De
La république en marche au Mouvement radical en passant par le Mouvement
démocrate et l’UDI, tous les partis centristes regrettent la décision de
Nicolas Hulot de quitter son poste de ministre de l’Ecologie dans le
gouvernement d’Edouard Philippe.
Si
l’UDI et le Mouvement radical, partis d’opposition, font peser la
responsabilité de ce départ sur le pouvoir, LREM et le MoDem, tout en saluant l’action
de Hulot, veulent y voir la difficulté d’un activiste de la cause environnementale
à chausser l’habit d’un ministre et à accepter les contraintes de la vie et du
jeu politiques tout en réaffirmant la volonté écologique de la majorité
présidentielle et l’urgence environnementale.
Voici
les réactions:
> LREM
Christophe Castaner, délégué général de La république en
marche
Chères adhérentes, chers adhérents,
Comme vous, j’ai été surpris d’apprendre la décision de
Nicolas Hulot de quitter le Gouvernement. Le président de la République avait
apprécié en lui l’engagement sincère d’un homme libre, c’est pour cela qu’il
lui a proposé la lourde tâche de conduire la transformation écologique du pays.
Ce matin, Nicolas Hulot a fait le choix de partir ; c’est une décision que je
regrette mais que je respecte sincèrement.
Il a lancé un mouvement inédit dans l’histoire de notre pays
pour répondre à cette question universelle : comment mieux vivre ensemble en
respectant la planète et la biodiversité et en adaptant nos modes de vie aux
enjeux environnementaux ? Le président de la République a fixé dans son
programme un cap très ambitieux, nous avons réussi en un peu plus d’un an à
mettre en œuvre de grands progrès.
Grâce au travail de Nicolas Hulot, Brune Poirson et
Sébastien Lecornu au sein du Gouvernement, nous pouvons être fiers d'avoir un
bilan écologique à la hauteur des enjeux.
Notre Gouvernement s’est engagé pour réduire notre
dépendance aux énergies fossiles et développer les énergies renouvelables:
- la France est le premier pays au monde à avoir interdit
tout nouveau permis de recherche d’hydrocarbure et toute exploitation d’ici
2040 ;
- nous incitons les Français à réduire leur consommation
d’énergies fossiles à travers des mesures fiscales tout en proposant des aides
pour accompagner notamment les ménages les plus modestes dans la transition
écologique;
- nous avons lancé un grand plan d’investissement de 57
milliards d’euros, dont 20 milliards consacrés à la transition écologique et à
la rénovation énergétiqu ;
- ce plan sert, par exemple, à financer la nouvelle prime à
la casse d’une voiture ancienne et polluante remplacée par une voiture plus
récente et plus performante. Déjà 140 000 personnes ont changé leur voiture
grâce à ce dispositif. 70% d’entre elles étaient des ménages modestes ne payant
pas l’impôt sur le revenu;
- nous développons les énergies renouvelables et travaillons
au déploiement de l’éolien, du photovoltaïque, de la méthanisation ; nous
maintenons notamment le développement rapide de l’éolien offshore.
Nous portons un engagement sans précédent pour réduire les
pesticides :
- la France est à l’avant-garde en Europe sur ce sujet :
quand la Commission européenne souhaitait sortir du glyphosate d’ici 10 ans, c’est
notre pays qui a réussi à négocier une sortie dans 5 ans et qui s’est
personnellement engagé à aller plus loin, avec une sortie promise dans 3 ans
pour la France ;
- nous avons interdit plusieurs néonicotinoïdes afin de
protéger notamment les populations d’abeilles.
Nous avons abandonné le projet d’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes, protégeant ainsi des hectares de terres, et reconfiguré
un nouveau projet de territoire privilégiant l’agriculture durable.
Nous accompagnons les ménages modestes dans la transition
écologique, avec notamment la généralisation du chèque énergie à tous les
ménages français en précarité énergétique (150€/an en moyenne pour les aider à
payer leurs factures d’énergie auxquels 4 millions de Français sont éligibles).
Cela s'ajoute à la prime à la casse des véhicules évoquée plus haut.
Notre pays a été à l’avant-garde de la lutte contre le
réchauffement climatique à l’international avec le succès du One Planet Summit
qui a abouti à des engagements forts pris au niveau international pour le
climat et avec l’appel d’Emmanuel Macron, « Make Our Planet Great Again », aux
chercheurs du monde entier à venir faire leurs recherches en France.
Et notre ambition ne s’arrête pas là. Dans les prochains
mois nous concrétiserons l’inscription de l’environnement dans l’article 1er de
la Constitution, nous mettrons en œuvre la feuille de route pour l’économie
circulaire (pour, notamment, réduire de moitié les déchets mis en décharge et
tendre vers 100% de plastique recyclé d’ici 2025) ainsi que le Plan
Biodiversité et le Plan Solaire. Nous poursuivrons la transformation agricole
pour atteindre 15% de surface agricole en agriculture biologique en 2022
(contre 6% aujourd’hui) et un investissement de 150M€ pour rémunérer les
agriculteurs pour la mise en place d’actions de protection de la biodiversité…
Nous aussi, à La République En Marche, nous devons toujours
nous demander ce que nous pouvons faire pour la planète.
Je sais que vous êtes nombreux à vous investir pleinement
pour la transition écologique au quotidien, notamment dans nos projets citoyens
et je vous en remercie.
Les différents appels de Nicolas Hulot nous incitent à faire
encore plus et à remettre en question nos pratiques, au Gouvernement, dans nos
différents engagements et comme simples citoyens.
Je souhaite qu’En Marche soit une plateforme d’échanges et
d’initiatives pour la planète, c’est pourquoi j’en appelle à chacun d’entre
vous pour :
- nous faire remonter vos opinions et idées sur notre action
au gouvernement et ce que nous devons faire en priorité pour la planète, à
l’adresse suivante : idees@en-marche.fr;
- lancer de nouveaux projets citoyens pour rassembler toutes
celles et ceux qui veulent agir concrètement près de chez eux pour la planète.
C’est ensemble, avec humilité et détermination, que nous
réussirons la transition du 21e siècle. Demandons-nous chaque jour ce que nous
pouvons faire pour la planète.
Je compte sur vous.
> MoDem
- Yann Wehrling, secrétaire général
Oui, les lobbys sont puissants et ont largement contribué à
son découragement. Mais des lobbys, il y en a toujours eu et il en existe aussi
du côté des écolos. Nous avons estimé à juste titre que nous avions un écolo au
gouvernement. C’était une qualité indéniable qui, en soi, marquait
politiquement une réelle ligne d’action du Président de la République. Est-ce
la fin ? il ne faut pas que cela le soit.
En tant que militant de l’écologie, nous sommes les
"lobbyistes" de la planète et vue la situation des plus préoccupantes
de la biodiversité et du climat, il est hors de question de baisser les bras.
Que Nicolas ait estimé qu’il ne peut plus rester dans cette fonction, je le
regrette mais nous sommes tous obligés de faire avec dorénavant.
25 ans de militantisme m'ont appris deux choses:
- la vertu de la politique des petits pas
- le devoir d'être tenace dans la durée, de ne jamais
baisser les bras.
On en dira ce qu’on veut, mais en matière d’écologie ce
Gouvernement n'a jamais reculé. Une « envie d’écologie » a été affichée, puis
mise en œuvre sur plusieurs sujets importants : Notre Dame des Landes, le
glyphosate, la loi hydrocarbures, la nécessité de booster l’économie
circulaire...
Mon sentiment, c'est que dans des combats aussi lourds, qui
remettent en cause des logiques et des intérêts installés depuis si longtemps,
seule la persévérance permet d'avoir des résultats. Le ministère de
l'environnement doit poursuivre l’action que Nicolas Hulot a initiée.
Il faudra agir pas à pas, négocier sans relâche avec tous
les acteurs pour que jamais, sur rien, il n’y ait de reculs, que des avancées,
aussi modestes soient-elles.
L’écologie n’est pas condamnée à faire du commentaire, elle
doit assumer à bras le corps l’art du compromis et s’installer durablement et
de manière crédible comme, non pas une « option politique », mais un
incontournable.
La France a de plus un rôle majeur à jouer sur la scène
internationale dans ce domaine. Cela commence par son exemplarité, mais aussi
dans le fait de rester aux avant-postes d’une Europe qui, on l’oublie trop
souvent – est le continent le plus avancé en terme de politique
environnementale. A la veille de l’échéance européenne, porter haut l’écologie
sera beaucoup plus géo-stratégique qu’on ne le pense.
- Groupe MoDem de l’Assemblée nationale
Le groupe MoDem prend acte de la démission de Nicolas Hulot.
Sa nomination, en tant que ministre de la société civile,
incarnait un véritable espoir, même si nous connaissions depuis longtemps son
hésitation à s’engager politiquement puis celle à rester ministre. Sans
s’appesantir, on ne peut que regretter les conditions dans lesquelles, sans
prévenir ceux qui l’avaient nommé, il a pris sa décision.
Cette décision est regrettable au regard du bilan positif de
l’action du gouvernement dans le domaine de l’environnement en moins d’un an :
abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, arrêt du forage des
hydrocarbures, fin des centrales à charbon, reconversion de Fessenheim, plan
biodiversité et isolation des bâtiments, fiscalité différenciée du diesel,
inscription du défi climatique et de la biodiversité dans la Constitution. Sans
oublier, bien entendu, le choix unique de la France d’interdire les
néonicotinoïdes et de s’engager à sortir du glyphosate en trois ans. C’est
aussi le sens de la mission d’information parlementaire dont le groupe MoDem
est à l’origine et qui vise à identifier les freins à la transition
énergétique.
Un bilan objectivement bien plus étendu que bon nombre de
ministres et de gouvernements qui nous ont précédés, un bilan dont Nicolas
Hulot devrait être fier. Un bilan dont nous sommes fiers.
Notre groupe remercie donc très sincèrement Nicolas Hulot de
son action, de son travail, de son rôle dans le gouvernement et, depuis bien
plus longtemps, de sa capacité à éveiller les consciences.
Des petits pas certes, mais aussi de grandes avancées, comme
toute action politique depuis le début de l’histoire de l’humanité. C’est cela
la responsabilité politique. Savoir avancer coûte que coûte, savoir gérer des
transitions en étant déterminés sur l’objectif à atteindre. Au « sur
place » et au grand soir qui n’arrivent jamais, nous préférerons toujours
les petits pas.
Ce combat pour la planète est le combat du siècle.
Il a besoin de combattants déterminés, qui sachent
convaincre, faire partager les causes et la nécessité des transitions ; de
combattants qui ne renoncent jamais à faire face aux défis immenses du
réchauffement climatique, de la préservation de la biodiversité et d’un
changement profond de notre modèle économique. Sans démagogie, sans facilité et
en accompagnant les plus fragiles d’entre nous dans ces difficiles mutations.
Il en va de la simple présence humaine, à terme, sur cette planète.
Son départ ne rend que plus nécessaire la mobilisation de
tous pour faire avancer ces sujets. Le retrait de l’un de ses combattants ne
réduit pas la cause qu'il a défendue. Bien au contraire. Chacun est responsable
et c’est seulement si chacun se sent responsable que nous y arriverons. Pour
réussir, c’est une œuvre collective que nous devrons mener et non individuelle.
Et c’est ce que nous allons, plus déterminés que jamais, porter au Parlement.
> UDI
- Jean-Philippe Dugoin-Clément, secrétaire national de l’UDI
à l’écologie
Malgré sa qualité de Ministre d’État, de défenseur de
l’écologie, Nicolas Hulot n’aura pas su convaincre et imposer les choix que
commande aujourd’hui l’urgence environnementale.
Cette démission est un électrochoc qui doit amener le
gouvernement à prendre la mesure des enjeux, sortir d’une politique
environnementale à la fois « friendly » et à la fois
superficielle pour s’engager dans une révolution verte.
J’appelle donc à une véritable prise de conscience au plus
haut sommet de l’Etat et au-delà des mots à ce qu’enfin des actions fortes et
emblématiques témoignent d’une volonté de changer nos comportements et nos
priorités.
Le choix du successeur de Nicolas Hulot et surtout les
moyens mis à sa disposition témoigneront du fait que l’environnement deviendra
la priorité gouvernementale ou restera un axe politique secondaire.
- Sophie Auconie, vice présidente de l’UDI
Le départ de Nicolas Hulot clarifie sa position. Une
différence de philosophie dans le Gouvernement qui n’était pas tenable.
S’ouvre, aujourd’hui, une rentrée sous le signe de la turbulence pour
l’exécutif, je regrette que cela soit la cause écologique qui en fasse les
frais.
Je lui souhaite, à titre personnel, de retrouver la sérénité
dans son engagement qu’il a toujours su pousser.
> Mouvement radical social-libéral
Sylvia Pinel & Laurent Hénart, co-présidents
Le Mouvement Radical / Social-Libéral salue l’action de
Nicolas Hulot au sein du Gouvernement. Nous partageons le constat qu’il porte
sur le manque d’ambition du Gouvernement sur les politiques environnementales.
Nous appelons le Président de la République à nommer non
seulement une personne impliquée et courageuse sur les thématiques
environnementales, mais également à lui donner les moyens politiques pour
aboutir à une véritable transformation écologique de la France et de l’Europe.
Depuis le Grenelle Environnement, dirigé par Jean-Louis
Borloo, nous regrettons l’absence de politiques environnementales d’envergure.
Le changement climatique et l’affaiblissement de la
biodiversité sont deux catastrophes qui guettent les générations futures.