Les guerres commerciales qui se profilent à l’horizon et
initiées par Donald Trump, nous rappellent que, nulle part, n’existe réellement
une économie libérale (sauf dans la tête des ennemis du libéralisme qui
s’évertuent à répandre leurs mensonges à ce propos).
Car une économie libérale, soutenue et promue par les centristes,
suppose une réelle concurrence entre les acteurs économiques et l’interdiction
pour l’un d’entre eux, dans quelque secteur que ce soit, d’avoir un monopole ou
d’être dominant (quasi-monopole) ce qui lui permet de contrôler un marché et de
dicter ses conditions et, in fine, au détriment du consommateur.
Aucun pays au monde n’a jamais été dans une économie
libérale car, depuis toujours, les règles du marché juste et équitable ne sont
appliquées ni aux Etats-Unis, ni en France, ni en Chine, ni ailleurs.
Seule l’Union européenne, avec le grand marché unique, tente
de mettre sur pied une vraie économie libérale avec de nombreuses réticences de
ses membres et une menace d’être le dindon de la farce face au protectionnisme
de ses «partenaires» ainsi que leurs pratiques de dumping (faire en sorte que
ses produits soient moins chers que ceux des concurrents étrangers grâce à de
multiples techniques comme les subventions, les droits de douane, les
réglementations pénalisantes, etc.).
Même si, au temps de sa splendeur et d’une mondialisation
triomphante, l’OMC (Organisation mondiale du commerce) a réussi à libéraliser
l’économie de la planète, ce fut petitement et pas toujours intelligemment.
Bien entendu, il y a des secteurs qui sont stratégiques et
où un certain protectionnisme et/ou des réglementations strictes risquent
d’être toujours nécessaire (agriculture, défense nationale, santé, etc.).
Quoi qu’il en soit, les guerres commerciales que nous
risquons de (re)vivre ont deux causes.
D’abord ce nationalisme étriqué porté par les populistes
démagogues et les extrémistes qui voient dans le commerce et l’échange des
ennemis à combattre, croyant, à tort, que l’on peut s’en sortir seul (c’est
vrai, l’Allemagne nazie l’a fait mais c’est parce qu’elle réarmait et ne pouvait
continuer sa croissance que par la guerre et la Chine le fait mais en bafouant
constamment les règles du commerce international et son type de développement
ne peut que conduire à des conflits dans les années à venir).
Mais aussi, et il faut le dire alors même que l’on défend
cette indispensable mondialisation (et son bras économique, la globalisation)
parce que nombre d’acteurs internationaux ont refusé de jouer le jeu d’une
saine et juste concurrence ces quarante dernières années (même si, auparavant,
les mêmes comportements existaient déjà).
Ce fut d’abord le cas des grandes entreprises occidentales
et japonaises (dont les multinationales mais pas seulement elles) qui, pour
s’ouvrir de nouveaux marchés, faire baisser les coûts de production et proposer
des prix plus bas (que demandaient sans cesse les consommateurs des pays
riches), ont décidé de délocaliser leurs productions et ont demandé que les
barrières douanières soient abolies en leur faveur.
Retour du bâton, elles ont permis à des pays de sortir de
leur sous-développement et à leurs entreprises de les concurrencer et de gagner
des marchés qui étaient jusque-là leur chasse gardée.
Car si l’Inde, le Vietnam, l’Indonésie, Taïwan et bien
d’autres sont devenus des pays émergents, c’est grâce à l’avidité de ces
grandes entreprises.
Et bien sûr, c’est le cas principalement de la Chine.
«Nous» avons donc fait la puissance actuelle de la Chine
(qui serait peut-être redevenue une grande puissance mais beaucoup plus tard)
et «nous» ne devons que nous en prendre à nous-mêmes.
Cependant, si, comme toute puissance émergente (ce fut le
cas des Etats-Unis dans la deuxième moitié du XIX° siècle et au début du XX°
siècle), la Chine s’est affranchie des règles du commerce mondial de toutes les
façons possibles, il n’est évidemment plus possible depuis longtemps de tolérer
ses agissements.
Or, nous avons vu qu’aucun pays, aucun groupe de pays (comme
l’Union européenne), n’ont osé s’en prendre à la Chine de front.
Il y a bien sûr les déclarations incendiaires, les menaces,
les réunions «au plus haut niveau» mais tout cela accouche de rien du tout car
la Chine est devenue trop puissante et possède ce qu’il faut pour «punir» ceux
qui voudraient la sanctionner pour ses pratiques inacceptables.
Rappelons-nous que le centriste Obama avait voulu
rééquilibrer le commerce mondial et obliger la Chine à respecter les règles des
échanges internationaux, sans grand succès.
Et voilà que Donald Trump fait ce que tous les dirigeants
occidentaux rêvaient de faire depuis des années, punir la Chine avec des
mesures contre ses pratiques commerciales.
Un comble!
Bien sûr, rien ne garantit le succès du président américain,
certains prédisant même une forte récession américaine s’il persiste dans sa
volonté de sanctionner les Chinois (encore qu’une récession pourrait malgré
tout survenir sans cette guerre économique).
Surtout, ce que l’on peut reprocher au populiste démagogue
étasunien, c’est d’avoir menacé tout le monde et d’avoir pris des mesures
protectionnistes vis-à-vis de tous, dont ses partenaires européens, au risque
de créer des tensions partout sans aucune capacité à les gérer.
Il aurait été beaucoup plus efficace que l’ensemble des pays
occidentaux ainsi que d’autres puissances comme l’Inde, le Japon et même la
Russie (qui est une des principales victimes des pratiques commerciales
chinoises) s’unissent dans un front commun pour poser des règles d’un commerce
mondiale plus équilibré et que celles-ci soient imposées à une Chine,
c’est-à-dire, en réalité, au Parti communiste chinois, qui se croit intouchable
mais qui a surtout peur que si la croissance fout le camp, le pacte social
qu’elle a imposé à son peuple (dictature contre développement économique)
implose, produisant une grogne, voire une révolte, qui détruise son pouvoir
sans partage.
Ceux qui critiquent aujourd’hui les agissements de Trump en
matière de protectionnisme ont raison quand ils parlent d’un nationalisme
économique d’un autre âge lorsque des mesures iniques sont imposées à des
partenaires qui jouent le jeu (que même les Etats-Unis ne jouent pas!).
En revanche, ils ont tort de faire un amalgame de tout car,
tout autant que le pouvoir de Trump aux Etats-Unis, est une menace pour la
démocratie républicaine, les agissements des Chinois en matière de commerce
international sont inacceptables.