vendredi 14 septembre 2018

Actualités du Centre. Réactions centristes au plan pauvreté du gouvernement

Emmanuel Macron
Voici les réactions centristes après la présentation du plan pauvreté hier par Emmanuel Macron.

- LREM
Christophe Castaner (délégué général)
Notre système se contente de soigner les symptômes de la pauvreté depuis trop d'années. Pour la première fois, la France s'attaque à l'origine du problème: éradiquer la pauvreté à la racine, prévenir dès le plus jeune âge, réparer les inégalités de destin, émanciper.

- MoDem
Marc Fesneau (président du groupe à l’Assemblée nationale)
Je retiens du message du Président de la république de ne pas faire de la pauvreté une hérédité, de sortir de la fatalité que, naissant pauvre, on est forcément destiné à rester dans cette situation, c’est-à-dire la volonté d’émanciper les citoyens  qui sont dans cette situation et c’est une bonne nouvelle.

- Les centristes
Frédéric Leturque, (maire d’Arras et vice-président)
Le Président de la République a globalement coché les cases des principales propositions que nous avions formulées dans le cadre de la concertation nationale et notamment ce besoin de mettre en œuvre ce continuum éducatif entre petite enfance et école. L’accent est clairement mis sur la prévention dès le plus jeune âge, là où le cœur des inégalités se structure.
Nous sommes satisfaits que le Président ait retenu nos propositions et notamment la création de nouvelles places en crèches, la volonté de rendre universel l’accès aux modes d’accueil, le nouveau parcours parentalité dès le 4ème mois de grossesse ou encore le nouveau référentiel dans la formation des professionnels.
Le plan présenté est global et transversal et c’est ce que j’appelais de mes vœux. De nombreuses politiques publiques sont impactées comme la petite enfance, l’éducation, la santé, le logement, l’emploi, la formation… C’est là un facteur de réussite indispensable.
Enfin, je salue la volonté de mener ce combat avec les acteurs locaux, les élus locaux, au plus près des réalités des territoires. Le chantier qui s’ouvre est énorme et nous serons vigilants sur le fait qu’il soit réellement mené avec les premiers concernés ainsi qu’avec les acteurs qui sont au cœur du sujet, notamment sur le sujet central du revenu universel d’activité.

- Mouvement radical social libéral
Sylvia Pinel (coprésidente)
La présentation du plan pauvreté était très attendue et nous pouvons en partager le diagnostic et les objectifs. Certaines mesures sont à saluer comme la protection de l’enfance ou l’extension de la garantie jeune ou l’expérimentation territoire zéro chômage.
Mais de nombreuses questions demeurent notamment sur le calendrier de mise en œuvre et sur l’articulation des missions de l’Etat et des départements qui connaissent déjà des difficultés financières.
(…) Espérons que ce plan présenté comme ambitieux ne se résume pas à des annonces non suivies d’effet.


Actualités du Centre. Bayrou critique Macron et LREM mais se veut d’une «parfaite loyauté»…

François Bayrou
Beaucoup de ceux qui ont travaillé avec François Bayrou se sont toujours plaints du peu de fiabilité du respect des alliances ainsi que de sa volonté d’exister à tout prix qui le mène à s’opposer avec ceux avec qui il s’allie lorsque l’occasion se présente.
Dans l’entretien qu’il vient d’accorder au Figaro, on voit, une nouvelle fois, qu’il joue sur le soutien qu’il apporte au Président de la république et au Gouvernement comme il l’avait déjà fait il y a quelques mois.
Bien sûr, il réaffirme qu’il demeure un allié fidèle mais il critique vertement le pouvoir et estime qu’il doit retrouver «l’élan du projet initial» et la «promesse de l’élection présidentielle», sous-entendant qu’il a trahi cette dernière.
Or, en cette période où Emmanuel Macron est l’objet d’attaques virulentes ainsi que son parti, La république en marche, un allié fidèle prendrait plutôt leur défense au lieu de les attaquer.
Cette attitude est sans doute dangereuse pour ceux-ci mais plus encore pour Bayrou qui ne semble pas prendre la dimension d’une critique frontale même si ses sympathisants semblent le suivre sur ce terrain.

Extraits de l’interview au Figaro:
- Marc Fesneau, candidat MoDem pour le perchoir, a obtenu 86 voix. Soit le double des voix du groupe MoDem à l'Assemblée. Comment analysez-vous ce vote?
C'est un magnifique score qui traduit une estime personnelle pour Marc Fesneau et qui valide une démarche politique. Cela montre que loyauté et indépendance peuvent marcher de pair. Quand le groupe MoDem à l'assemblée a décidé à l'unanimité de présenter la candidature de Marc, tous les messages reçus traduisaient une attente: que dans la majorité des voix libres puissent se faire entendre, pour que soit retrouvé l'élan du projet initial porté par Emmanuel Macron.
- Jean-Louis Bourlanges a dénoncé le manque de considération de LREM? Le formuleriez-vous de la même manière?
Cette exigence de respect, de travail réellement partagé, elle ne peut pas être discutée. Le groupe MoDem a été, est et sera d'une parfaite loyauté à l'intérieur de la majorité, mais aujourd'hui, comme beaucoup de Français qui ont voté Emmanuel Macron en 2017, le MoDem a le souci et la volonté de retrouver la promesse de l'élection présidentielle. D'une part l'énergie et l'optimisme pour changer ce qui doit l'être, y compris les pratiques politiques; d'autre part l'engagement d'inventer un modèle de société qui soit «en même temps» réaliste et généreux. Les derniers mois, cette promesse a paru s'éloigner: on a eu le sentiment que la nécessaire exigence gestionnaire effaçait le besoin d'un horizon et d'un sens pour l'action.
- Comment l'expliquez-vous?
Beaucoup de politiques vivent dans l'idée que l'élection d'Emmanuel Macron a été un accident et attendent impatiemment qu'on en revienne au passé. Je pense exactement le contraire. L'élection d'Emmanuel Macron a été un moment historique, en ce sens qu'elle a révélé l'attente profonde, souvent inexprimée, d'un pays qui ne se retrouvait plus, ni dans le modèle politique ni dans le modèle de société qu'on lui proposait.
- Un an après l'élection présidentielle, êtes-vous déçu par Emmanuel Macron?
Quel naïf pouvait croire que les choses seraient faciles? En tout cas, pas moi! Mais je ne perds jamais de vue, pas une seule seconde, que cet homme jeune élu par temps d'orage, et que nous avons aidé à faire élire, est la seule chance pour que le modèle politique français ne dérive pas vers un pays définitivement fracturé.
- Comment définissez-vous le rôle du MoDem alors?
Soutien et exigence.
- Avez-vous l'impression que votre parti pèse et est entendu par l'exécutif et LREM?
Nous serons entendus, mais non pas en raison d'accords d'appareils, mais uniquement parce que nous disons et dirons des choses fortes et justes. C'est ainsi que nous lutterons contre le sentiment de décrochage chez les Français. Rien n'est plus important pour moi que de voir le président retrouver avec les Français l'élan du printemps 2017. Cet élan, ce n'était pas une fausse promesse! C'était le fond de sa nature, telle que je la perçois: libre face à l'univers technocratique et aux lobbys, un homme qui ne veut pas baisser les bras.
- Pourquoi ne perçoit-on plus cet élan?
Les Français ne voient plus bien où conduisent les réformes qui sont successivement proposées. Or il ne s'agit pas de traiter des dossiers les uns après les autres, mais de construire une société et de retrouver un pays. Il existe une exception heureuse: la politique de l'éducation nationale. Là, on voit où l'on va, et les Français adhèrent. J'espère et je crois qu'il peut en être de même pour la lutte contre la pauvreté. Mais dans le nombre de ces réformes, la responsabilité précise du président de la République est de donner une ligne directrice, de dire ce qui relie les décisions qui sont prises, d'expliquer le fil conducteur.
- Mais l'Affaire Benalla a mis en lumière un exercice du pouvoir très solitaire…
Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir avec des équipes qui n'avaient pas l'expérience de grandes responsabilités exécutives et sans l'organisation rodée à ce type de responsabilités. Il se trouve qu'il a voulu en plus, dans les équipes qui l'entourent, une mixité d'âge, une mixité de classes sociales, une mixité culturelle. Il arrive que dans ces chaînes de responsabilité, la malchance fasse qu'il y ait un maillon qui claque. Un jeune homme de 26 ans, nimbé de l'aura de l'Élysée, a cru qu'il pouvait se moquer des règles et des usages. Les glissières de sécurité que doit comporter tout pouvoir n'ont pas fonctionné. Vous comprenez pourquoi je me suis toujours battu pour des contre-pouvoirs. C'est la raison pour laquelle je défends un Parlement de plein exercice, respecté, mieux équilibré qui exerce sa mission de contrôle vis-à-vis de l'exécutif. Il fait son travail, c'est pourquoi je n'approuve pas par exemple les attaques contre le Sénat.
- Certains reprochent pourtant à LREM une volonté hégémonique sur la vie politique.
Croire que l'on peut être hégémonique dans un monde aussi complexe et instable que celui dans lequel nous vivons, ce serait une stupidité et une très grande naïveté. On a au contraire besoin d'élargir la base sur laquelle on s'appuie, et pas de la restreindre. On a besoin d'écouter, pas de faire taire. Tout pouvoir doit trouver des partenaires, une base qui fait confiance, et face à lui des corps de contrôle.
- Gérard Collomb a jugé nécessaire de faire preuve de plus «humilité». Vous aussi?
Il a traduit avec ses mots un sentiment dont vous voyez qu'il est proche du mien.
- Le MoDem compte-t-il présenter une liste aux européennes?
Pour moi, l'enjeu impose de rassembler! Nous devons construire une liste unique avec LREM à condition que nous nous mettions d'accord précisément sur les grands choix et sur le profil des candidats. Cela impose un vrai travail en commun.
- Le MoDem demanderait-il la tête de liste?
Non. Quand on aura fait ce travail, il faudra trouver la meilleure ou le meilleur pour être figure de proue, sans distinction d'étiquettes.
- Cette liste pourrait-elle intégrer les juppéistes?
Plus on rassemble, et mieux c'est! Surtout avec des sensibilités dont on est proche. Cela permet de garder une cohérence d'ensemble. Mais surtout, il nous faut inventer une démarche qui enfin inclue les peuples citoyens dans le projet! J'ai d'ailleurs beaucoup aimé l'expression d'Emmanuel Macron «le retour des peuples». Au long des dernières décennies, le peuple des citoyens a eu le sentiment que le pouvoir était tenu en lisière par des prétendues élites. Les peuples ne sont naturellement ni racistes, ni xénophobes, ni stupides. Simplement ils demandent à comprendre où on va.
- Ça explique pour vous cette montée des «populismes» partout en Europe face aux «progressistes»?
Le «populisme», je n'aime pas cette expression. Je ne leur concède pas le peuple. Il y a un clivage qui dit la vérité de ces choix: c'est le clivage «démocrates» contre «démagogues». Et je suis d'accord avec ce qu'a dit Edouard Philippe: pour la première fois la question de l'Europe, ce sera «to be or not to be».
- Emmanuel Macron installe un duel avec Viktor Orban et Matteo Salvini. C'est la bonne stratégie, selon vous?
Orban, Salvini et ceux qui les suivent, il faut voir ce qu'ils sont: ils sont une trahison de nos raisons de vivre, ils sont la négation de la civilisation européenne. Pour gagner des voix, ils ont décidé de franchir les limites fixées depuis la guerre par tous les responsables européens, eux qui avaient fait l'expérience mortelle de la haine envers celui que ne vous ressemble pas.
- Vous auriez voté la procédure du Parlement européen contre la Hongrie?
Oui, naturellement. Profaner ce que nous avons en commun mérite lutte et mobilisation.
- Macron n'a pas dit où siégeraient les députés européens de LREM. Pouvez-vous siéger dans un même groupe?
Je me suis toujours battu pour que le centre européen se rassemble et se structure, sur des valeurs de démocratie et de justice. Nous avons vocation à nous rassembler pour travailler ensemble.
- Emmanuel Macron n'est-il pas plus isolé qu'il y a un an sur la scène européenne?
Pour tout le monde en Europe, l'élection d'Emmanuel Macron a marqué le retour de la France. Quand on porte un projet, si ce projet est juste et fort, on n'est jamais seul.