Ni Wei ou Lin, ni Mohamed ou Yasmine, ni Jacob ou Tal, ni Jean
ou Marie, ni Mamadou ou Amina, ni Aarav ou Priya, ni Hiroki ou Yuka, ni tel ou
tel être humain, ne sont ontologiquement anti-démocrates.
Que ceux-ci soient blancs, noirs, jaunes, rouges, marrons ou
mélangés ne les prédispose pas à porter en eux les gènes du totalitarisme.
Qu’ils habitent l’Europe, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique ou
l’Australie n’implique aucunement qu’ils naissent admirateurs de chefs
autocrates ou qu’ils nourrissent des pensées totalitaires.
Aucun(e) n’est un(e) ennemi(e) de la démocratie a priori.
Mais les idéologies auxquelles ils ou elles peuvent être exposés
puis souscrire, qu’ils ou elles peuvent soutenir, qu’ils ou elles peuvent faire
leur, elles, peuvent l’être.
Pire, ces idéologies (présentées comme des certitudes
évidentes dans la société, à l’école, dans la famille, dans des lieux de culte,
etc.) peuvent leur être inculquées de force dès leur plus jeune âge, les
amenant à les croire «naturelles» et les considérer comme des «vérités».
Ainsi de certaines religions, de certaines doctrines
politiques, de certaines philosophies de vie.
Avant d’aller plus loin, définissons ce qu’est une
idéologie.
Une idéologie est un système d'idées plus ou moins générales
et un ensemble de représentations qui constituent un corps de doctrine philosophique,
politique ou métaphysique qui propose une grille comportementale pour un
individu ou un collectif sur tous les plans de l’existence ou certains d’entre
eux (culturel, sociétal, politique, économique, religieux, etc.).
Ce système d’idées est plus ou moins fermé et l’ensemble de
représentations qu’il véhicule plus ou moins prédéfini.
Ici, je veux donc parler des idéologies totalitaires, de celles
qui prétendent enfermer les individus dans un carcan contraignant où sont niées
les libertés de chacun au nom d’un idéal qui doit dépasser l’humain (un dieu,
un chef, une idée, un collectif).
En ce sens, Mao, Mussolini, Hitler, Mahomet, Lénine, Hobbes,
Rousseau, Marx, Schmitt, Gobineau, Farrakhan et quelques autres (dont certains
théologiens chrétiens qui détournèrent et pervertirent le message de Jésus
comme le firent également certains bouddhistes à propos des paroles de
Siddhartha Gautama) sont les inventeurs et les propagateurs d’idéologies
totalitaires et anti-démocratiques qui, pour certains, leur ont permis
d’asservir à leurs intérêts ceux qui les ont suivis de gré ou de force et de
combattre ceux qui refusaient de croire et d’obéir (sans oublier leurs rejetons
indignes qui ont parfois surpassés leurs maîtres comme Staline, Pol Pot,
Khomeiny, Franco, el-Banna, Kim Jong-Il et la liste est vraiment longue…).
Et ces idéologies qui affirment pour toute sorte de raisons
fallacieuses que les humains (ou de certains d’entre eux) n’ont pas le droit
d’exercer leur libre-arbitre, doivent être combattues sans faiblesse et sans
relâche par la démocratie et ceux qui la soutiennent.
Plus, ces idéologies ne peuvent être acceptées par un régime
démocratique au nom d’une liberté et d’une égalité qu’elles nient et dont elles
se proposent de faire un sort.
«Pas de liberté pour les ennemis de la liberté» disait
l’exalté Saint-Just.
Et s’il ne faut évidemment pas couper la tête à ceux qui
combattent la démocratie, il ne faut pas leur permettre d’utiliser les outils
de celle-ci pour l’abattre ainsi que leur interdire de pouvoir faire du
prosélytisme grâce à leur propagande.
Certains estiment que la démocratie montre sa faiblesse
quand elle interdit le débat avec les ennemis de la liberté alors que c’est
tout le contraire.
Une démocratie forte est celle qui empêche les ennemis de la
liberté de se servir de celle-ci pour la détruire.
Prétendre que le nazisme et ses idées peuvent être promues
par leurs admirateurs au nom d’une liberté qu’ils veulent détruire est un
non-sens car la démocratie et ses valeurs ne sont pas négociables en tant
qu’elles offrent le meilleur (ou moins mauvais) système de gouvernement des
humains par les humains pour les humains en respectant tous les humains et
chaque humain dans sa dignité de personne libre et égale.
A ce propos, je n’oublie jamais cette histoire véridique
venue des Etats-Unis, première et plus longue démocratie de l’Histoire.
Des nazis qui avaient prononcés des paroles antisémites
ignobles et vantés Adolf Hitler, furent traduits devant la justice.
Au nom de la liberté de parole contenue dans le premier
amendement de la Constitution américaine, des avocats juifs se proposèrent de
les défendre.
Lorsqu’ils furent acquittés, ces mêmes avocats, interrogés
par une chaine de télévision, déclarèrent sur les marches du tribunal que, bien
entendu, ils ne soutenaient pas ces personnages mais que la démocratie avait gagné.
Puis sortirent les nazis en question qui, hilares, devant
les mêmes caméras dirent, à propos de ces avocats: «on les a bien eus ces
connards!».
Tout est dit.