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Le réformisme de l'axe central |
Si, comme le dit Emmanuel Macron, il
n’y a pas de convergence des luttes sociales contre la politique du gouvernement,
en tout cas, il y a bien une convergence des intérêts clientélistes et
corporatistes des conservatismes contre la réforme et la vision progressiste
portée par la politique centriste de celui-ci.
Cette convergence est d’ailleurs
d’abord politique avant d’être sociale, considérant, par exemple, que la grève
à la SNCF est avant tout portée par l’extrême-gauche à la tête des syndicats
CGT et Sud et a comme finalité explicite de faire tomber Macron.
Et les «fêtes à Macron» organisées par
la gauche radicale et populiste, à la fois, sont un relais de ces mouvements de
blocage du pays et ont le même objectif affiché, le départ du Président de la
république.
La bataille qui a commencé dès le
premier jour de l’élection d’Emmanuel Macron, dans une négation même des résultats
du suffrage universel (rappelons les propos de Mélenchon les contestant avec
virulence et refusant de reconnaître la légitimité démocratique du nouveau
Président de la république).
Mais elle a pris, dans certaines
sphères, dans certaines organisations, un côté systématique qui n’est
d’ailleurs pas une surprise.
On pouvait en effet la prévoir dès la campagne
présidentielle et le programme d’Emmanuel Macron car la réforme suscite
toujours des réactions virulentes de tout ce qui est arcbouté sur des
privilèges, des avantages et des pré-carrés le plus souvent illégitimes et
injustifiables.
S’y agrègent tous ceux qui sont contre
par principe et ceux qui refusent de voir l’évolution de la société, la
transformation du monde qui nécessitent l’action réformiste.
C’est d’ailleurs bien là que l’on peut
voir la réalité d’un bouleversement du paysage politique partisan où, face à un
axe central progressiste et réformiste, s’est construit un front du refus qui
partagent, au-delà de postures idéologiques de façade, des intérêts identiques
dans la seule finalité d’empêcher les mesures nécessaires et indispensables de
mise à niveau du pays, non pas pour faire plaisir à tel ou tel, mais pour le
bien de toute sa population.
De ce point de vue, les votes au
Parlement sont emblématiques de cette opposition entre progressisme et
conservatisme.
Très souvent, les voix contre la
réforme (n’importe laquelle) viennent d’un patchwork assez improbables voici
peu, constitué par les extrêmes et les radicaux de droite et de gauche, alliés
sans doute de circonstance mais pas tant que cela puisque partageant cette
volonté de ne rien faire bouger ou, plutôt, de faire bouger les choses uniquement
dans une vision clientéliste afin de contenter leur électorat considéré comme
une clientèle, à l’instar de n’importe quelle entreprise commerciale.
C’était donc prévisible et c’est aussi
pourquoi il est important que le Président de la république et le Gouvernement
ne recule pas, ne cède pas car nous sommes dans un moment crucial où si des
réformes ne sont pas mises en route et implémentées, alors elles ne le seront
jamais.
C’est bien cela qui se joue
actuellement.
Et si l’on voulait se rendre compte de
la véracité de cette analyse dans la convergence de la réaction, il suffirait
de prendre ce qui se passe en Italie, pas dans un pays «exotique» qui n’a rien
de similaire avec la France mais bien son voisin avec qui nous partageons tant
de choses, où un mouvement populiste antisystème portant des mesures sociales
très à gauche peut s’allier avec un parti ouvertement d’extrême-droite.
Ici, c’est bien la démocratie
républicaine libérale qui est la cible comme elle l’est, à la fois, à la France
insoumise et au Front national.
De ce point de vue, lorsque Florian
Philippot, ancien du FN et fondateur de Les patriotes, affirme qu’il y a de
nombreux points commues entre sa mouvance politique et celle de Jean-Luc
Mélenchon, il n’a pas tort, loin de là.
Or donc nous vivons un moment important
où, dans un pays en doute et un monde de plus en plus dangereux depuis la fin
de la guerre froide, les forces de la réaction et du conservatisme tentent,
dans un effort irresponsable et dans des fantasmagories destructrices,
d’empêcher le progrès.
Aujourd’hui, personne ne peut dire qui
va l’emporter.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC