Au-delà
des annonces circonstancielles, la teneur idéologique du discours d’Emmanuel
Macron à Versailles devant les parlementaires le 9 juillet renvoie directement
à sa philosophie politique.
Ses
propos confirment une fois de plus que le macronisme est bien un cousin germain
de ce Centrisme du XXI° siècle, libéral social, humaniste, du juste équilibre
et du respect avec ses «en même temps», «ni, ni» (ni de gauche, ni de droite)
couplé avec le «et, et» (et de gauche, et de droite») pour rappeler ses
expressions les plus caractéristiques.
Un
macronisme qu’il n’a cessé de développer lors de sa campagne présidentielle,
dans son ouvrage, «Révolution» et dans sa pratique du pouvoir depuis un an.
Au-delà
également des réussites et des échecs de cette pratique, les propos du
Président de la république font directement référence à cette autre idée
essentiellement centriste, le pragmatisme qui insiste pour que soit mis en
œuvre la politique qui marche le mieux pour concilier liberté et égalité,
liberté et fraternité mais aussi égalité et fraternité.
Ainsi,
il est particulièrement bien exprimé lorsqu’Emmanuel Macron affirme:
«Je n'aime ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges.
Mais la prospérité d'une nation est le socle de tout projet de justice et
d'équité. Si on veut partager le gâteau, la première condition est d'avoir un
gâteau. Ce sont les producteurs qui le font. Il est mensonger de défendre les
salariés si l'on ne défend pas les entreprises. L'argent qui s'investit, qui
circule, n'est pas celui que l'on thésaurise jalousement.»
Oui,
il n’est point besoin d’être un défenseur, ni même un admirateur de la richesse
et des riches pour constater que pour produire de la croissance et permettre la
redistribution sociale (soit directement sous forme d’un emploi correctement
payé, soit indirectement sous forme d’aides aux plus démunis), il faut d’abord
créer de la richesse, donc d’inciter ceux qui sont capables d’y parvenir.
Car,
s’il y a les valeurs et les principes humanistes et la défense de la démocratie
républicaine qui ne peuvent être l’objet d’un compromis ou d’abandons, c’est
bien ce qui marche et non ce que l’on voudrait voir marcher mais qui ne marche
pas qui doit être la ligne directrice, en particulier en matière économique.
C’est pour cela que, selon lui, «La force de notre économie
est le socle même de notre projet de société» et que:
«Notre action est un bloc, une cohérence. Il n'y a pas d'un
côté une action économique et de l'autre côté une action sociale. C'est le même
trait: être plus fort pour être plus juste.»
De
même, Emmanuel Macron a rappelé une évidence en ce qui concerne le réformisme, cette
adaptation nécessaire et constante de la société au réel, c’est que ces
transformations ne donnent évidemment pas des résultats immédiats pour la
grande majorité d’entre elles:
«Je suis conscient du décalage entre l'ampleur des réformes
engagées et le ressenti. Il faut du temps pour que les réformes portent leurs
fruits. C'est un effort jamais achevé, pour un président de la République, que
de reformuler sans cesse».
Quant à la question si présente dans les attaques de ses
opposants, qu’il serait le président des inégalités, il a réaffirmé le crédo
centriste qu’il a fait sien, celui de la méritocratie, la vraie:
«Il y a une voie française de l'inégalité. Des inégalités de
destin: selon l'endroit où vous êtes né, votre famille, vos fréquentations,
votre destin peut être scellé. C'est cela qui m'obsède. Le modèle français doit
s'attaquer aux inégalités de destin. Sans que cela se voit, s'avoue, le modèle
que je défends doit distinguer, l'effort, le talent, le mérite.»
En outre, sa définition de la laïcité comme un «respect
réciproque» est essentiel lorsque l’on a posé le diagnostic, tel le Centrisme,
qu’une démocratie républicaine ne peut fonctionner que sur la base du respect
de l’autre.
Tout
cela pour construire la France du XXI° siècle en partant du «réel».
Pour y parvenir, les «boussoles» sont «le progrès, la
dignité de l’individu, la force juste de la république».
Elles permettront, entre autres, de «construire l'Etat
providence du XXI° siècle. Un Etat providence universel, efficace et
responsabilisant.»
C’est en rapport à cette philosophie politique que l’on
devra juger de l’action de ce quinquennat, de sa réussite ou de son échec.