Emmanuel Macron |
Quand Viktor Orban, le premier ministre
hongrois, et Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur italien, font d’Emmanuel
Macron leur principal ennemi, ce dernier leur répond qu’ils ont «raison» en se
posant comme défenseur d’une société ouverte et d’une Europe unie face à des
populistes démagogues et extrémistes qui prônent un nationalisme étriqué et une
xénophobie assumée tout en faisant peser de graves dangers sur la stabilité du
continent et du monde.
Depuis son arrivée sur la scène
politique, une des constances de celui qui est devenu président de la république
française, a été de défendre la démocratie libérale face à la montée des
populismes de droite et de gauche.
Pour cela, il s’est fait le chantre d’une
mondialisation équilibrée, d’un approfondissement de l’Union européenne et d’une
réforme sociale-libérale qui doit permettre à la France d’être en phase avec
les défis du XXI° siècle et capable, à la fois, d’avoir en main son destin mais
aussi d’être une puissance qui compte à l’international.
Mais, on l’oubli aussi, Emmanuel Macron
défend la spécificité française – ce que les Américains appellent leur «exceptionnalisme»
– comme il vient de le rappeler lors d’une visite au Danemark:
«La France est profondément attachée à sa culture, à ses
valeurs, cette identité profonde et complexe, qui s’est toujours pensée dans
l’universalisme. Mais la France n’a jamais été elle-même en étant fermée au
reste du monde».
Pour autant, dans une sorte de paradoxe assumé par la
volonté de parler à tout le monde, Macron a sympathisé avec Donald Trump dont
le populisme, la démagogie et le flirt avec les extrêmes est constant.
Le président français a beau rappeler que le personnage est
le président des Etats-Unis d’Amérique, première puissance mondiale mais aussi
premier allié de la France, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est aussi un
modèle pour Orban et Salvini…
Dès lors, naît un nouveau paradoxe qui est d’être l’ennemi
de ceux qui ont le même ami que soi!
Sans oublier, troisième paradoxe, qu’Emmanuel Macron se
revendique de Barack Obama, l’ancien président américain, haï par Trump, et qu’il
était allé chercher durant la campagne présidentielle pour qu’il lui accorde
son soutien.
In fine, reste l’action et les discours où l’hôte de l’Elysée
ne ménage pas sa peine pour défendre la démocratie républicaine et l’Union
européenne de même qu’une «refondation» de la mondialisation et non une démondialisation.
De même, son affrontement frontal avec les populistes
extrémistes en France, tels Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon mais aussi
Nicolas Dupont-Aignan ou Laurent Wauquiez, démontrent son engagement pour une
démocratie ouverte à l’échelle mondiale, un des combats principaux des
centristes.
C’est d’ailleurs ce qui ressort de son discours du 28 août
dernier devant les ambassadeurs français en poste à l’étranger.
Cependant, les paradoxes évoqués plus haut ainsi qu’une
prudence parfois excessive à éviter de dénoncer les autocratismes et les
totalitarismes, notamment en Russie ou en Chine, rappellent qu’il existe
parfois une ambiguïté fâcheuse chez Emmanuel Macron dans ce domaine.
Néanmoins, on peut affirmer qu’aujourd’hui, Emmanuel Macron
est sans doute le meilleur rempart, mais pas le seul, face aux populismes
européens.
Il l’est de par sa volonté politique.
Il l’est également parce que les autres leaders européens
qui devraient être en première ligne en sa compagnie sont malheureusement
absents ou atones…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC