Amis? |
C’est
devenu une habitude qui durera ce qu’elle pourra.
François
Bayrou, dans un premier temps, se tait et ronge son frein contre un président
(Macron) et un parti majoritaire (LREM) qui ne vont pas dans le sens qu’il veut
et qui ne respectent pas assez sa personne et son parti, le MoDem.
Dans
un deuxième temps, incapable de se contrôler, il rue dans les brancards avec
des mots durs et des phrases assassines.
Et
puis, dans un troisième temps, il essaye de déminer ses attaques en mettant de
l’eau dans son vin.
Quand
la carafe d’eau sera vide, personne ne le sait exactement et sans doute pas
Bayrou lui-même…
Toujours
est-il qu’après sa sortie agressive dans Le Figaro sur un président et une
majorité qui n’écoutent personne, il a repris ces thèmes lors de son passage au
20 heures de TF1 mais avec plus de nuances et de volonté d’apaisement.
Extraits
de l’interview sur TF1:
Est-ce que, comme le dit Marine Le Pen, Emmanuel
Macron a raté sa rentrée?
Non, je ne suis pas du tout d'accord avec cette
phrase. Cette phrase est destinée à créer la guerre électorale.
Elle n'est pas la seule a le dire...
C'est vrai, c'est la guerre électorale qui se joue en
cette rentrée et qui est absolument cruciale. Le Président de la république a
été élu non pas par hasard comme certains le disent, mais parce que l'on était
devant des impasses de tous les côtés. On avait des partis politiques qui
alternativement exerçaient le pouvoir et qui ne résolvaient aucune question. Il
a été choisi pour cela sur des intuitions fortes et justes. Aujourd'hui, la
question est le lien de ce Président de la république et de ce projet avec
l'opinion. Parce que l'élection présidentielle est un contrat signé à deux: le
Président de la république d'un côté, les Français de l'autre.
Est-ce que je peux vous citer, Monsieur Bayrou, vous
avez dit il y a quelques jours: «Les Français ne voient plus bien où conduisent
les réformes.» Qu'est-ce que ça veut dire concrètement et qu'est-ce que vous
dites au Président?
C'est exactement le risque dans lequel nous sommes. Il
ne peut pas y avoir d'adhésion des français – comme citoyens, ou dans leurs familles, ou
dans leur entourage proche – il ne peut pas y avoir de soutien de la part des Français
si l'on a pas le soin ou le soucis d'expliquer et de réexpliquer, et de
constamment dire dans quelle direction on va. Les réformes, on savait qu'elles
étaient nécessaires, encore faut-il les réunir dans cette explication-là.
Laquelle avez-vous en tête?
Il y en a beaucoup, je vais prendre l'essentiel: les
réformes qui touchent au déficit public, à la dette, aux économies nécessaires.
Il faut les replacer dans un ensemble qui est très simple: si jamais nous ne
réussissons pas à faire des économies, notre pays va devenir un pays paralysé,
un pays faible, il n'aura plus d'ailleurs accès au crédit, c'est l'un des
thèmes que j'ai défendu dès 2007.
On va d'ailleurs vous montrer quelques chiffres. Entre
2007 et aujourd'hui, la dette a doublé. Elle atteint plus de deux-cent deux
mille milliards d'euros, 98% du PIB. Emmanuel Macron ne fait pas ce qu'il faut,
clairement?
Si, il fait ce qu'il faut, mais il faut que l'on
comprenne une chose simple: il n'y aura pas d'économies, il n'y aura pas
d'équilibre des dépenses publiques, s'il n'y a pas de réforme de l'Etat. C'est
l'Etat à la française, qui comme vous savez s'occupe de tout, et en réalité de
l'argent qui est mal placé, qui est mal dépensé. Et vous voyez bien que de ce
point de vue-là, c'est aux Français qu'il faut s'adresser. C'est avec eux qu'il
faut parler pour que ce soutien se crée et se renforce. De la même manière:
deuxième question – et vous savez bien qu'elle est essentielle – c'est la
question de l'Europe.
Alexandre Benalla va devoir se rendre devant la
commission d'enquête du Sénat, ce qui a provoqué la colère de l'exécutif et
notamment de Christophe Castaner qui dit que les sénateurs sont une menace
eux-mêmes pour la République et qu'ils outrepassent leur pouvoir. Est-ce que
vous êtes d'accord avec cela et que vous inspire cette opposition entre les
parlementaires et l'exécutif ?
Je pense que cette opposition est un danger, est un
risque. Je pense qu'il n'y a rien à craindre de l'audition que le Sénat va
organiser. Le rôle du Président est parfaitement clair, défini dans la
Constitution, «il assure par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs
publics.» Cela veut dire que tout le monde est à sa place. Le Président est à
sa place, il est le garant. Le Président de la République, particulièrement
celui-là qui a été élu pour ça, est le garant d'une démocratie nouvelle. Dans
cette démocratie-là, c'est normal que le Parlement joue son rôle. Il ne faut
pas naturellement qu'il sorte de ce rôle et qu'il essaie d'instrumentaliser, mais
je n'en vois pas de raisons: il y a eu plusieurs auditions des collaborateurs
du Président de la république au Sénat, on a vu ce qu'était cette affaire –
c'est à dire pour moi absolument clair: c'est un homme jeune qui se trouve
porté à des responsabilités d'organisation auprès du Président de la République
et qui se met à jouer les «cow-boys» en allant se heurter avec des
manifestants. C'est naturellement répréhensible, mais ça n'est évidemment pas
un crime contre l'Humanité devant lequel on se trouve donc! Il faut relativiser
et rééquilibrer.