
un droit, non seulement à une information indépendante et plurielle, mais aussi
à une information fiable.
Ces propositions sont stimulantes, innovantes. Sur cette
base, nous avons décidé d’engager un processus politique. L’objectif est que
nos Etats, dans les mois qui viennent, se dotent de leur propre feuille de
route pour promouvoir l’exercice de la liberté d’opinion et d’expression dans
le contexte technologique et politique du XXI° siècle. Nous espérons qu’un
maximum d’Etats nous rejoindront. Soixante-dix ans après l’adoption de la
Déclaration universelle des droits de l’homme, nous réitérerons ainsi notre
engagement en faveur des droits les plus essentiels de nos populations.