François Bayrou |
Lors
d’une interview sur RTL, le centriste et président du MoDem,François Bayrou,
évoquant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis, a estimé que le défi
crucial concernant l’avenir de l’Union européenne était soit l’affirmation de
l’indépendance de sa souveraineté, soit sa soumission aux puissances
extérieures au premier rang desquelles on trouve les Etats-Unis de Donald Trump
et la Chine de Xi Jinping. Sans parler des menaces venues de Russie.
Extraits:
- La seule question qui se pose, c’est que nous voyons se
développer une politique qui est ouvertement dans l’égoïsme de l’intérêt
purement national que Trump l’imagine, sans se préoccuper du reste du monde, et
au contraire, en biffant d’un trait de plume, un certain nombre d’engagements,
qui étaient essentiels pour l’équilibre du monde. Et en face de cela, la seule
question c’est: est-ce que l’Europe veut faire quelque chose ou bien, est-ce
qu’elle accepte au contraire de devenir servile?
- (…) Il y a quelques semaines Donald Trump a décidé tout
seul, unilatéralement, de sortit des accords sur l’Iran et d’imposer des
sanctions à l’Iran. Que s’est-il passé? Les entreprises américaines ont suivi,
c’est assez normal. Mais ce qui s’est passé de plus inquiétant, c’est que les
plus grandes entreprises européennes, dont les gouvernements n’avaient pas pris
cette décision, bien au contraire… Ce qu’il s’est passé de plus inquiétant,
c’est que les plus grandes entreprises européennes dont les gouvernements
n’avaient pas pris cette décision, bien au contraire – Peugeot, Total,
Bouygues, on peut en trouver d’autres – ont été obligées de replier leurs
valises, faire leurs valises et de quitter l’Iran en dépit des investissements
très importants qu’elles y avaient fait. C’est une soumission imposée et donc
c’est une soumission acceptée; et les emplois, tout ce que nous aurions pu
acquérir dans une décision qui avait été librement prise par les gouvernements
européens et par les directions de ces entreprises, tout cela a été balayé d’un
trait de plume. Si l’on ne se rend pas compte que cette question – soumission
ou indépendance, soumission ou souveraineté – c’est la vraie question
historique du moment que nous sommes en train de vivre et cela dépend
uniquement de nous. La seule question est de savoir que nous baissons les bras
ou est-ce que, au contraire, nous affirmons être une puissance indépendante
capable de décider pour elle-même face à ce défi – qui n’est qu’une part des
défis de la planète. Il y en a beaucoup d’autres : la Chine, la Russie,
etc.
- (…) Il y a eu un moment de l’Histoire, précisément dans
les années 30, ce n’était pas une forme de chantage, où les démocraties, les
pays libres, étaient devant une question simple: est-ce que l’on construit une
capacité de défense face aux menaces du monde ou pas? Alors les menaces ont
changé, on n’est pas sous le feu des canons – pour l’instant – mais la
soumission dans laquelle les Etats européens, les pays européens, acceptent de
se placer est aussi dangereuse, destructrice – en tout cas pour notre économie
et notre fierté – qu’elle peut l’être, et donc ce n’est pas une forme de chantage.
- (…) Cette affaire du prix du carburant, elle a pris
naissance en 2007. Il y a avait une élection présidentielle, et vous vous
souviendrez que Nicolas Hulot a invité, convoqué – je ne sais pas ce qu’il faut dire – tous les
candidats à l’élection présidentielle – j’en étais – pour dire «On est en train
de courir à l’abîme, en multipliant, en faisant en sorte que la consommation de
pétrole ne baisse pas. Il faut qu’on prenne tous un engagement», et dire «Nous
allons augmenter régulièrement le prix du pétrole pour que notre consommation
soit raisonnable». Deuxièmement, 2009-2010, Nicolas Sarkozy a décidé de mettre
en place cette augmentation progressive. Et ça a été confirmé par tous les
gouvernements successifs en 2015, pour une raison profonde qui est que tout le
monde s’accorde à dire que la consommation d’énergie fossile est pour
l’humanité un danger et un risque.