François Bayrou |
Au
cours de son discours prononcé en clôture des universités d’été du Mouvement
démocrate, il a, non seulement fait l’éloge d’un parti, le sien, qui a su
conquérir les voix des Français mais aussi de sa capacité à avoir su prédire
l’élection d’Emmanuel Macron.
Bien
sûr, l’un et l’autre de ces faits d’armes ne sont pas réels.
Le
MoDem, moribond et criblé de dette en 2016, n’a du son salut qu’à l’élection
d’un Macron que Bayrou a tenté pendant des mois de torpiller avant de s’y
rallier contraint et forcé.
Mais,
peu importe, sans doute ces mêmes Français ne sont pas dupes ou, en tout cas,
ont une mémoire moins partielle…
Au
cours de ce discours qui venait après de très nombreuses critiques de Bayrou
adressés tant au Président de la république qu’au Gouvernement et au parti
majoritaire, il a plaidé son indépendance tout en renouvelant ses serments de
fidélité qui n’engageront que ceux qui veulent y croire.
Il
a également développé des idées pour un projet centriste.
Extraits
du discours:
(…)
Ce qui a surgi au printemps 2017, par chance ou par
providence, c'est une renaissance de l'espoir français, du goût de vivre de
notre peuple, de son envie de faire l'histoire, un refus de la résignation. Et
cet espoir a pris le visage de cet homme jeune et audacieux, qui portait en
bannière l'optimisme et la bienveillance. Cet espoir a pris le visage de ce
jeune homme de Picardie et des Pyrénées — et l'un et l'autre sont, vous le
comprendrez bien, importants —, comme un appel à l'avenir, comme un appel à
retrouver le sens de la vie.
(…)
Dans un moment de découragement de la nation, comme cela
s'est produit si souvent dans l'histoire, notre grand courant politique, le
grand courant de la démocratie française, démocratie chrétienne pour les uns,
démocratie laïque pour les autres, démocratie humaniste pour les troisièmes, ce
grand courant de la démocratie française a été du côté où il n'a jamais cessé
d'être, c'est-à-dire du côté de l'espoir contre la résignation. Et je suis très
fier que nous ayons fait cela ensemble.
(…)
Le travail de réforme qui a été conduit par le gouvernement,
sous l'impulsion d'Edouard Philippe, a été ces derniers mois, ces premiers
mois, très important.
(…)
D'où vient que la rentrée, comme l'a dit le Premier ministre
devant les députés de notre groupe, soit une rentrée difficile? Que les études
d'opinion, les sondages divers et variés, montrent quelque chose qui
s'apparente ou rappelle la morosité des temps précédents?
(…)
Les Français ont besoin non pas seulement de l'énoncé des
réformes successives et séquentielles, mais les Français ont besoin d'un plan
d'ensemble. La politique, ce n'est pas dossier après dossier, un dossier que
qu'on ouvre et un dossier qu'on referme: il faut que s'exprime à l'intention
des Français la vision qui organise ces réformes. On a besoin non pas seulement
de savoir les pas que l'on fait, mais on a besoin de savoir où l'on va.
(…)
On parle beaucoup d'économie, on parle beaucoup de réformes
structurelles, on parle beaucoup de mécanismes administratifs: moi, je crois
que la France a besoin de se proposer à elle-même, et de proposer au monde, un
vrai projet de société où nous devons revendiquer une part d'idéal.
(…)
Nous, nous avons "Liberté, égalité, fraternité".
Et liberté, égalité, fraternité, cela veut dire que nous croyons quelque chose
de plus que les enjeux matériels, et que nous considérons que ce quelque chose
de plus est plus important encore pour l'avenir de nos enfants et pour élever
nos enfants que les enjeux matériels. La république a besoin d'idéal. Et c'est,
j'en suis sûr, une des raisons de l'élection d'Emmanuel Macron. Dans le projet,
je l'ai dit sobrement, dans le projet il y avait ça : il y avait ce besoin que
l'on se fixe un horizon qui va plus loin, sachant que le quotidien est
essentiel, mais qui va plus loin que le quotidien. Un horizon qui nous
rassemble, dont nous puissions parler avec nos enfants, dont nos enfants
puissent, si nous sommes à la hauteur, parler avec des étoiles dans les yeux.
Que cela ne nous donne pas seulement des résultats, mais des raisons de vivre. Et
je suis persuadé que nous, nous avons les moyens, nous avons le devoir, de
restituer à la politique cette dimension idéaliste — je pourrais presque dire,
au sens le plus large du terme, spirituelle. Philosophique et spirituelle. On a
le devoir de faire que la politique, ce soit quelque chose qui s'adresse au
plus profond de nous-mêmes, pas aux intérêts des peuples et des citoyens, mais
à l'âme des peuples et des citoyens.
Et ça se résume en une phrase sur laquelle je m'arrêterai,
parce que c'est un message adressé à nous et adressé au monde. La loi du monde,
aujourd'hui, c'est la loi du plus fort. C'est la loi du plus fort, c'est la loi
du plus riche. Et nous, nous croyons que la vocation de la France, et à
l'intérieur de la France spécialement notre vocation, c'est de bâtir, face à la
loi du plus fort, face à la loi du plus riche, la loi du plus juste.
Et nous avons une mission qui s'énonce simplement : rendre
plus fort ce qui est juste, et plus juste ce qui est fort.