Lorsque
de Parti radical (valoisien) et le Parti radical de gauche se sont réunis, il y
a moins d’un an, pour créer le Mouvement radical social libéral, les deux
formations voulaient mettre un terme à 45 ans de division de la famille
radicale tout en surfant sur l’élection d’Emmanuel Macron qui avait donné un
espoir à toutes les formations centrales du pays.
Personne,
dans la mouvance radicale ou chez les politologues, n’a pensé que cette
réunification serait simple puisque les deux cultures politiques, l’une de
centre-droit arrimée longtemps à la droite classique (et même membre à part
entière de l’UMP), l’autre de centre-gauche, signatrice du programme commun de
la gauche en 1972 avec les communistes et souvent simple appendice du Parti
socialiste, semblaient très éloignées.
Si
la réunification s’est déroulée sans gros accros, malgré le départ de quelques
militants et élus, le pari de Laurent Hénart (Parti radical valoisien) et de
Sylvia Pinel (Parti radical de gauche), tous deux coprésidents de la nouvelle
entité, de donner une personnalité et une dynamique, donc un poids politique, à
ce Mouvement libéral est loin d’être gagné.
En
organisant ses universités d’été, ce week-end à Montpellier, le Mouvement
radical a donc fait le point sur son existence que d’aucuns remettent en cause,
tant en interne qu’à l’extérieur.
Sur
ce point, Sylvia Pinel, s’est voulue rassurante sans minimiser les difficultés:
«Quand s'est décidée la réunification, nous savions que ce
serait un pari difficile de réunir des familles séparées depuis 45 ans, avec
des alliances différentes, voire opposées. Aujourd'hui, il reste des
inquiétudes, des difficultés que nous ne nions pas, mais aucun des militants ne
remet en question cette réunification. Il nous appartient juste de traiter les
sujets les uns après les autres.»
De son côté, Laurent Hénart affirme que «s'il reste des
endroits avec des situations plus complexes, le national tranchera. Ecoute,
médiation et arbitrage».
Un optimisme qui n’est pas vraiment partagé par Guillaume
Lacroix, membre de la direction nationale venu du Parti radical de gauche.
Il parle ainsi de «problèmes de tuyauterie» et que «le
meilleur moyen de les résoudre, c'est que l'on ait un congrès en fin d'année
qui entérine l'organisation pour que les choses avancent. (…) J'ai demandé que
ce congrès que l'on doit avoir en urgence stabilise la gouvernance nationale du
mouvement, stabilise l'organisation fédérale et acte des décisions politiques
pour les européennes».
Le futur immédiat pour les radicaux, ce sont justement ces
élections européennes.
Foncièrement pro européen, le Mouvement radical rêve d’aller
aux élections au Parlement européen seul.
Si Laurent Hénart déclare que «toutes les options sont sur
la table» et que «si on veut une liste (indépendante) aux européennes, il faut
évidemment que nos fédérations soient prêtes».
Si pour Pinel, «nous préparons pour les élections
européennes une liste indépendante avec nos candidats, tout en restant ouverts.
Car nous sommes sûrs qu'il y a moyen de rassembler autour de nos idées.».
Mais la réalité est tout autre car les sondages ne donnent
aucune visibilité à cette configuration.
Du coup, le Mouvement radical pourrait s’allier avec l’UDI
et peut-être avec Agir mais les sondages ne donnent à cette alliance que 3% des
intentions de vote.
Quant à une liste réunissant tout l’axe central pro-européen,
avec LREM et le MoDem en plus, Hénart estime que «toutes conditions ne sont pas
réunies» pour la constituer à l’heure actuelle.
En ce qui concerne les relations avec la majorité
présidentielle et les choix du Gouvernement, Laurent Hénart affirment que le
Mouvement radical n’est «pas dans une opposition systématique» au gouvernement»
et que «les choix européens, la volonté de libérer l'économie, l'attention aux
TPE et PME (…) vont dans le bon sens».
Mais il dit aussi, comme son ancien allié à l’UDI, Jean-Christophe
Lagarde, rester sur sa faim «en matière de justice sociale» et qu’il faut «aller
un peu plus loin dans les économies budgétaires de l'Etat», sans se rendre
compte, sans doute, de la contradiction entre ces deux objectifs sur le court
terme.