Bayrou & Macron |
A en croire les médias et leurs politologues attitrés, non
seulement François Bayrou serait le grand architecte du nouveau gouvernement
mais le centriste aurait imposé son véto sur certains candidats à des postes
ministériels importants et aurait «conseillé» son cadet, Emmanuel Macron, sur
ses soi-disant nouvelles orientations politiques, en squattant à longueur de
journée les couloirs de l’Elysée.
De son côté, toujours selon nos médias et leurs «experts»,
le Président de la république, proche du burn-out, en dégringolade dans les
sondages, lâchés par ses plus proches et importants soutiens, face à une grogne
de ses troupes, incapable de s’attaquer aux vrais problèmes et en échec un peu
partout et pour tout et n’importe quoi (la macronie serait même proche de
l’implosion), ne tiendrait plus que grâce au soutien salvateur du président du
Mouvement démocrate et de sa quarantaine de députés.
Ce dernier a beau démentir en boucle qu’il serait le marionnettiste
du pouvoir et l’éminence grise de Macron (tout en expliquant, malgré tout, avec
une certaine gourmandise qu’il parle tout le temps avec lui, qu’il est content
des nouvelles décisions et de la composition du gouvernement, etc.), en lui
jurant sa fidélité et en multipliant les compliments, parfois proche de la forfanterie,
rien n’y fait.
D’autant que ses amis se sont engouffrés dans cette brèche
pour se féliciter que le MoDem est enfin servi et se réjouir qu’il soit reconnu
à sa juste valeur.
Il parait même, selon nos fins limiers journalistiques, qu’on
ne tarit pas d’éloges sur François Bayrou dans les proches cercles macronistes.
Et ceux-ci d’expliquer son importance dans et pour la
majorité présidentielle et tout le bien que pense l’Elysée et son hôte de cet
allié si essentiel qui a pourtant ruer dans les brancards sans pratiquement
discontinuer depuis l’élection présidentielle avec des critiques systématiques
et parfois dures.
Mais, alors, Bayrou n’a-t-il pas réussi enfin à avoir le
boulot dont il rêve depuis si longtemps, à être le «vrai» président de la
république, en prenant l’ascension sur le petit jeunot qui lui a piqué le poste
qu’il convoitait et 2017 et qui crânait devant sa réussite exceptionnelle?
N’est-il pas le «vrai» chef?
En réalité, derrière cette offensive médiatique, reprise par
tous les adversaires de Macron, se déroule un jeu de dupes où chacun utilise
l’autre à ses propres fins.
Du côté de François Bayrou et de son parti, le moment est
propice à se présenter comme une réelle force politique qui compte dans la
majorité présidentielle, non seulement pour grappiller un peu de pouvoir et
quelques postes mais pour démontrer que l’on peut avoir une vie sans Macron
alors même que vous n’existez que grâce et à cause de lui et de son élection.
Du côté d’Emmanuel Macron, il est important de montrer que
la majorité présidentielle est vivante, variée et plurielle et que cela est un
atout face à certaines critiques sur la trop grande verticalité du pouvoir.
De ce point de vue, Bayrou est une soupape de sécurité (que
l’on pourra utiliser plusieurs fois), sachant qu’il est incontrôlable mais
aussi qu’il connait son intérêt à ne pas aller trop loin sous peine de tout
perdre.
Sans doute que l’on aurait souhaiter jouer cette carte un
peu plus tard dans le quinquennat mais le moment s’est imposé.
Reste une évidence: aujourd’hui, le leader du Modem peut
bien être à la tête du ministère de la parole et celui du paraître pour un
temps donné, Emmanuel Macron, lui, dirige celui du faire pour au moins cinq
ans.
Là est toute la différence et les deux hommes en sont
pleinement conscients…
Centristement votre.
Le Centriste