Où vont Lagarde et l'UDI? |
A force de retourner sa veste, elle claque de tous côtés,
comme le dirait Jacques Dutronc dans sa fameuse chanson «L’opportuniste».
Car c’est bien de cela qu’il s’agit quand on parle de la
«nouvelle» UDI de Jean-Christophe Lagarde, celle que son président a présentée
lors du dernier congrès du parti au début de l’année et qu’il s’évertue à faire
exister depuis de manière plus ou moins chaotique.
Celle qui, rappelons-le à ceux (beaucoup) qui ont manqué le
moment historique où elle est devenue «le parti du Centre et de la Droite de
progrès».
Peu regardante sur les valeurs et les principes, sa devise
est qu’il faut ratisser large pour manger à tous les rateliers, on ne sait
jamais ce qui peut se passer.
Au diable la cohérence, c’est un coup à droite (surtout) et
un coup au centre, voire un coup plus à gauche pour se donner une (bonne)
conscience «morale».
Le problème est que le parti et son président s’emmêle
(souvent) les pédales.
En prétendant être «à 60% d’accord» avec la politique
d’Emmanuel Macron, il n’y a pas une réforme où les critiques n’ont été fort
nombreuses alors même que le parti milite pour la plupart d’entre elles depuis
des années.
Sans parler des contradictions dans l’affaire Benalla où
l’UDI fustige l’instrumentalisation de la commission d’enquête de l’Assemblée
nationale par les La France insoumise, le Rassemblement national et Les
républicains en expliquant le plus sérieusement du monde qu’elle s’en remettra
à celle du Sénat dirigée par… LR, afin de faire toute la lumière sur cette
histoire!
En outre, elle décide de punir le Gouvernement en déclarant
qu’elle ne votera pas la réforme constitutionnelle alors que c’est le
comportement de l’opposition (et de la présidente LREM de cette même commission)
qu’elle prétend critiquer…
Pourtant, elle décide, juste après, de ne pas voter les
motions de censure déposées par la Gauche et par la Droite…
Et, cerise sur le gâteau, elle vient de choisir pour être
vice-président de l’Assemblée nationale, un des membres qui est le plus
caractéristique de l’opportunisme politicien, Maurice Leroy, qui remplace, Yves
Jégo qui n’avait rien à lui envier dans ce domaine!
Des hommes qui, ces dernières années, ont changé
continuellement de ligne politique, ont soutenu tout et n’importe qui pour
avoir des postes, se sont sans cesse reniés tout en instrumentalisant le Centre
à leur unique profit permettant à tous les adversaires de ce dernier de
continuer à le caricaturer grâce à leurs comportements.
Tout cela rappelle de bien mauvais souvenirs où le Centre
était constamment assimilé à un troupeau d’opportunistes en quête d’existence
médiatique et de strapontins ministériels (Leroy et Jégo, encore eux, ont
réussi à être ministres grâce à leurs finasseries).
Peut-être qu’une des raisons de cet opportunisme est qu’il
est le seul moyen pour l’UDI d’exister encore aujourd’hui.
Lâchée par une partie de ses membres qui ont rejoint
Emmanuel Macron (dont l’Alliance centriste) ou qui sont partis vivre leur vie
seuls (Les centristes d’Hervé Morin, le Parti radical de Laurent Hénart), elle
continue à exister alors que de profondes divergences existent entre ses
membres dont certains sont sur le départ (comme les députés Courson et Vigier
qui sont des proches de Morin).
Dès lors, le coup à droite et le coup au centre auraient
pour but de contenter tout le monde sans pour autant offrir un quelconque
projet politique structuré ou une ébauche de stratégie politique lisible autre
que de celui et celle de ne pas disparaître, ce qui est un peu mince.
Reste à savoir combien de temps cet opportunisme permettre à
l’UDI de ne pas sombrer définitivement.
Quoi qu’il en soit, tout cela fait de l’UDI l’héritière d’un
«vieux» centre que l’on espérait à jamais disparu et non l’avant-garde d’un
modernisme centriste.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC