Emmanuel Macron |
Lors
de ces trois dernières interventions (interviews dans Ouest France et dans
plusieurs quotidiens régionaux ainsi que ses propos télévisés après la victoire
du non à l’indépendance en Nouvelle Calédonie), Emmanuel Macron assume sa
responsabilité face à l’Histoire.
Ainsi,
le Président de la république au tropisme central et centriste, rappelle dans
ses propos qu’il n’a pas été élu pour faire de la représentation ou prétendre
faire des réformes qui n’en sont pas.
Il
a été élu sur un programme et un projet clairs, réformer le pays sans faiblesse
afin de lui redonner une dynamique progressiste et l’adapter aux défis du XXI°
siècle.
Mais
il a aussi été élu pour faire barrage à la montée des extrémismes et des
populismes (en France contre l’extrême-droite du Rassemblement national et
l’extrême-gauche de La France insoumise) et redonner toute sa place à la
démocratie républicaine dans le pays et en Europe, voire dans le monde, alors
même que montent de partout des périls contre la liberté et les valeurs
humanistes.
On
ne sait pas encore s’il réussira dans cette ambition (il n’en est qu’à un an et
demi de son quinquennat) mais force est de reconnaitre, quelles que soient les
opinions que l’on professe, qu’il demeure fixé sur ses objectifs.
«J'ai été élu sur un projet clair, sans ambiguïté et j'aurai
des comptes à rendre pour longtemps» explique-t-il, ajoutant qu’«on ne peut pas
prétendre tout changer en quinze mois, ça prend du temps. En attendant, il faut
laisser la fatalité à ceux qui cèdent à la facilité».
Ainsi, concernant la hausse des taxes sur les produits
pétroliers, il déclare:
«J'assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit
au niveau de celle de l'essence et je préfère la taxation du carburant à la
taxation du travail».
Il pointe la contradiction de ceux qui ont récupéré
politiquement la grogne des Français:
«Les mêmes qui râlent
sur la hausse du carburant, réclament aussi qu'on lutte contre la pollution de
l'air parce que leurs enfants souffrent de maladies».
Il rappelle néanmoins que «la hausse du prix à la pompe
qu'on constate aujourd'hui est liée à 70% à celle des cours du pétrole».
Pour autant, il comprend le mécontentement:
«On nous a expliqué pendant des décennies qu'il fallait
acheter du diesel et maintenant c'est le contraire. C'est normal que ce soit
mal compris».
Cependant, ajoute-t-il:
«Nous allons entrer dans de nouvelles formes de mobilité et
nous devons accompagner ces innovations (par diverses mesures):
- Accélérer encore la transition du parc automobile;
- Développer les transports collectifs moins coûteux que la
voiture, ce que font les collectivités locales et que l’Etat accompagne;
- L’aide au covoiturage et à de nouvelles mobilités. Ces
priorités seront au cœur de la loi Mobilités.
J’ai demandé aussi au gouvernement de trouver de solutions
pour qu’avec les employeurs, les salariés qui doivent utiliser au quotidien
leur voiture puissent être aidés davantage.»
Pour ce qui des conséquences parfois difficiles des réformes
et des décisions qu’il prend, il dit:
«Je comprends l’impatience, j’écoute la colère. On est au
milieu d’une transformation profonde de notre société, qui touche le travail,
la façon d’acheter et de consommer, les habitudes de déplacements. Nous faisons
des choix courageux pour réussir cette transformation. Nous avons pris des
mesures pour assouplir le Code du travail et favoriser l’investissement.»
Mais, affirme-t-il:
«Nous n’avons jamais eu autant d’investissements qu’au dernier
trimestre 2017, y compris des investisseurs internationaux, ce qui confirme
l’attractivité de la France et de ses territoires. Ces changements, je ne veux
pas que ce soit les Français les plus modestes, les plus laborieux, les classes
moyennes qui les supportent."
Quant aux Français qui s’impatientent, voire s’opposent:
«Je les respecte et je ne dis pas comme par le passé: ‘Souffrez
en silence, ça va aller mieux’».
Il assume ainsi sa «part de responsabilité» dans l’incompréhension
de certaines décisions et certains propos notamment lorsqu’il parle directement
à ses compatriotes:
«Je parle aux Français avec mon caractère, avec ma façon de
faire. Quand ils sont inquiets, j'ai une part de responsabilité: c'est que je
n'explique pas assez bien.»
Emmanuel Macron évoque aussi de ses inquiétudes face à la situation
en Europe et dans le monde au moment où il entreprend un périple pour
commémorer le centenaire de la fin de la Première guerre mondiale (avec, en
point d’orgue, le Forum de la paix, réunion internationale du 11 novembre à La
Villette).
«Je suis frappé, dit-il sans détour, par la ressemblance
entre le moment que nous vivons et celui de l'entre-deux-guerres. Dans une
Europe qui est divisée par les peurs, le repli nationaliste, les conséquences
de la crise économique, on voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce
qui a rythmé la vie de l'Europe de l'après Première guerre mondiale à la crise
de 1929.»
Et de poursuivre:
«L'Europe est face à un risque: celui de se démembrer par la
lèpre nationaliste et d'être bousculée par des puissances extérieures. Et donc
de perdre sa souveraineté. C'est-à-dire d'avoir sa sécurité qui dépende des
choix américains et de ses changements, d'avoir une Chine de plus en plus
présente sur les infrastructures essentielles, une Russie qui parfois est
tentée par la manipulation, des grands intérêts financiers et des marchés qui
dépassent parfois la place que les Etats peuvent prendre».
Son objectif est, selon lui, de promouvoir une Europe «plus
souveraine et plus multilatérale» par un volontarisme qui ne veut pas «simplement
regarder l'Histoire» mais «comprendre
les leçons de cette Histoire».