Marc Fesneau |
On
connait la propension de François Bayrou à ne s’entourer que de seconds
couteaux et à couper les têtes dès qu’elles dépassent et qu’elles pourraient
lui faire de l’ombre.
Une
longue litanie de «fidèles» sont partis ou ont été poussés vers la sortie pour
avoir voulu ou cru être plus ou moins l’égal du chef.
Sans
parler des météorites, attirés par Bayrou et repartis presqu’aussitôt quand ils
comprenaient qu’ils n’étaient là que pour mettre en valeur ce dernier.
Dès
lors, le MoDem n’a jamais été, jusqu’aux élections de 2017, qu’un outil pour
les ambitions présidentielles du maire de Pau.
C’est
pourquoi, lors des dernières législatives, les candidats du Mouvement démocrate
étaient quasiment tous de parfaits inconnus du grand public et qu’il a même été
difficile d’en trouver en nombre suffisant.
Quant
à ceux qui avaient une petite notoriété, il s’agissait de la fidèle d’entre les
fidèles, la peu charismatique Marielle de Sarnez et de l’intriguant cheval sur
le retour Jean-Louis Bourlanges dont on peine toujours à comprendre pourquoi Bayrou
a récompensé ses trahisons et dont le centrisme est largement d’opportunisme.
Après
les élections, quelques nouveaux ont attirés l’attention, souvent pour le pire,
comme le nouveau président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale, Patrick
Mignola (allié fidèle et sans beaucoup de scrupules de Laurent Wauquiez dans sa
région jusqu’il y a peu, aux engagements politiques fluctuants et qui s’est
même fendu d’une tribune dans Le Figaro pour prétendre que la France d’Emmanuel
Macron était «illibérale»!).
Dans
ce paysage assez peu réjouissant, on a vu pourtant émerger celui que l’on n’attendait
pas, Marc Fesneau, ancien numéro trois du parti, devenu président de son groupe
à l’Assemblée nationale et désormais ministres des Relations avec le Parlement
dans le gouvernement d’Edouard Philippe.
Peu
connu et relativement discret pendant la longue traversée du désert du MoDem,
il s’est révélé un vrai centriste, un homme de conviction, aux propos construits,
à la parole consistante, au comportement consensuel, sans esbroufe et effet de
manche appréciés et pratiqués par son président, François Bayrou.
Ses
promotions successives font de lui clairement aujourd’hui le numéro deux de
fait du Mouvement démocrate, poste réservé jusque là à Sarnez pour sa fidélité
plus que ses compétences.
Mais
cela l’expose et rend sa position plus fragile si l’on se base sur le passé de
la formation centriste où Bayrou n’a jamais accepté un possible concurrent sur
les scènes politiques et médiatiques.
En
revanche, si le MoDem veut devenir un vrai parti qui a un avenir post-Bayrou,
alors il semble être la personne qui peut la préparer la transition, la mener à
bien quand l’heure viendra et l’incarner.