Les centristes sont désormais sur le pont pour les
prochaines élections européennes mais, plus important, encore, pour défendre
l’Union européenne et mener le «combat» (terme qui revient constamment dans
leurs propos) contre les nationalismes et les populismes mais, surtout, pour un
approfondissement de cette union.
D’Emmanuel Macron qui veut une large coalition d’un axe
central pro-européen en France et en Europe à François Bayrou qui parle de
combat essentiel en passant par Laurent Hénart (coprésident du Mouvement radical),
Jean-Christophe Lagarde (président de l’UDI) ou Christophe Castaner (délégué
général de LREM), tous sont monté au créneau ces derniers jours pour parler
d’Europe.
Et que disent-ils?
Que l’Europe est en danger et qu’il faut se mobiliser pour la
sauver, pour qu’elle ne tombe pas dans les mains des populistes et qu’elle
reparte de l’avant vers plus de démocratie et d’intégration.
Pour cela, il faut une large alliance au centre pour
Christophe Castaner qui «appelle ce qui veulent se battre pour l'Europe au
dépassement politique» et indique qu'avec Alain Juppé et l'UDI, «les
discussions se poursuivent» pour une
liste commune avec LREM et le MoDem.
De son côté, Laurent Hénart lance un appel: «Engageons un
combat collectif pour sauver l’idéal européen, la plus grande inspiration de
l’Occident, ce mode de présence sur la terre qui nous importe bien davantage
que nos différences idéologiques.»
Car, selon lui, «l’Europe peut mourir au printemps prochain»
et que «quarante ans après la première session du Parlement européen élu au
suffrage universel, sous la présidence de Simone Veil, il est de plus en plus
évident, pour les Français qui chérissent l’idéal d’une construction
continentale humaniste, que les élections de mai «seront les plus dramatiques
de notre histoire contemporaine.»
Ainsi, si Jean-Christophe Lagarde se réjouit que «pour la
première fois depuis longtemps, la campagne européenne va se jouer sur des
enjeux européens», c’est pour pointer du doigt que l’enjeu sera crucial pour
l’Union européenne et son avenir.
Quant à François Bayrou, il parle du «grand combat européen»
qu’il va falloir livrer en mai 2019 (date des élections au Parlement européen),
le «combat le plus important de notre destin», selon lui.
Il pointe du doigt, notamment, les ennemis extérieurs de
l’Union européenne:
«Tout le monde a dit que l'Europe était en danger, que
l'Europe était au risque, qu'elle était en train de se décomposer
intérieurement, qu'elle était au bord de l'implosion, qu'il y avait le Brexit…
mais tout ceci répond à un plan précis qu'un grand nombre de puissances dans le
monde veulent que l'Europe disparaisse!»
Et bien sûr, il y a le président de la république, européen
convaincu, qui, dans une interview récente a affirmé que «pour les élections
européennes, je ferai tout pour que les progressistes, les démocrates et ceux
dont je porte la voix – je l’espère incarnée par une liste la plus large
possible en France – se fassent entendre.»
Car il s’agit bien d’«un combat de civilisation, un combat
historique» face «aux extrêmes» à qui, il ne faut rien «céder».
Un Emmanuel Macron qui ne ménagera pas ses effort pour les
prochaines européennes: «je m’impliquerai, car je crois à une campagne pour une
Europe de l’ambition et de l’avenir, des démocrates et des progressistes.»
Lors d’un discours prononcé le 4 juillet dernier à Berlin,
le philosophe allemand et infatigable défenseur de l’Europe unie, Jürgen
Habermas disait:
«Une Union européenne capable d’agir politiquement ferait du
cœur de l’Europe – actuellement en pleine désagrégation – la seule force
susceptible de lutter contre la destruction de notre modèle social si vertueux.
Dans sa constitution actuelle, l’UE ne peut qu’accélérer ce dangereux processus
de déstabilisation. Si l’Europe se désagrège – répondant en cela au désir d’un
Trump –, c’est parce que les peuples européens ont parfaitement conscience, de
façon toujours plus vive, et ô combien réaliste, qu’il manque la ferme volonté
politique d’enrayer cette logique délétère.»
Il semble que les centristes français aient entendu son appel.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC