Hervé Morin |
Hervé
Morin tente d’exister par tous les moyens.
Président
de la région Normandie, il tente d’être un opposant au pouvoir en place par le
biais des territoires et de revenir, dans le jeu politique national, tout en
affirmant qu’il se veut constructif, ce qu’il n’est pas.
De
même, il poursuit méthodiquement l’affaiblissement de son ancien parti, l’UDI,
en tenant de créer avec ses amis de Les centristes, dont Vigier et de Courson,
un nouveau groupe politique hybride à l’Assemblée nationale pour vider de ses
membres celui de l’UDI et d’Agir.
Se
positionnant au gré du bruit médiatique du moment, il renoue avec tout ce que l’espace
central a de plus négatif et repoussant, l’opportunisme grotesque de la
girouette.
Sa
dernière interview donnée au Figaro est un modèle du genre.
Ainsi,
il accuse Emmanuel Macron de n’avoir jamais été centriste (rappelons que Morin
ne l’a jamais été réellement et qu’il ne le revendique même plus!), de n’avoir
été élu que grâce au soutien de Bayrou, d’être un homme de droite alors que
lui-même affirme qu’il discute avec des
personnalités de LR ou qui en sont partis pour créer un mouvement d’opposition
de… droite à Macron.
Au-delà
des nombreuses contre-vérités et mensonges, indignes d’un responsable
politique, que contiennent ses propos, ce sont surtout les contradictions et l’ineptie
qui dominent.
Malheureusement,
Hervé Morin n’en est pas à son premier dérapage que ce soit sur Macron ou d’autres
personnalités politiques.
Voici
de cette interview surréaliste:
- Quel est l'impact de l'élection d'Emmanuel Macron sur les
centres et le centrisme?
Curieusement, le président élu en 2017 a été qualifié, à
tort, de centriste parce qu'il s'est dit central au moment où le centre n'avait
jamais été aussi faible dans la vie politique française. Pour ce qu'il en
restait, le centre était déjà éclaté, façon puzzle, entre ceux qui étaient
restés dans une alliance avec la droite d'une part et le MoDem, qui avait
décidé de s'associer au Parti socialiste en 2012, d'autre part. Plus largement,
cette élection n'a pas bouleversé les partis. Ils étaient déjà très abîmés.
Si Macron est central par son discours, le situant en même
temps à droite et à gauche, il est, en vérité, beaucoup plus à droite. Les
Marcheurs ne sont pas centristes dans l'exercice du pouvoir. Quand Macron
construit une politique de l'offre en matière économique, il est centriste.
Mais il ne l'est pas quand il ne réduit pas la dépense publique, alors que les
grandes figures du centrisme, comme Raymond Barre, étaient exigeantes dans ce
domaine. Le président n'est pas davantage centriste par son jacobinisme, son
bonapartisme et une culture de l'ego qui n'ont jamais atteint un tel niveau au
sommet de l'État. Tous les politiques s'aiment mais lui, il s'adore.
- Quels aspects de sa politique vous semblent incompatibles
avec les valeurs centristes?
La concentration du pouvoir. Il croit incarner un monde
nouveau mais par son exercice du pouvoir, il démontre une pratique du monde
ancien. Ce qu'il fait est totalement contraire au discours qu'il tenait, avant
son élection, sur l'autonomie et la responsabilité, sur la capacité des
communautés à être facteurs d'innovations, de progrès et de transformations de
la société. Le monde démocratique sait que dans les sociétés complexes, il faut
libérer les initiatives et mettre en œuvre profondément le principe de
subsidiarité. Emmanuel Macron s'inscrit au contraire dans un mécanisme
d'effacement des corps intermédiaires. Il gouverne avec un parlement croupion
et oublie que les libertés locales sont des ressources de progrès.
- Si Emmanuel Macron est loin du centrisme, pourquoi
François Bayrou le soutient-il encore?
Le président du MoDem a été capital dans son élection. Tout
le monde a oublié qu'Emmanuel Macron connaissait un abaissement dans les
sondages durant sa campagne. Le soutien de Bayrou lui a permis de rebondir et
de retrouver une dynamique. Bayrou apprécie sans doute la libération de
l'économie et le positionnement européen du président, même si les deux très
beaux discours d'Athènes et de la Sorbonne sont un échec puisqu'ils ont essuyé
une fin de non-recevoir de la part de nos principaux partenaires, Allemagne en
tête. Le président du MoDem doit être malheureux face au piétinement de la
démocratie locale, à la fascination du chef de l'État pour l'argent et pour
l'Américain pseudo-fascisant Donald Trump. Aussi, il ne doit pas être très à
l'aise en constatant le déséquilibre actuel entre la politique économique menée
et le champ social.
- L'idée d'un axe central macroniste se dessine pour les
européennes. Qu'en pensez-vous?
Contrairement à ce que l'on pense, je crois qu'il y a un espace
pour l'expression politique d'une droite modérée, affirmant son ambition
européenne sans angélisme, plaçant l'identité européenne au cœur des débats
sans excès et affirmant l'équilibre entre humanisme et économie. Avec diverses
personnalités telles que Valérie Pécresse, Jean-Pierre Raffarin, Xavier
Bertrand, Dominique Bussereau et d'autres, je crois possible de former une
équipe. Ce collectif permettrait aux électeurs d'exprimer une part de leur
mécontentement tout en adhérant à un projet modéré. Nous en parlons.