Emmanuel Macron & Barack Obama |
Barack Obama n’a pas été l’icône adulée par les Américains
pendant les huit années de sa présidence que certains présentent parfois en
France et dans le monde.
Sa popularité et sa couverture médiatique de 2009 à 2016
emprunte plus des montagnes russes que du long fleuve tranquille!
Et après une «Obamania» totalement délirante lors de la
campagne présidentielle de 2007-2008 puis pendant les six premiers mois de sa
présidence, est venu un «Obama bashing» tout aussi délirant.
De ce point de vue, la présidence d’Emmanuel Macron
ressemble à celle du président américain, même si le président français a
suscité une moindre adulation notamment dans les médias.
Si l’on peut faire ce rapprochement qui ne vaut évidemment
pas totale similitude, c’est aussi parce que les thèmes et les programmes des
deux hommes ainsi que leurs positionnements politiques ont beaucoup de choses
en commun.
De même que les reproches qui leur ont été fait par la «machine»
politico-médiatique et une partie de la population.
Voilà donc deux hommes qui se présentent à une élection
présidentielle avec pour thèmes la réforme et le changement qu’ils prennent
soin d’incarner directement en utilisant, en particulier, leur parcours
brillant (académique et professionnel) et leur jeunesse ainsi que le fait de ne
pas faire partie du marécage politicien.
Une stratégie qui marche à 100% puisqu’ils sont élus même
si, et Obama, et Macron, ne bénéficient pas d’un raz-de-marée, loin de là.
En revanche, ils bénéficient chacun de circonstances très
favorables (le rejet populaire des présidents en place, Bush et Hollande,
l’incurie de leurs adversaires, McCain d’un côté, Fillon, Mélenchon et Le Pen
de l’autre et une situation économique et sociale difficile qui leur permet de
se présenter en recours).
Leurs élections respectives sont une divine surprise mais
aussi pour tous ceux qui ne sont pas vraiment des fans, une sorte de sidération
avec une nouvelle donne dans laquelle on ne sait plus très bien se situer.
Pour autant, et cela vaut à la fois pour Obama et pour
Macron, la fameuse «machine» politico-médiatique va vite se remettre en route
et va monter en puissance afin de faire une critique systématique de tout et
n’importe quoi, c’est-à-dire de monter en épingle tout acte, tout fait, toute
décision, tout comportement, comme s’il fallait au plus vite désacraliser les
deux hommes.
Ce genre de bombardement ininterrompu marche toujours auprès
d’une partie de la population, même parmi ceux qui ont voté pour les personnes
en question, parce que le pouvoir et ceux qui l’exercent sont une cible
appréciée pour ses tendances populistes, sa vision démagogique et sa jalousie
de ceux «d’en haut», un exutoire au quotidien et aux difficultés qu’il suscite.
Dès lors, l’emballement n’est plus maîtrisable ou, en tout
cas, très difficilement par ceux qui en sont victimes.
Barack Obama, bien que réélu en 2012 et bénéficiant au
moment de son départ de la Maison blanche d’une popularité élevée, n’a pas
réussi puisqu’après deux ans où il a pu faire passer ses réformes (notamment
celle de l’assurance-santé), il a perdu la majorité à la Chambre des
représentants puis au Sénat et les démocrates ont été souvent laminés lors des
élections locales.
De même, les médias ont été particulièrement durs envers
lui, sans parler de la haine qui a pu se déverser sur les ondes et les pages de
nombre d’entre eux ainsi que sur les réseaux sociaux.
Il n’a jamais réussi à regagner, ne serait-ce même que leur
neutralité, et il est certain que l’élection de Donald Trump est aussi une
conséquence du comportement des journalistes à son égard (certains ont fait de
ce point de vue leur autocritique).
Bien évidemment, Emmanuel Macron n’est pas encore dans cette
spirale.
Mais une chose est sûre, en s’imposant sur la scène
politico-médiatique où les acteurs bien en place ont ressenti cet avènement
comme une sorte d’effraction, ils ont suscité haines et rancœurs tenaces.
Plus, leur positionnement au centre de l’échiquier politique
leur ont valu et leur valent les critiques à la fois de la Droite et de la
Gauche (et de leurs médias affiliés).
Face à cela, ils n’avaient pas et n’ont pas à leur
disposition un parti structuré de longue date dédié à leur positionnement
politique (Obama n’a pu transformer le Parti démocrate comme il le souhaitait)
et pas de médias, ce qui a rendu et rend leurs tâches particulièrement difficile
dans la durée.
Ainsi, il ne suffit pas de réaliser un «coup» politique
(leurs élections respectives), il faut pouvoir occuper le terrain partout et
tout le temps alors même que l’on est des «outsiders».
Une sorte de quadrature du cercle…
Pour Barack Obama, le combat est terminé, pour Emmanuel
Macron il est en cours et le cours des choses qui commence à se dessiner (même
s’il est difficile de tirer une conclusion définitive de ce qui se passe
actuellement pour le futur) peut encore être inversé.
Cependant, s’il ne parvient pas à inverser cette tendance, il
risque, lui aussi, d’avoir une deuxième partie de sa présidence difficile et
d’être dans une situation délicate pour un possible deuxième mandat (comme ce
fut le cas d’Obama).
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC