Colloque
et Conseil national, La république en marche a rappelé ce week-end son identité
macroniste qui est un progressisme libéral et social européen.
Néanmoins,
par la bouche même de ses responsables, le mouvement central au tropisme
centriste, sait qu’il doit travailler pour essayer de définir une ligne
politique plus autonome vis-à-vis de l’exécutif.
Pour
autant, ceux qui ne voient dans LREM qu’un rassemblement hétéroclite de gens
dont le seul lien est de soutenir le Président de la république, il ne doivent
jamais oublier que le dilemme de toute formation majoritaire (comme ce fut le
cas, en son temps, pour le PS ou l’UMP, l’UDF ou le RPR) est d’exister
autrement que comme soutien de l’exécutif et que cela ne va pas de soi, loin de
là.
On
a d’ailleurs bien vu tout ce que cela pouvait avoir de mortifère pour un parti
majoritaire d’avoir une opposition frontale à son chef naturel lorsque l’on est
au pouvoir avec les frondeurs du PS au temps de la présidence Hollande et qui a
abouti, non seulement, à la non-candidature de ce dernier à la présidentielle
de 2017, mais qu’aujourd’hui les socialistes soient des morts-vivants de la
politique avec une forte possibilité que le parti disparaisse.
Si
la proximité d’évidence entre l’exécutif et le parti majoritaire sera toujours
une constante en démocratie (voir ce qui se passe dans toutes celles de la
planète) et plus encore dans le régime de la V° République en France, ce qu’il
faut tenter d’éviter c’est d’être ces simples godillots, terme que chaque
opposition accole aux députés de la majorité, et tenter d’être une force de
réflexion et de proposition.
Car,
in fine, c’est bien parce qu’ils sont des soutiens de Macron que les députés
LREM sont à l’Assemblée nationale, ils ont été élus pour cela.
On
rappellera également que les concepteurs de notre Constitution actuelle ont
donné la prééminence aux projets de loi (présentés par le Gouvernement) sur les
propositions de loi (venues des parlementaires).
Quoi
qu’il en soit, la formation créée par Emmanuel Macron va élire son nouveau
délégué général le 1er décembre prochain après la nomination de
Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur.
Elle
doit également et surtout préparer les prochaines échéances électorales après
une année 2018 blanche en cette matière avec, en particulier, les élections au
Parlement européen de mai 2019.
Et malgré la formule de Christophe Castaner à l’adresse des
adhérents de LREM, «ce n’est pas la politique qui changera notre mouvement,
c’est notre mouvement qui doit changer la politique», c’est bien de politique «traditionnelle»
dont devra s’occuper le prochain délégué général comme l’a d’ailleurs rappelé
Philippe Grangeon qui assure l’intérim, dans une étonnante tirade à propos de
la campagne électorale interne:
«(…) Nous devons être vigilants à ce que cette campagne
éclair ne vienne pas, par des comportements, des initiatives, des propos à
l’emporte-pièce, abimer l’image et la réputation de La République En Marche -
bref affaiblir son efficacité, et au final sa force. Je le répète, je serai
très vigilant sur cette question.
Parce que cette élection, là aussi que les choses soient
claires, ce n’est pas un changement de cap, ce n’est pas un changement
d’équipe, c’est juste un moment certes important où nous devons trouver
collectivement, la meilleure ou le meilleur d’entre nous pour nous incarner,
celle ou celui qui mettra toute son énergie, toute sa passion, au service, et
au service je ne veux pas dire exclusivement mais principalement, de notre
mouvement. D’ailleurs mes amis, si tel ne devait pas être le cas, l’immense
majorité des marcheurs et les Français qui nous regardent ne tolèreraient pas
que le premier parti de France se détourne de son rôle historique de la
transformation du pays pour étaler ses divisions ou ses états d’âme. Dans cette
campagne, ne l’oublions jamais, nous avons un devoir d’exemplarité.»
Voilà qui est dit, sans doute à l’attention de quelques
dissidents possibles et, sans doute également, afin de ne pas vivre ce que le
PS a vécu avec les frondeurs ou LR entre Wauquiez et ses opposants.
Mais Grangeon a également rappelé les objectifs de LREM au
nombre que quatre:
«La première d'entre elle : accompagner le Gouvernement et
le Parlement dans la transformation du pays, en soutenant la majorité
présidentielle, pour expliquer inlassablement le sens des réformes mais aussi,
et c’est notre rôle, quand c’est nécessaire, inspirer, influencer voire
challenger quelques-unes des politiques publiques.
La deuxième priorité, c’est aussi le rôle d'un mouvement et
je crois qu'à partir de l'année prochaine, vient le temps des rendez-vous
électoraux, il nous faut les préparer, c'est très important puisque les
Français auront, ou pas, à nous témoigner ainsi leur confiance. Je pense en particulier
au premier rendez-vous électoral: les élections européennes. (…)
La troisième priorité et c’est notre raison d’être:
continuer à inventer des nouvelles formes d’engagement, faire de la politique
autrement. C’est là une de nos promesses, une des promesses fondatrices de La
République En Marche: nous avons en cours une foison de projets citoyens, avec
au fond une idée, une seule idée en tête qui nous guide: être les vigies du
réel.
Enfin bien sûr, dernière priorité: affirmer notre corpus
idéologique et programmatique, notamment autour de l’idée du progrès. C’est un
travail de longue haleine, nous avons fait un pas important hier avec notre
colloque, mais cette colonne vertébrale se construira tout au long du quinquennat
et, c'est cela notre originalité, elle s'articulera avec les transformations
que nous mettons en œuvre. C’est d’autant plus nécessaire que nous sommes aux
responsabilités.»
Cette «dernière priorité» par rapport à tout ce que nous
avons dit d’un parti majoritaire dans la V° République a de quoi étonné (d’autant
que les discours, les interviews, le programme et le livre de Macron livrent
déjà toutes les clés du «corpus idéologique et programmatique») à moins qu’il
ne s’agisse que d’entretenir une dynamique militante qui n’est jamais allée de
soi quel que soit la majorité en place.
Mais ce que les «marcheurs» doivent toujours avoir en tête c’est
que leur mouvement a été créé de toute pièce pour soutenir le projet d’un
homme, Emmanuel Macron, tout comme les «gaullistes» savaient que le RPF puis l’UNR
et enfin l’UDR, brièvement, avaient comme seul ligne politique, le projet de
Charles de Gaulle.